Déchets du BTP : Amorce jette le parpaing dans la mare
Sauf que nombreuses sont les collectivités territoriales qui constatent que le dispositif n'est absolument pas opérationnel sur leur territoire. Inutile de préciser que la moutarde monte au nez des élus qui refusent de pallier cette carence par l'accueil en déchèterie publique de la totalité de ce gisement, tout en s'inquiètant bigrement et publiquement des conséquences inévitables que la situation pourrait engendre sur les finances locales... Ils demandent donc à la ministre de faire appliquer la loi au plus vite, tout simplement.
Du mis bout à bout et d'une manière globale, notre pays produit chaque année 40 millions de tonnes de déchets BTP, lesquels comprennent gravats, plâtres, isolants, et autres huisseries... Si les grands chantiers intègrent in situ des solutions de collecte et de traitement des déchets de démolition, si des initiatives allant dans ce sens sont mises en oeuvre (cf. le projet Démoclès), si les recycleurs (voir notamment Recyclage : un soulagement pour la déchetterie classique ou encore Paprec Chantiers : recyclage sur le tas) existent bel et bien (Federec ayant d'ailleurs une branche recyclage des déchets du BTP), la France affiche néanmoins un déficit d'offres privées pour collecter efficacement, trier et valoriser les déchets des PME et petits entrepreneurs, ce qui aboutit au constat suivant : une partie de ces déchets est donc aujourd'hui prise en charge par les déchèteries publiques gérées et financées par les collectivités locales... ou, plus grave, fait l'objet de dépôts sauvages.
Cela étant précisé, et alors que cette obligation est entrée en vigueur au 1er janvier 2017, de nombreux distributeurs ne proposent toujours pas de solution et solliciteraient même les collectivités pour que celles-ci accueillent davantage ces déchets dans leurs déchetteries, ce qui est jugé inacceptable par les collectivités locales rassemblées au sein d'Amorce, lesquelles pointent du doigt le "risque de reporter la charge de la gestion de ces déchets sur les collectivités au détriment du service public de gestion des déchets ménagers et pour des flux qui ne relèvent pas, pour la plupart, de leur compétence légale".
En tout état de cause, "la participation éventuelle des collectivités au dispositif devra être assurée par la mise en place d'un dispositif financier permettant d'éviter que les contribuables financent cette obligation des magasins professionnels", soutient Amorce.
Dans ce contexte, l'association appelle donc Ségolène Royal à intervenir dans les plus brefs délais "pour garantir la mise en application de l'une des mesures phares de la loi de transition énergétique", et indique qu'elle va dès à présent, "mobiliser ses collectivités adhérentes en les invitant à interroger les distributeurs de matériaux professionnels installés sur leurs territoires, afin de s'assurer de la bonne mise en œuvre de leur dispositif de collecte des déchets du BTP", mais aussi "leur proposer un projet de convention type visant à mieux encadrer l'éventuelle intervention des collectivités dans ce dispositif".