Déchets : la spectrométrie, arme redoutable au service du tri, reçoit un prix
Les « Rendez-vous Carnot », qui se tenaient aujourd’hui a Paris ont servi d’écrin à Irstrea qui s’est vu décerner le Prix FIEEC (Fédération des Industries Electriques, Electroniques et de Communication) de la Recherche appliquée, saluant ainsi son travail de recherche partenariale sur la spectrométrie proche infrarouge (SPIR) avec la société Pellenc ST spécialisée dans le tri optique des déchets…
Basée sur la pénétration de la lumière dans un produit, un objet, voire un milieu, la technique SPIR analyse en rapidement la composition et le caractérise. Fort d’un savoir-faire et d’une expertise internationale, Irstea a transféré dès 2001 cette technologie de laboratoire sur des machines de tri : on a commencé par les fruits afin de mesurer leur teneur en sucre, puis on s’est presque naturellement « attaqué » au tri des déchets (voué à un bel avenir), avec un partenaire se développant sur ce secteur, la société Pellenc ST (voir Tri optique des déchets : Mistral, ce n'est pas "du vent").
Différencier et trier en un temps record, les déchets plastiques et organiques grâce à la spectroscopie proche infrarouge, relève non seulement du possible, mais va permettre de passer peu à peu d'un tri artisanal, à un tri industriel des déchets, avec les succès que l'on connait. Tel est le résultat des travaux de recherches appliquées d’Irstea (développés avec la société Pellenc ST).
Une recherche appliquée remarquée, puisque Jean-Michel Roger et Véronique Bellon-Maurel, chercheurs à Irstea, sont les lauréats 2016 du 1er prix FIEEC de recherche appliquée (la Fieec est une fédération de l'industrie rassemblant 22 syndicats professionnels dans les secteurs de l’énergie, des automatismes, de l’électricité, de l’électronique, du numérique et des biens de consommation, ndlr), un prix qui a été remis aujourd'hui, à l’occasion des Rendez-vous Carnot 2016. Cette récompense s’accompagne d’une gratification de 10 000€ et honore chaque année des chercheurs académiques qui se sont impliqués dans le processus de transfert de connaissances et de savoir-faire avec les entreprises. Il leur est remis symboliquement, à l’occasion des Rendez-vous Carnot, un événement consacré au rapprochement entre la recherche et les entreprises, dans lequel Irstea est fortement impliqué chaque année.
La preuve est faire que la technique SPIR est parfaitement bien adaptée au tri des déchets. Afin de différencier un bois naturel d’un bois peint, ou un déchet organique d’un plastique sur un tapis roulant, la combinaison de plusieurs paramètres comme la composition en eau, la couleur, la comparaison avec les références enregistrées… vont permettre de réaliser un tri optique précis et à très haut rendement. Pour aller plus avant, si aujourd’hui les machines de tri de Pellenc ST scannent via un faisceau lumineux chaque cm2 de matière à trier en moins de 10 microsecondes, vitesse indispensable à une cadence industrielle, c’est, en partie, grâce à la spectroscopie proche infrarouge et aux travaux de recherches appliquées développés au centre Irstea de Montpellier.
« Irstea, labellisé institut Carnot, a une longue expérience de recherche partenariale avec des acteurs privés et publics. Nous sommes heureux de recevoir ce prix qui souligne notre recherche partenariale, créatrice d’innovation et génératrice de retombées économiques », a immédiatement indiqué Véronique Bellon Maurel, directrice du département Ecotechnologies d’Irstea, tandis que Jean Hénin, qui dirige la société Pellenc ST a pu confirmé que depuis sa création, « la recherche est partie intégrante de la stratégie de l’entreprise, qui y a investi 10 à 15 % de son chiffre d’affaires tous les ans ».
C’est d’ailleurs pour cela « que nous nous sommes engagés dans différents projets de R&D en partenariat avec des organismes de recherche publics tels que Irstrea (anciennement Cemagref, ndlr). La relation privilégiée entretenue depuis de nombreuses années entre Antoine Bourely, notre directeur scientifique, et Véronique Bellon-Maurel ainsi que Jean-Michel Roger sur la thématique de la spectroscopie infra-rouge nous a permis d’acquérir tout d’abord le savoir-faire dans cette technologie pointue, puis plus récemment de réaliser d’importantes avancées technologiques dans nos matériels et nos méthodes de traitement des données, au cœur de nos produits actuels. Nous nous réjouissons donc de ce prix qui vient récompenser l’investissement de toute une équipe »…
Jamais deux, sans trois, dit le proverbe... En 2008, en effet, Véronique Bellon-Maurel, responsable de l’équipe et aujourd’hui directrice du département Ecotechnologies, s’est vue décerner le prix Tomas Hirschfeld pour sa contribution à la science de la spectroscopie proche infrarouge. Huit ans plus tard, au printemps dernier, le prix récompense à nouveau l’expertise Irstea en la personne de Jean-Michel Roger, chercheur spécialisé en chimiométrie (traitement des spectres) vice-président de l’association française HelioSPIR – réseau scientifique de spectroscopie proche infrarouge, qui a rejoint l’équipe d’Istrea en 1998 : il participe notamment à la conception de spectromètres portables ou en ligne, requérant le développement d’une méthode chimiométrique spécifique aujourd’hui largement utilisée dans le tri des déchets. Le prix remis aujourd’hui est donc le second de l’année pour cette équipe de recherche du centre Irstea de Montpellier, qui a acquis un savoir-faire et une expertise en application de la spectrométrie proche infrarouge, reconnus à l’international.