Déchets de raffineries : cap sur le nettoyage automatisé des bacs
Selon la législation en vigueur, les bacs de stockage d’hydrocarbures des raffineries et des dépôts pétroliers doivent être entièrement vidés, nettoyés et dégazés au minimum tous les 10 ans et de façon ponctuelle (par exemple lors de la réaffectation de produits). Objectifs : retirer les boues déposées, procéder au retrait de la rouille et assurer des opérations de maintenance. La méthode traditionnelle utilisée est dite "intrusive", car elle consiste à faire pénétrer des techniciens dans les bacs après leur vidage. Equipés d’appareils respiratoires isolants, ceux-ci nettoient le bac manuellement au moyen de matériel haute pression alimenté en eau, couplé à des unités de pompage pour l’évacuation des déchets...
Depuis 2007, Sita AMI (pôle spécialisé dans l’assainissement et la maintenance industrielle) et, en première ligne, ses filiales Sani-Ouest et Sane-Serc, propose une solution alternative spécifique aux bacs contenant des produits blancs (gasoil, essence...) et ne nécessitant l’intrusion du personnel à l’intérieur du bac qu’en phase finale du processus : le nettoyage automatisé des bacs.
En effet, le procédé de nettoyage intrusif présente des risques pour le personnel (toxicité des produits contenus dans le bac, manque d’oxygène, risque de chute dans un environnement confiné, obscur et glissant...). D’où l’avantage d’un système de nettoyage automatique ne nécessitant pas l’intrusion du personnel à l’intérieur du bac. En pratique, un canon multidirectionnel, muni d’une caméra et d’une buse de pulvérisation capable de projeter de l’eau sur 30 m, est fixé à un "trou d’homme" (rien de salace rassurez-vous : il s'agit d'une ouverture située en pourtour du bac permettant au personnel de s’introduire à l’intérieur) et dirigé vers l’intérieur du bac. Le canon est alimenté en eau par une pompe reliée à une bouche d’incendie. A distance, un technicien pilote le nettoyage à partir d’une salle de contrôle informatisée installée dans un container mobile. Pour que le système puisse fonctionner en totale autonomie, le container mobile comprend également un groupe électrogène qui alimente un groupe hydraulique et la pompe. L’ensemble du dispositif est certifié ATEX (ATmosphères EXplosibles), norme de sécurité relative aux environnements potentiellement explosifs.
Concrètement, l’opération de nettoyage automatisé d’un bac se déroule en 6 étapes distinctes :
Un canon en inox est fixé sur un trou d’homme à l’aide d’un palan. Si le bac a un diamètre supérieur à 30 m, deux canons sont installés sur des trous d’homme différents.
Les câbles hydrauliques et électriques sont branchés entre le canon et le container.
Si le bac contient de l’essence sans plomb, il doit être "inerté" pour prévenir tout risque d’explosion. Ce procédé consiste à remplacer la majeure partie de l’oxygène contenu dans le bac par de l’azote.
Pendant le nettoyage du bac, le canon peut pivoter à 180° dans toutes les directions. Sa trajectoire est programmée par le technicien pour nettoyer l’intégralité du bac, mais son pilotage peut aussi se faire manuellement.
Au cours du nettoyage, l’eau pulvérisée et les déchets sont évacués du bac avec un camion de pompage par aspiration. Si le bac a été interté à l’azote, les vapeurs d’échappement y sont réinjectées pour éviter tout nouvel apport d’azote. Le mélange eau/déchets est ensuite transféré vers une unité de décantation qui permet de séparer le carburant de l’eau. Celle-ci peut être utilisée pour réalimenter le canon, tandis que les boues hydrocarburées sont évacuées vers une unité de traitement spécifique (centrifugation, distillation...) ou, lorsque cela est possible, recyclées sur place.
Dernière étape : lorsque le nettoyage automatisé est terminé, les techniciens peuvent pénétrer dans le bac afin d’assécher l’eau restante. Ils n’ont alors pas besoin de porter d’appareil respiratoire isolant.
A l'arrivée, cette technique présente de multiples avantages. En premier lieu, le nettoyage automatisé est une garantie de sécurité : les techniciens sont moins exposés aux risques inhérents, aux atmosphères confinées et aux produits hydrocarburés toxiques. De plus, cette méthode automatisée de nettoyage apporte aussi un gain de temps, car la durée totale de la prestation de nettoyage et de dégazage peut ainsi être fortement réduite. C’est particulièrement vrai pour les bacs de grande dimension, soit plus de 30 m. Le nettoyage des bacs de 60 m peut être réalisé en une semaine, contre 3 à 4 semaines s’il est fait manuellement.