Déchets : Coved change de camp
La branche déchets de la Saur rejoint un spécialiste du recyclage, ce qui permettra à l’un des deux industriels de se ressourcer dans ses métiers originels, ceux de l'eau, et au second, de considérablement élargir son périmètre en matière de gestion de déchets et de recycage, mais aussi de renforcer d’importance, son maillage territorial. La Saur cède à Paprec, la Coved…
La branche déchets de la Saur traite 2,4 millions de tonnes de déchets par an, dessert 5 millions d’habitants, occupe près de 3 000 collaborateurs qui ont généré 340 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2015 (dont environ les deux tiers dans la collecte d’ordures ménagères, et les contrats passés avec les collectivités et un quart dans la gestion des déchets industriels)… Or, début 2016, la Saur annonçait souhaiter vendre sa filiale, la Coved (comprendre Collecte, Valorisation, Énergie, Déchets), et se recentrer sur son métier de toujours : la gestion de l’eau des petites communes. Dès lors, les paris étaient ouverts : qui allait reprendre cette activité ? Suez ? Veolia ? Une entreprise étrangère qui aurait souhaité s’implanter en France ? Ou un recycleur qui d’ores et déjà travaille aux côtés des collectivités locales ? Etant entendu qu'on a bien compris que, quelle que soit la réponse à la question posée, c'est l'ensemble des pièces qui bouge sur l'échiquier de la gestion et du traitement des déchets en France...
Au fil du temps, circulent deux noms : celui de Paprec et celui de Remondis, le numéro Un allemand du déchet. Et ce matin, Jean-Luc Petithuguenin confirmait avoir remporté la mise : un engagement d'achat irrévocable a en effet été signé ce 5 décembre, après plusieurs mois de négociations, moyennant un montant compris « entre 220 et 280 millions d'euros ». Après achèvement des consultations et réceptions des documents habituels, la cession à proprement parler serait finalisée au cours du 1er trimestre 2017, pour autant que celle-ci bénéficie du feu vert de l'autorité de la concurrence, ce dont le PDG de Paprec ne doute guère : comment imaginer en effet, que ladite autorité ne voit pas d’un bon œil une sorte de rééquilibrage, le territoire étant quasi partagé entre les deux géants mondiaux français du traitement des déchets (et de l’eau), à savoir, Veolia et Suez…
Car le fait est : faire tomber dans son escarcelle la Coved, donnera à Paprec non seulement un poids supplémentaire à l’échelle nationale, tout en lui assurant la pénétration de territoires où il est encore peu présent (l'Alsace, l'Aube et la Vendée), mais permettra au recycleur de mettre un pied dans l’univers de la collecte des ordures ménagères et l'exploitation de plusieurs décharges (une part importante de l'activité de Coved), quand son périmètre historique était celui du recyclage des déchets industriels non dangereux, complété par celui du recyclage des déchets d’emballages ménagers issus des collectes sélectives, une activité récente au vu de l’ancienneté de l’entreprise, qui a permis au groupe de se rapprocher des collectivités locales et accessoirement de prendre quelques marchés aux opérateurs traditionnels, en investissant dans des centres de tri ultra-modernes qu’il exploite avec succès. Par ailleurs le segment collecte des déchets ménagers n'étant évidemment pas dépendant des fluctuations des cours des matières premières (dont dépendent les revenus des recycleurs), cela augmentera d'autant, la part stable du chiffre d'affaires pour l'entreprise, tout en lui permettant de recycler ce qui pourra l'être de par les contrats signés par Coved avec les collectivités, et ainsi assurer une part supplémentaire de recyclage en France.
Quand le groupe Saur trouve, par cette opération, le moyen d’assurer le développement de Coved, et de dégager les marges de manoeuvre financières dont il a besoin pour se recentrer sur ses activités "Eau", tant en France qu’à l’international, cette même opération, qui est sans conteste la plus importante acquisition que Paprec ait menée depuis ses débuts, permettra bientôt au recycleur de compter dans ses rangs 7 500 personnes (contre 4 500 actuellement)... et de grossir en un coup, de 30% environ (avec un chiffre d'affaires annoncé de 1,3 milliard d'euros une fois la Coved définitivement intégrée).