Déchets de la Samaritaine : valorisés par Paprec, au fil de l'eau
« C'est sans conteste, l'un des plus gros chantiers de ces vingt dernières années, sur un monument historique, situé au cœur de Paris. Nous avons opté pour une solution qui pourra paraître moins ambitieuse, mais qui est sans conteste, beaucoup moins polluante », précise Marie-Line Antonios, directrice générale de la Samaritaine...
Vinci Construction France, via une filiale, l’entreprise générale Petit Construction, qui a gagné l'appel d'offres suit évidement à la lettre, les prescriptions fixées par la charte « Chantiers à faibles nuisances », signée avec la mairie du 1er arrondissement de la capitale, son conseil environnemental et la maîtrise d'oeuvre d'exécution. L'entreprise a opté pour une solution fluviale hyper rationnelle, tant il est devenu pénible de se déplacer dans Paris intra-muros, où le temps de circulation est de plus en plus long pour aller d'un point A à un point B, ce qui génère évidement des coûts de transports, eux aussi majorés.
« Pour ce chantier conduit au cœur de la capitale, un des défis logistiques est d’intervenir dans un environnement urbain dense. Nous avons opté pour le transport fluvial afin de réduire les GES et limiter l'encombrement des voies routières, tout en évitant une perte de temps évidente », souligne Manuel Estèves, Directeur délégué de Vinci Constructions France.
C'est ainsi que Paprec Recyclage et CRH Raboni ont été introduits dans la boucle, pour ce qui est de l'évacuation des déchets...
« Nous travaillons depuis plusieurs années avec Vinci, d'une part, mais également avec Raboni, par ailleurs : au demeurant, notre partenariat avec Raboni a environ 15 ans d'âge, alors qu'il a fallu attendre la loi sur la transition énergétique pour obliger les distributeurs de matériaux, à récupérer des déchets recyclables», développe Erwan Le Meur, directeur général adjoint au sein du groupe Paprec.
« Travailler avec des "amis professionnels" de longue date, c'est travailler en confiance, dans le cadre de partenariats solides constitués d'hommes qui disposent de vrais savoir-faire »... ce qui fluidifie évidemment les modes opératoires et facilite grandement l'organisation du travail, comme du transport, dans une ville où il est compliqué de mener facilement des chantiers d'importance, ne serait-ce que parce que l'on a récemment décidé de fermer les quais...
Les déchets, pré triés sur le chantier, seront donc transférés en camion vers la plate-forme exploitée par Raboni à Evry sur Seine, laquelle dispose d'un lieu spécifique pour réceptionner et massifier des déchets ; de là, ils seront chargés sur une péniche Paprec, puis acheminés sur son site Paprec Chantiers, situé à Gennevilliers, à 38 km, où ils finiront d'être triés puis valorisés ou recyclés.
« Nous organisons la reprise des déchets depuis plusieurs années et nos points de vente sont équipés de centres de tri, tandis que la passion du fleuve est ancrée de longue date dans l'entreprise, ce qui nous a permis de développer le transport fluvial pour les approvisionnements sur Paris Ile de France et d'être parfaitement équipés sur nos sites pour ce faire », confirme Alain Renard, directeur général opérationnel de CRH Raboni Ile de France.
Non seulement ce mode opératoire réduit par 3,5 le nombre de kilomètres parcourus par des camions, mais cette solution évitera l'équivalent de 3000 semi-remorques sur la durée des travaux et générera cinq fois mois de C02.
La péniche en question peut transporter jusqu’à 300 tonnes de déchets sur une rotation, soit l'équivalent de 60 camions, les parties prenantes confirmant par ailleurs que le transport fluvial n'est « pas nécessairement plus onéreux que le transport routier ».
« Un tour de camion dans Paris intra-muros coûte environ 150 euros pour 5 tonnes transportées, soit un équivalent de 30 euros la tonne, contre 600 euros par jour environ, pour l'utilisation d'une péniche qui peut prendre en charge 300 tonnes par rotation, et effectuer un Evry/Gennevilliers sur deux jours »... « Nous misons d'ailleurs sur le développement du transport fluvial ; actuellement un tiers de nos déchets de chantiers franciliens parvenant à Gennevilliers transite par voie fluviale ; nous souhaitons atteindre les 50% d'ici 2020 », expose Erwan Le Meur qui rappelle par ailleurs que « le pré tri sur chantier est essentiel et économique, puisqu'il en coûte moins cher à l'entreprise qui nous confie ses déchets » ... « Etant entendu que le tri sur chantier nous oblige à nous organiser, ce qui est vertueux puis gagnant», rebondit Manuel Estèves : « pour cela , nous utilisons des bennes de petites dimensions, de 6 à 8 m3 ; lorsqu'elles quittent le chantier, le tri est déjà effectué et les camions chargent des déchets par famille de produits, ce qui facilité la valorisation et/ou le recyclage ultérieur... Notre client exige un taux de valorisation de 75% au terme du chantier ; nous avons mis la barre plus haut afin d'être assurés de satisfaire l'objectif fixé, et Paprec a fait de même, mettant la barre à 85%, pour des raisons identiques »...
Si le transport fluvial constitue une solution intelligente, son développement à Paris est toutefois freiné par les emplacements trop rares intra-muros, mais également par le prix élevé de la location des quais, lesquels sont plus volontiers réservés aux activités de loisirs, au détriment des activités économiques plus classiques, regrettent un peu les intervenants qui ont profité de la conférence de presse pour faire passer le message...