Déchets au bord des routes : une incivilité galopante

Le 16/04/2018 à 18:02  
Déchets au bord des routes : une incivilité galopante
 En matière de déchets et de propreté, le manque de civisme des usagers de la route n’est hélas plus à démontrer. Afin de renforcer leur sensibilité à ces enjeux et de faire bouger les mentalités (on peut toujours rêver...), la Direction Interdépartementale des Routes Est (DIR Est) mène une campagne de sensibilisation dont le parti pris est celui du parler franc, avec 2 accroches courtes et complémentaires qui interpellent pour responsabiliser : "Et chez vous, vous faites ça ? La route n’est pas une poubelle !"...

 Le réseau de la DIR Est s’étend sur 4 régions : Alsace, Champagne-Ardenne (en partie), Franche-Comté et Lorraine, soit 12 départements. Il est constitué des routes nationales et autoroutes non concédées (gratuites) du nord-est. Au total, cela représente 1.650 km de réseau.

 Depuis quelques années, les agents des DIR déplorent une dégradation crescendo des abords du réseau routier. Emballages de fast-food, paquets de cigarettes, bouteilles en plastique, canettes, bouteilles d’urines... : autant de déchets qui jonchent les talus et autres terre-pleins centraux. Mais cette désinvolture ne se résume pas uniquement aux déchets jetés par la fenêtre des véhicules. Un phénomène encore plus préoccupant traduit l’incivilité des citoyens, ceux-ci n’hésitant plus à déposer leurs déchets ménagers, voire industriels, sur le bord des routes et des autoroutes.

 Les bandes d’arrêts d’urgence, les aires d’arrêt, les espaces verts, les voies réservées au service, les ouvrages d’art, les bassins de rétention, les espaces libres dédiés à l’entretien et l’exploitation du réseau routier se transforment ainsi peu à peu en décharges sauvages. Sans oublier la détérioration du mobilier mis à disposition, comme les toilettes ou les aires de pique-nique. Malgré la progression du budget consacré au seul ramassage de déchets, faire face à la croissance de ces incivilités est un challenge de plus en plus compliqué à relever.

 Si cette situation dégrade l’environnement et le cadre de vie des usagers du réseau et des nombreux visiteurs qui découvrent la France, elle peut surtout mettre en cause les conditions de sécurité des usagers eux-mêmes, ainsi que celles des services de secours, des forces de l’ordre et bien sûr des agents de la DIR, qui œuvrent pour la sécurité des usagers. "Lors du ramassage des ordures le long de nos routes, nos agents jouxtent les flux de circulation et travaillent au plus près des voies circulées où le danger est permanent", souligne la DIR Est.
 Pour chaque campagne de ramassage des déchets sur les axes autoroutiers, d’importants dispositifs de balisage doivent être mis en place pour garantir la sécurité des agents de la DIR et des usagers. Ces balisages demandent un temps d’installation non négligeable et doivent de surcroît impérativement intervenir en dehors des heures de pointe, voire la nuit, pour éviter toute formation de congestions. Ces conditions d’intervention sont contraignantes et ne permettent pas d’agir aussi fréquemment que souhaité.
 Sur le réseau de la DIR Est, plus de 1.000 tonnes de déchets sont ramassées et évacuées chaque année. Plus de la moitié provient de dépôts sauvages de déchets industriels, principalement de construction, ou du fait du comportement des usagers. En moyenne, chacun des 28 centres d’entretien et d’intervention mobilise 2 agents à temps plein pour ce travail, au détriment de leurs tâches habituelles vouées à la sécurisation des usagers. Rien que pour les 5 centres d’entretien et d’intervention du district de Metz, la DIR Est a déploré pour l’année 2018, la collecte de 225 tonnes de déchets divers : 100 tonnes de déchets ramassés et d’objets tombés sur la chaussée, et 125 tonnes provenant des aires de repos.
 De son côté, le district de Nancy comptabilise 140 tonnes des déchets récoltés. En 2017, sur le secteur de Besançon 56.700 euros ont été consacrés à l’entretien courant, rien que pour le ramassage des divers déchets auxquels s’ajoute le coût de leur évacuation et de leur traitement en déchèterie. "Ces dizaines de milliers d’euros sont autant de moyens financiers en moins pour la réfection des infrastructures routières", conclut la DIR Est.
 
crédits photos : DIR Est