Déchets : collecter « plus » n’est pas la panacée
Les propositions de la Commission Européenne visant à interdire la mise en enfouissement des déchets issus de la collecte sélective et à fixer des objectifs contraignants de recyclage pour les déchets des collectivités locales sont évidemment un élément positif. Ces objectifs nouveaux auront pour conséquence d’augmenter l’offre de matières premières recyclées mais ne créeront pas automatiquement un supplément de demande. Il est donc nécessaire de s’assurer que la législation européenne établisse un cadre pour soutenir une demande durable pour les matières premières recyclées jusqu’à ce que le fonctionnement de l’économie circulaire se soutienne de lui-même. Les propositions de la Commission sous-entendent que si la qualité des matières collectées en vue de leur recyclage s’améliore cela créera automatiquement une demande supplémentaire de la part des consommateurs. Ni EuRic, ni la FEAD ne partagent ce point de vue. La « qualité » a toujours été un objectif essentiel pour les industries du recyclage (Est-il nécessaire de rappeler ici que les défauts de qualité entraînent de la part des utilisateurs des sanctions économiques immédiates? Ndlr) et l’importance d’alimenter les consommateurs de matières premières recyclées avec des matériaux de qualité répondant à des spécifications précises ne souffre pas de contestations. Mais la « qualité » engendre des coûts croissants qui ne se reflètent généralement pas dans les prix qui sont étroitement corrélés aux prix des matières premières vierges.
Sans mesures concernant la demande afin de créer des marchés « durables » pour les matières premières recyclées, les bénéfices environnementaux des activités du recyclage en termes d’économie d’énergie et de réduction des émissions de CO2 ne seront pas manifestes et il n’y aura pas de bases économiques pour lancer les investissements nécessaires à atteindre les objectifs du paquet « Economie Circulaire ».
C’est pourquoi EuRic et la FEAD demandent à ce que l’accent soit davantage mis sur la question de la demande (de matières premières recyclées) dans les propositions de la Commission. Les deux organisations estiment que le parlement Européen et le Conseil des Ministres pourraient amender les propositions de la Commission sur un certain nombre de points afin de stimuler la demande en :
assurant une concurrence juste entre les matières premières vierges et les matières premières recyclées en « récompensant » financièrement les bénéfices environnementaux du recyclage
en introduisant une exigence de contenu minimum en matière première recyclée pour un certain de produits
en introduisant des exigences écologiques minimum des marchés publics au niveau européen pour stimuler les achats de produits à base de matières recyclées
en amendant les règles de l’éco-étiquetage pour que soient incorporées des indications en termes de contenu en matières recyclées et de recyclabilité
en encourageant les Etats-Membres à développer des incitations fiscales et financières tel que l’abaissement ou la suppression de la TVA pour favoriser les matières premières recyclées et leur réinjection dans les circuits économiques
de plus, les produits devront être conçus afin de favoriser leur « réparabilité » et leur capacité à être recyclés.
La conclusuion s'impose d'elle même : seule une demande soutenue pour les matières premières recyclées en Europe, constitue le fondement de l’accession au secteur du recyclage à un modèle économiquement viable produisant des matériaux de qualité en accroissant ainsi la confiance des utilisateurs de matières premières recyclées.