Décharge : les habitants de Pompéi s'enflamment

Le 06/10/2010 à 12:17  
Décharge :  les habitants de Pompéi s'enflamment
Le Vésuve s'enflamme aussi La gestion des déchets en Italie, et ce particulièrement dans la région du sud-est, n'est pas une affaire aisée. On a tous entendu parler de la mafia napolitaine et de son hold-up sur la gestion des déchèteries de la ville de Naples. Durant l'été 2007, alors que des milliers de tonnes de déchets s'amoncelaient dans les rues de la ville, Silvio Berlusconi promettait le retour au calme et une régularisation de la situation. Des récents évènements nous prouvent  tout à fait le contraire. En effet, dimanche 3 octobre, des centaines de femmes de la région ont défilé cette fois-ci contre l'ouverture d'une seconde décharge d'ordures dans le parc national du Vésuve.

 La gestion des déchets est vraiment une question problématique dans le sud de l'Italie. Régulièrement des problèmes de débordements, de mécontentements ou encore de trafic d'ordures font la une des journaux. Dimanche 3 octobre, des centaines de femmes ont décidé de protester contre l'implantation d'une seconde décharge d'ordures dans le parc national du Vésuve. Ce projet présenterait des risques importants pour la santé des habitants et pour la préservation écologique du site.
 
 Ces femmes ont défilé en procession au sanctuaire marial de Pompéi, avec en tête de cortège le maire de Boscoreale, une commune voisine de Pompéi. Des prières et des cantiques ont été récités, et elles ont occupé pacifiquement la zone du sanctuaire réservée aux autorités locales, lors de la cérémonie de la supplication à la vierge du Rosaire. Elles étaient nombreuses à porter un T-shirt noir arborant l'inscription "Non aux décharges dans le parc national du Vésuve". Car elles s'opposent fermement à l'ouverture d'une seconde décharge sur le territoire de la commune de Terzigno, voisine de Pompéi et Boscoréale, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Naples.
 
 Le site existant est déjà vivement critiqué; les habitants se plaignent de la gestion du site, jugée anarchique. De plus, des risques sanitaires existent et des mauvaises odeurs émanent régulièrement de ce dernier. Rapportés par l'AFP, une manifestante se plaint en ces termes  "Il y a une école primaire à moins de 300 mètres de la décharge!". Le maire de Pompéi, Claudio d'Alessio, s'indigne aussi des effets engendrés par la construction d'une nouvelle décharge, qui causerait "un dommage incalculable" au site archéologique, visité chaque année par 6 millions de touristes. Il ajoute "Il est terrible que des personnes âgées et des enfants soient obligés de respirer cette puanteur insupportable". La zone de Pompéi étant déjà polluée par le site existant, les habitants refusent l'implantation d'une deuxième décharge. En effet, ils ne sont pas du tout assurés que celle-ci soit mieux gérée que la première, ni qu'elle n'engendrera moins de pollution pour l'environnement.

 Après les évènements qui avaient fait la une des journaux sur l'amoncellement des déchets dans la région de Naples durant l'été 2007, la Commission européenne avait introduit la même année un recours en justice contre l'Italie. Début mars 2010, la Cour de justice européenne avait à nouveau épinglé Rome car un réseau adéquat d'élimination des déchets n'avait toujours pas été mis en place. Tout cela a des retombées sanitaires et écologiques importantes dans la région. Par ailleurs, le 24 septembre dernier, des centaines d'ordures avaient de nouveau envahi les rues de Naples, lors d'un conflit social. Si la mafia napolitaine, la Camorra, est souvent pointée du doigt pour avoir infiltré le réseau lucratif de la gestion des déchets, c'est aussi que les pouvoirs publics ont complètement abandonné le terrain. La gestion problématique des déchets dans le sud de l'Italie risque fort de perdurer.

 Pour plus d'informations sur la gestion des déchets en Italie lire nos articles: "Déchets: l'Italie encore mise à l'amende par l'UE", et "UE: les décharges italiennes se font allumer...".