Déchets alimentaires : un gaspillage dur à digérer !
Constat alarmant qui en dit long sur notre époque hyper-consumériste : le gaspillage alimentaire dans l'UE27 serait de 89 millions de tonnes par an (soit 179 kg par habitant), alors que 79 millions de citoyens vivent au dessous du seuil de pauvreté et que 16 millions dépendent de l'aide alimentaire d'œuvres de charité. A défaut de mesures, les prévisions pour 2020 atteignent 126 millions de tonnes, soit une hausse de +40% ! Le Parlement européen a donc décidé de réagir : dans une résolution adoptée la semaine dernière, il réclame des mesures urgentes en vue de réduire de moitié ce gaspillage d'ici 2025 et d'améliorer l'accès aux aliments pour les personnes démunies...
"La question la plus importante à l'avenir sera de répondre à la demande croissante de produits alimentaires, étant donné qu'elle sera supérieure à l'offre. Nous ne pouvons nous permettre plus longtemps de rester dans l'inaction, alors que des aliments sains et comestibles sont jetés à la poubelle. Il s'agit d'un problème éthique, mais également économique et social, avec d'énormes implications sur l'environnement", a déclaré le rapporteur Salvatore Caronna (S&D, IT) avant le vote. "La balle est maintenant dans le camp de la Commission. Nous attendons une stratégie européenne convaincante qui proposera une ligne de conduite permettant aux 27 Etats membres de s'attaquer au problème de manière systématique", a-t-il ajouté.
"Pour parvenir à une réduction drastique du gaspillage alimentaire d'ici 2025, de nouvelles campagnes de sensibilisation doivent être encouragées aux niveaux européen et national", indique la résolution. Les euro-députés proposent que des cours d'éducation alimentaire soient créés, en particulier dans les écoles, afin de donner des conseils pratiques sur la conservation des denrées alimentaires, leur préparation et leur élimination. Ils proposent également d'échanger les meilleures pratiques. De plus, afin d'encourager la durabilité dans le secteur alimentaire, les députés demandent de déclarer l'année 2014 "Année européenne contre le gaspillage alimentaire".
"Pour éviter que les denrées alimentaires ne soient proposées à la vente dans un délai trop proche de la date de péremption, ce qui augmente le risque de gaspillage, une double date de péremption pourrait être introduite pour indiquer la date limite de vente (date de commercialisation) et la date limite de consommation (date de consommation)", précise la résolution. Tout en ajoutant que la Commission et les Etats membres doivent néanmoins s'assurer au préalable que les clients comprennent la différence entre les étiquettes utilisées actuellement dans l'UE telles que "à consommer de préférence avant le..." (lié à la qualité) et "à consommer jusqu’au..." (lié à la sécurité). Afin de permettre aux consommateurs d'acheter la quantité qu'ils souhaitent, il faudrait que les producteurs proposent plusieurs dimensions d'emballages alimentaires et prévoient une meilleure conservation. "Les produits proches de la date de péremption ou endommagés doivent être vendus au rabais, de manière à les rendre plus accessibles aux personnes démunies", affirment les députés.
Enfin, les règles de passation des marchés publics pour les services de restauration et d'hôtellerie doivent être revues pour assurer dans la mesure du possible, que les contrats soient passés avec des services de restauration qui utilisent les produits locaux et qui redistribuent gratuitement les invendus aux personnes démunies ou aux banques alimentaires. Les euro-députés demandent un meilleur ciblage des programmes de soutien européens, notamment en faveur de la distribution de denrées alimentaires aux personnes les plus défavorisées ou de la consommation de fruits et de lait à l'école, afin d'éviter le gaspillage alimentaire. Ils se sont également félicités des initiatives de certains Ztats membres pour récupérer les aliments invendus et distribuer ceux-ci aux personnes démunies et ont demandé aux distributeurs de participer à ces programmes.
Cet article est à lire en complément de notre précédente dépêche : Gaspillage alimentaire : les déchets de la honte.