« Déchets à ménager »
Un documentaire dérangeant de 52 minutes sur l'incinération et ses alternatives, réalisé par Cécile Couraud et produit par le CNIID a été projeté dans le cadre de la journée mondiale d’opposition qui s'est déroulée le 6 septembre dernier...
Et pourtant, les constructeurs, gestionnaires, collecteurs, exploitants et représentants des pouvoirs publics contactés par Cécile Couraud, la réalisatrice, ont refusé de répondre à ses questions, à ses demandes de tournage et même de visites sans caméra. Pas une image d'un centre de tri, d'un incinérateur dans ce documentaire de 52 mn, produit par le CNIID, les coulisses de cette industrie restent décidément bien secrètes. La réalisatrice se souvient d'un technicien de la CNIM, société de construction d'incinérateurs, qui en préalable d'une conversation hors caméra a exigé que les sacs soient écartés, et, les téléphones portables éteints. Pas facile de traiter les déchets même en images et sons, ça sent l'omerta. Et même si l'Ademe a fourni gracieusement une bande promotionnelle sur la campagne nationale de réduction des déchets qui a débuté en 2005, elle a tenu toutefois à faire préciser au générique la mention qu'elle ne soutient pas ce film dans sa position sur l'incinération.
Pourtant fidèle à son objectif, le documentaire de Cécile Couraud reste pédagogique sur les différentes alternatives à l'incinération mais aussi terriblement humain notamment par la parole d'habitants de Gilly-sur-Isère qui, après l'arrêt de l'incinérateur en 2001 pour cause de pollution à la dioxine, doivent se battrent de nouveau face à un ultime projet.
« Si j'avais voulu faire un documentaire percutant, j'aurais retenu une interview d'un élu sur le scandale financier d'un incinérateur qui ne fonctionne plus, mais bénéficie de subventions détournées au profit d'autres projets avec preuves à l'appui. Mais je pense que tant que l'on abordera ce sujet sur un plan scandaleux, émotionnel ou dramatique, on ne fera pas avancer la réflexion. Remettre en cause l'incinération, c'est aussi faire évoluer notre système de consommation actuel qui nous sature et nous dépasse. Ceux qui ont des intérêts dans cette industrie m'ont bien prévenue, votre film est trop militant, il ne passera pas à la télévision. Trop citoyen, il constate et propose d'autres solutions sans attendre des décennies d'empoisonnement comme avec l'amiante, le plomb, le mercure, un nombre de décès qui fixerait la limite sanitaire et nous donnerait enfin accès à une information indépendante sur ce sujet. J'ai préféré montrer des alternatives concrètes à l'incinération pour que nous puissions nous organiser autrement. Plutôt que de ce dire « on est tous foutu » face à des images catastrophes, j'espère que ce film donnera envie aux gens de réagir ensemble, suscitera un espoir du possible qui est en chacun de nous».
Pour se procurer le film, il suffit de contacter le CNIID qui dispose de cassettes DVCAM et DVD vendus au prix de 100 euros pour toute organisation et/ou structure proposant des projections publiques et 20 euros pour les particuliers.