Déchets abandonnés : quel coût pour les collectivités ?
Nombreux sont les emballages de boissons et de restauration à emporter, les journaux gratuits et prospectus, les mégots de cigarettes et autres détritus qui atterrissent par terre au lieu de finir à la poubelle. Ce phénomène, appelé "littering", augmente fortement les frais de nettoyage des villes et des communes tout en dérangeant la population. Les coûts engendrés par l'abandon de détritus dans l'espace public n'avaient jusqu'ici donné lieu qu'à des estimations. Pour la première fois, l'Office Fédéral de l'Environnement suisse (OFEV) a fait réaliser une étude pour déterminer combien coûte effectivement le littering et quels sont ces déchets qui jonchent le sol...
Selon l'étude de l'OFEV "Le littering a un coût : coût du nettoyage par fractions de déchets en Suisse", le littering coûte chaque année en Suisse quelque 200 millions de francs en tout (158,5 millions d'euros), soit 150 millions de francs (118,9 M€) pour les détritus jetés sur la voie publique et 50 millions de francs (39,6 M€) pour les détritus abandonnés dans les transports publics. Rappelons que les frais engendrés par l'élimination de ces déchets sont supportés par les pouvoirs publics, c'est-à-dire par les contribuables et les usagers des transports publics.
Après analyse des résultats, ce sont surtout les déchets de repas (restauration rapide et à l'emporter) et de boissons (canettes en aluminium, bouteilles en PET et en verre), les journaux gratuits, les prospectus et les mégots de cigarettes qui jonchent les rues, les parkings et les rives des lacs et des rivières au lieu de finir à la poubelle. Par ailleurs, l'étude démontre que l'on peut circonscrire assez clairement les zones particulièrement exposées au littering, comme par exemple les abords des gares, les lieux de fêtes et les zones de pique-nique.
L'élimination des détritus abandonnés sur la voie publique et dans les transports publics incombe aux communes et aux entreprises de transport public concernées. Or, l'application du principe du pollueur-payeur pose des difficultés en particulier aux grandes villes, qui sont les plus fortement touchées par le littering. Aujourd'hui, le coût du nettoyage des lieux particulièrement salis par les détritus est couvert en général par les impôts communaux. Dans les grandes villes, ce coût peut se monter à plusieurs millions de francs par an. Autrement dit, la population non seulement subit les détritus qui jonchent certains lieux publics mais elle doit de surcroît supporter le coût de leur élimination tandis que les personnes qui sont effectivement responsables du littering ne sont généralement pas mises à contribution.
Cette étude sur les coûts du littering servira de base aux discussions et négociations entre les autorités communales et les branches qui produisent les détritus abandonnés dans l'espace public. Une fois par an, l'OFEV invite en effet les acteurs concernés par ce sujet à une table ronde afin d'envisager des mesures. Y participent des représentants des éditeurs de journaux, du commerce de détail, du secteur du recyclage, des fabricants de cigarettes ainsi que des autorités communales, cantonales et nationales. Le but est de mettre au point des solutions aussi économiques que possible pour l'ensemble des acteurs. Parallèlement, plusieurs communes et villes s'efforcent de faire prendre conscience du problème en organisant des campagnes de sensibilisation. Ces différentes mesures sont coordonnées dans le cadre de la table ronde. Une initiative dont la France ferait bien de s'inspirer !...