Déchets alimentaires : Martigues met les pieds dans le plat
Avec l’équivalent de 1,3 milliard de tonnes d’aliments jetés chaque année (source FAO), il y a de quoi s’interroger et surtout prendre conscience que chacun peut faire autrement en changeant quelque peu ses (mauvaises) habitudes…
Parce que l’Europe n’échappe évidemment pas à ce triste constat : en 2010 en effet, la Commission Européenne ayant procédé à une enquête sur les quantités de nourriture gaspillées dans l'Europe des 27, établi un bilan sans appel : la quantité totale des déchets alimentaires en Europe représenterait environ 89 millions de tonnes, soit 179 kg/hab./an. Purée!!!… C’est tout simplement ren ver sant…
Lorsqu’on affine les investigations pour se concentrer sur notre pays, la moutarde monterait presque au nez, là encore : on ne fait pas exception au principe, hélas…
Dans les ordures ménagères et assimilées, on trouve l’équivalent de 77 kg/habitant/an de déchets alimentaires dont 20 kg liés au gaspillage alimentaire dont 7 kg de produits alimentaires encore emballés.
Au niveau de la restauration collective, en moyenne nationale, le gaspillage alimentaire représente 167 g/repas/personne.
Des études en cours, concernant les gros producteurs de biodéchets, co-financées par l’Ademe vont permettre d’affiner ces données par secteurs.
Tout mis bout à bout, les déchets alimentaires représentent 2,4 millions de tonnes/an en France : la majorité d'entre eux se retrouve en mélange avec les ordures ménagères ou les déchets d'activité économique (DAE) et constituent un gâchis de matières premières, mais également d’énergie (puisqu'il en faut, pour produire et distribuerces denrées, mais aussi pourt éliminer ce qui est jeté). A partir de ces constats, il devient évident qu'il est impératif de réorganiser la donne...
Dans ce contexte, l’initiative menée par la ville de Martigues, qui produit actuellement, 5 000 repas/jour par la cuisine centrale (écoles primaires, maternelles, personnes âgées), 280 repas/jour par le restaurant municipal (agents de la collectivité) et 240 repas/jour par les structures d’accueil de la petite enfance, est pour le moins judicieuse.
On retiendra en préambule, que dès la fin 2011, les denrées issues de l'Agriculture Biologique sont apparues dans les menus (30% en restauration scolaire et 40% en petite enfance)... et que l’année dernière, la Ville de Martigues a décidé de répondre à l’appel à projet « Prévention/Réduction des déchets alimentaires 2014/2015 » lancé par l'Ademe, la DRAAF* et le Conseil Régional (*Direction Régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt de la région Provence Alpes Côte d'Azur) qui participent à son financement et apportent un soutien technique. Il s’agissait de mettre en oeuvre sur le terrain, une politique visant à limiter les pertes de la production, les pertes lors de la transformation, la préparation, le stockage et du transport, le gaspillage alimentaire des convives, clients et consommateurs, mais aussi, à modifier les pratiques des agents et des usagers…
Une fois la décision prise, il faut rendre l’idée effective : en novembre de l’année dernière, on a donc commencé par sensibiliser le personnel (via une conférence interactive présentée par Biosphère, organisée en 2 séances de 2h00, ce qui a permis de mobiliser environ 400 agents, rattachés aux différents services concernés) et mettre en place la récupération des biodéchets issus du restaurant municipal.
A la suite de quoi, on s’est penché sur la sensibilisation des enfants, grâce à un partenariat entre la ferme pédagogique de la ville et le restaurant municipal : une partie des repas de cochons miniatures et de poules, est fournie par le restaurant municipal.
C’est ainsi que deux à trois fois par semaine, le contenu de poubelles dédiées est acheminé vers la ferme pédagogique municipale de Figuerolles, ce qui correspond à 30kg par jour de biodéchets issus du restaurant municipal et 3kg de la crèche André Feller, soit près 8 tonnes par an de moins qui ne seront plus stockées dans le centre d'enfouissement communal.
Décembre 2014, on organise les premières pesées par le personnel : pendant 10 jours, on a pesé les déchets des 18 restaurants scolaires, 6 MAC avec repas, le restaurant municipal et la cuisine centrale, l’objectif étant la mise en place des indicateurs utiles au projet (choix de ce qui est mesuré et pourquoi).
En février dernier, et ce pendant 15 jours, on a sollicité les enfants pour peser les biodéchets avec en sus , des infos et du tri. « Un changement de pratiques s’est amorcé, notamment au restaurant municipal et dans les multi accueil collectifs avec repas par une baisse significative du volume des déchets». Un mois plus tard, on allait plus avant dans cette démarche de prise en conscience, toute en douceur, en introduisant des jeux de 7 familles, des chansons sur les fruits et légumes et toujours, le suivi des pesées puis affichage des chiffres avec courbes, préparation de salades de fruits avec les enfants en utilisant les fruits non consommés la veille… Pour les plus grands, même principe, mais via d’autres pistes de réflexion, telles que l'élaboration d’un livret de jeu récréatif illustrant la lutte contre le gaspillage, l’organisation de groupes de paroles sur cette question, la confection d’affiches porteuses de messages incitatifs, la désignation d’ambassadeurs du tri dans le restaurant scolaire pour récupérer les chiffres, des pesées, ou encore, des informations « recyclage des déchets » avec la participation du service environnement (tri sélectif)…
Chacun participe et comprend l’intérêt de cesser de jeter ce qui ne devrait pas l’être…On continue donc les pesées, jusqu’à la fin de l’année scolaire : en juin en effet, on fera le bilan, des progrès réalisés. Nul doute que chacun sera ravi d’avoir participé à la confection de cette nouvelle recette visant à limiter les quantités d’aliments devant être purement et simplement éliminés...