Déchets de chantier : le Tribunal administratif a annulé le Predec
Ceci étant posé...
la juridiction a jugé que l’annulation pure et simple « aurait pour effet de créer un vide juridique » car « aucun plan similaire n’était en vigueur dans les départements franciliens avant 2015 ». C’est pourquoi elle a rendu effective cette annulation au 1er janvier 2020, ce laps de temps étant « nécessaire pour permettre à la région d’Ile-de-France d’approuver un nouveau plan régional de prévention et de gestion des déchets », ont précisé les magistrats.
mais sont annulées et ce avec effet immédiat, « les dispositions imposant un moratoire de trois ans pour la création et l’extension des capacités de stockage des déchets inertes dans le département de Seine-et-Marne puis soumettant, à l’issue de cette période, les autorisations de nouvelles capacités de stockage de déchets inertes dans ce département au respect d’un plafond de quatre millions de tonnes par an. »
Qu'est ce qui a justifié cette procédure ? Plusieurs raisons majeures
Le PREDEC avait fait l’objet de trois procédures pré-contentieuses puis contentieuses dès son adoption de la part du département du Val-d’Oise, de l’Union nationale des exploitants du déchet, (comprenant notamment des exploitants d’installations de stockage de déchets inertes) et du Préfet de Région.
Le Tribunal Administratif a d’abord jugé que le plan « a été adopté à la suite d’une procédure irrégulière ». Il cite notamment le groupe de travail des élus réuni par le Conseil Régional « en vue d’élaborer des recommandations ayant pour objet spécifique le rééquilibrage territorial de la gestion des déchets concernés par le plan ». Ces « recommandations ont été susceptibles d’exercer une influence sur la rédaction du plan ».
Le tribunal a également jugé la procédure irrégulière pour deux autres motifs : « l’absence d’avis émis par la commission de consultation et de suivi du plan régional des déchets issus des chantiers du bâtiment et des travaux publics » et « l’absence d’articulation avec le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux du bassin Seine-Normandie ».
Enfin, selon le jugement, « les dispositions relatives au moratoire [de l’enfouissement] ont pour objet direct d’interdire de manière inconditionnelle, pendant une durée de trois ans, la création d’installations de stockage ». De plus « une limitation absolue des capacités de stockage de déchets inertes en fixant un plafond ne pouvant être dépassé dans l’ensemble » de la Seine-et-Marne a « pour effet de lier la compétence de l’autorité » en charge des autorisations d’exploitation (Le Préfet). Le tribunal a jugé que ces dispositions sont « entachées d’une erreur de droit ».
La Région fait appel de cette décision...
Ce plan, issu d’une longue concertation, a pris en particulier en considération la situation très particulière de la Seine-et-Marne qui subit depuis de nombreuses années une concentration des capacités franciliennes de stockage des déchets.
Avec le sentiment de servir de « poubelle », le département de Seine-et-Marne a toujours maintenu une position ferme pour un rééquilibrage des capacités de stockage. C’est la raison pour laquelle, le PREDEC a prévu un moratoire de 3 ans, jusqu’en juin 2018, interdisant l’extension et l’installation de stockage de déchets inertes en Seine-et-Marne puis un plafonnement des capacités à 4 millions de tonnes.
Cette disposition, comme le plan, a fait l’objet d’un vote à l’unanimité du Conseil régional, preuve s’il était besoin de la solidarité exprimée par la représentation régionale au regard de la nécessaire équité entre territoires. Le Préfet de Région a attaqué le principe de ce moratoire.
La Région Île-de-France a décidé de faire appel de ce jugement, qui remet en cause les principes d’équité territoriale consacrés par la délibération de juin 2015. Elle rappelle en outre qu’elle a lancé en décembre 2016 la concertation sur le nouveau plan régional de prévention et de gestion des déchets qui doit voir le jour en 2019 et sera appelé à remplacer les différents plans existants.