Déchets BTP : la Seine et Marne est soulagée d’un grand poids

Le 24/06/2015 à 9:26  
Déchets BTP : la Seine et Marne est soulagée d’un grand poids
déchets du BTP Près de deux ans auront été nécessaires pour boucler le plan «Prévenir et gérer les déchets de chantiers» (Predec) de l’Ile de France : 43 millions de tonnes de déchets sont attendues chaque année, du fait de la construction du Grand Paris, comprenant la création de logements et de voies facilitant les déplacements des populations. Le Conseil régional a entériné la semaine dernière, ce plan, qui vise à inciter les entreprises du BTP à limiter la production de déblais, mais surtout à en améliorer le recyclage. L’idée est aussi de répartir les tonnages dédiés au stockage parce que jusqu’à maintenant, l’essentiel (80% environ) était « récupéré » par la Seine-et-Marne qui avait indiqué son « ras le bol »….

 Un an et neuf mois... Tel aura été le laps de temps nécessaire pour boucler et faire accepter le plan de gestion des déchets de chantiers de l’Ile de France : passer de près de 30 millions de tonnes classiquement produites par an, à environ 43 millions de tonnes (27 millions de tonnes en 2012 à plus de 43 millions en 2026), du fait de la construction du Grand Paris, n’est pas une mince affaire, d’autant que la Seine et Marne avait clairement indiqué qu’elle n’était pas partante pour en hériter en totalité…

« Le plan de gestion des déchets de chantier de l'Ile-de-France, qui rééquilibre les sites de stockage jusque-là concentrés en Seine-et-Marne et enclenche une dynamique de recyclage et de moindre production, est entré en vigueur », a annoncé vendredi à l'AFP Corinne Rufet, la vice-présidente de la région chargée de l'Environnement.
L’avant-projet de Predec (Plan de prévention et de gestion des déchets de chantier) a donc été adopté par le Conseil régional d’Ile-de-France, par vote unanime, le 18 juin; il met fin au tout stockage en Seine-et-Marne. Au demeurant, dans un communiqué, le président UMP du Conseil départemental de Seine-et-Marne Jean-Jacques Barbaux s'est félicité que « la voix du département ait été enfin entendue sur ce dossier si sensible ». Il a rappelé que « les élus seine-et-marnais se battent depuis de longues années pour que la Seine-et-Marne ne soit plus la poubelle de l'Ile-de-France ».
C’est un pas de géant qui vient d’être fait, afin de prévenir et surtout recycler le max de déchets issus du BTP, le poids lourd des déchets de la région. Entré en vigueur dès le lendemain, après la validation du préfet de région, le Plan est donc opposable à l’Etat, aux collectivités territoriales et à leurs concessionnaires dans le cadre d’un marché de concession ou d’une délégation de service public (notamment l'autorisation d'exploiter une installation).

Sur le terrain, ça change bigrement la donne :
 Le Predec règle de manière provisoire (moratoire de trois ans sur l’enfouissement) les contraintes relevées par les dirigeants du département de la Seine-et-Marne : en d’autres termes, aucune autorisation d’extension, ni de création d’installation de stockage ne pourra être autorisée pendant cette période. En clair, les demandes d’extension en cours d’instruction par la préfecture de Seine-et-Marne, sont bloquées. Au terme de cette période transitoire, les capacités de stockage du département seront plafonnées à 4 millions de tonnes par an.

 Le Predec officialise aussi, le principe de proximité pour ce qui est du stockage des déchets du BTP : les nouvelles ISDI (installations de stockage de déchets inertes) de la grande couronne parisienne, ne pourront plus accueillir que les déchets produits à Paris et dans un département limitrophe de la petite couronne.

Les grandes gagnantes seront, et on ne s'en plaindra pas, les entreprises de recyclage qui ont, depuis quelques années, anticipé le mouvement, voire plaidé pour la multiplication des unités de récupération et de recyclage en Ile de France, mais aussi pour la constitution de déchèteries professionnelles dédiées aux plus petites entreprises qui ne savent que faire de ce qu'elles collectent au fil des chantiers qu'elles réalisent...
Paprec et Ypréma, pour ne citer que ces deux entités, n’ont pas été avares en effet, de démonstrations chiffrées, insistant sur la nécessité de miser sur des unités dynamiques et performantes, afin d’écouler les granulats préparés à partir de déchets de chantiers, pour autant que l’on opte pour la qualité. Qualité : le maître mot qui rassure les entreprises utilisatrices des matériaux recyclés, qui facilite le débouché de ces matières et sans lequel rien n’est possible. Se posant en militantes, ces entreprises convaincues, ont d’ailleurs favorisé la création d’une branche Recyclage des déchets du BTP au sein de Federec, en 2014… Présidée par Erwan Le Meur (Paprec) qui a choisi comme vice-président de la branche, Claude Prigent (Ypréma), on ne peut que saluer cette force d’anticipation de la fédération des entreprises de recyclage.
Car aujourd’hui, que constate-t-on, si ce n’est que le Predec a posé des objectifs ambitieux destinés à booster le recyclage de ces déchets inertes ?… Il pose en effet comme principe que l’on devra :
 Recycler 80% des agrégats d’enrobés en 2020 (410.000 t) et 100% en 2026 (510.000 t)
 Augmenter la production de granulats recyclés pour atteindre 5,5 Mt/an en 2020 et 6,5 Mt en 2026
 2 Mt de terres excavées traitées à la chaux ou aux liants hydrauliques devront être recyclées en 2020 (5 Mt en 2026)
 9,5 Mt de déchets inertes valorisés en réaménagement dans les carrières franciliennes et 2 Mt dans les départements limitrophes en 2020 ou desservis par voie d'eau ou ferrée (10 Mt et 3 Mt en 2026).

Le réseau de collecte devra aussi évoluer pour atteindre 200 points en 2020 pour les artisans (220 points en 2026), le nombre de déchèteries professionnelles doit doubler (16 en 2020, puis 20 en 2026... contre seulement 8, en 2010), tandis que l'objectif est d'atteindre 50 points d'apport de déchets dangereux en 2020 et 100 points en 2026.
Enfin, puisque ça coule de source, on se contentera de confirmer que le Plan souligne qu’il sera nécessaire de créer 5 plateformes ferroviaires afin de faciliter les transferts de ces tonnages, mais aussi, de transporter 4 millions de tonnes de ces déchets inertes, par voie d’eau, dès 2026…