Déchets d'olive : une source de biogaz sous-exploitée
Voilà un sujet qui fleure bon l'été... La production d'huile d'olive utilise de grandes quantités d'eau et génère beaucoup de déchets sous forme solide et liquide. En Allemagne, les chercheurs de l'Institut Fraunhofer pour les surfaces de séparation et les techniques de procédés biologiques (IGB) à Stuttgart ont démontré, dans différentes études, qu'il est possible d'utiliser ces résidus dans la production de bioénergie. Plus de 2/3 des matières sèches organiques peuvent se dégrader pour former du biogaz...
Chaque année en Europe, plus de 2 millions de tonnes d'huile d'olive sont produites. Son extraction est le processus industriel qui consiste à extraire l'huile des drupes de l'olivier. Ce procédé comprend 2 étapes fondamentales : la préparation de la pulpe, le broyage, suivi de la séparation de la fraction huileuse des autres composants solides et liquides, appelée extraction. A la fin de ce processus, reste la phase aqueuse, qui contient des concentrations relativement élevées de matières en suspension et de diverses substances telles que des acides gras et des phénols, composés toxiques pour les plantes et les animaux. Les déchets liquides ne pouvant donc être simplement rejetés dans l'environnement (lacs, rivières...) : leur évacuation constitue un problème majeur pour certaines régions agricoles en Italie, en Grèce et en Espagne.
Dans ce projet soutenu par l'UE, un ensemble de partenaires issus de la recherche universitaire et de l'industrie tente de valoriser les résidus de la production d'huile d'olive. L'idée générale étant de commencer par extraire les substances recyclables comme les polyphénols dans le but de les utiliser comme additifs pour l'industrie agroalimentaire, pharmaceutique et cosmétique et d'utiliser, par la suite, la biomasse résiduelle pour l'énergie. C'est dans ce contexte que les chercheurs de l'IGB étudient ces déchets et tentent de comprendre jusqu'à quel point ils pourraient être utilisés comme source d'énergie. Les premières études en laboratoire montrent que les déchets sous forme liquide ou solide peuvent fournir de l'énergie sous forme de biogaz.
Aux travers de séries d'expériences, les chercheurs de l'IGB ont pu créer, en l'espace de 20 à 30 jours, près de 720 litres de biogaz par kilogramme de matière sèche organique issue des déchets en phase solide, et entre 680 et 980 litres en l'espace de 10 jours seulement, pour les déchets sous forme liquide. Selon les chercheurs, si tous les résidus de la production d'huile d'olive en Europe étaient fermentés pour produire du biogaz, cela correspondrait, en quantité de maïs, à une superficie de près de 2 800 km², c'est-à-dire à la superficie de la Sarre (voir ici) ! La fermentation des déchets organiques provenant de la production alimentaire peut donc apporter une contribution significative et durable à un approvisionnement énergétique.
source : ADIT