Déchets BTP : il y a du boulot !
En 2010, en Île-de-France, le secteur du BTP a généré 27 millions de tonnes de déchets (terres, bétons, bois, plâtres, PVC, etc.) ; 6 millions de tonnes seulement auraient été recyclées. Or, il est évident que la production de déchets du BTP franciliens va fortement augmenter du fait des travaux liés au Grand Paris (avec notamment la construction du futur métro automatique et les prolongations de lignes de métros et RER), mais aussi la construction de logements, afin de résorber au moins partiellement les manques quue l'on connait. Ces éléments permettent via des projections, de considérer une hausse de 15 à 20% de la production de déchets sur la période 2014-2020, qui pourrait atteindre +50% entre 2020 et 2026, période de pic en matière de creusements de tunnels.
La Région Île-de-France vient d'affirmer sa volonté d'utiliser cette augmentation des tonnages de déchets de chantier pour développer leur recyclage et en faire un levier en matière de créations d'emplois. De ce fait, l'avant-projet du Plan régional de prévention et de gestion des déchets issus des chantiers du bâtiment et des travaux publics (Predec), adopté à l'unanimité lors de la séance plénière du Conseil régional d'Ile-de-France, comporte un objectif de recyclage de 80% de ces déchets à l'horizon 2020.
Corinne Rufet, vice-présidente (EELV) en charge de l'environnement parle d'un « potentiel de création d'emplois » dans ce secteur, qui occupe d'ores et déjà 17 600 salariés. On estime que 100 000 tonnes de déchets inertes contribuent à 3 emplois si elles sont enfouies contre 9 si elles sont recyclées. Pour 10 000 tonnes de déchets type bois, isolants, verre, ferraille, béton, etc., le rapport passe de 1 emploi pour l'enfouissement en décharge, à 31 emplois pour le tri de ces déchets via les collectes qui seraient sélectives. Sans compter que les installations de stockage sont très inégalement réparties sur le territoire puisque la Seine-et-Marne récupère à elle seule près de 80% des déchets de chantier.
Le Predec entend « résorber cette fracture territoriale » : il propose un moratoire de trois ans sur toute nouvelle installation de stockage dans ce département, ainsi que de nouvelles règles de répartition des déchets en fonction d'un principe de proximité. En parallèle, il s'agit aussi de réduire le trafic de camions sillonnant l’Île-de-France. Si le groupe UMP a voté le pré-projet, il a toutefois indiqué que ce moratoire de trois ans pour la Seine-et-Marne « est insuffisant pour inverser la tendance ». La suite, on la connait : le dossier subira une enquête publique qui aura lieu d'avril à octobre 2014. Et puis, ce sera l'heure du vote en novembre 2014, pour une adoption finale par les élus.