Déchets : la valorisation certes, mais pas que...
Les objectifs poursuivis par les politiques publiques, en Europe comme en France, sont largement partagés par les professionnels de la gestion des déchets : dans un monde où la ressource tend à se raréfier, les logiques d’économie et de récupération deviennent évidentes. De même, la nécessaire protection des populations et de l’environnement, quel que soit le mode de traitement adopté, constitue un impératif. Problème : cette logique de déploiement de la stratégie de gestion durable des déchets bute sur des difficultés pratiques non négligeables. En France particulièrement, la nécessaire acceptabilité des installations est loin d'être une partie de plaisir...
Alors qu’il y a urgence, puisque 2/3 des départements français présenteront d’ici quelques années un déficit de leur capacité de traitement, la construction de nouvelles installations dépendent d’abord d’une problématique d’acceptabilité, plutôt que de la disponibilité de solutions réalistes de valorisation / élimination des déchets. Pour la Fnade, qui a tenu le 24 juin dernier son congrès annuel, "cette situation ne concerne pas la seule gestion des déchets et les conséquences sont particulièrement lourdes car elles incitent à des choix qui ne répondent pas réellement aux besoins de traitement".
Selon la Fédération, l’hostilité des populations à l’encontre des installations de traitement des déchets tient d’abord au "syndrome Nimby", abondamment décrit depuis de nombreuses années, qui conduit à refuser toute gêne ou nuisance à proximité de son domicile (voir ici). Le Nimby est, d’une certaine façon, porté par les mécanismes de concertation, dans la mesure où ils permettent de donner libre cours à toutes les hostilités et les légitiment au nom du caractère intrinsèquement démocratique du processus. Toujours d'après la Fnade, cette hostilité se traduit par plusieurs conséquences pratiques :
La première est le renchérissement des études techniques : on estime qu’il faut désormais 100 études pour obtenir une trentaine de demandes d’autorisation d’exploiter dont ne résultera finalement qu’un seul site. Au total, le coût des phases préalables à la construction des installations s’est ainsi accru en moyenne de 45% en 10 ans.
Deuxième conséquence : la logique de valorisation est considérée comme le sésame, notamment parce qu’elle permet d’éviter, au moment des débats, la solution d’élimination, qui cristallise de nombreuses oppositions. A contrario, bien que la valorisation énergétique via l'incinération soit réelle (puisqu’une usine traitant 50 000 tonnes de déchets par an peut chauffer 5 000 logements), le traitement thermique est souvent rejeté au bénéfice de solutions de valorisation plus complexes, et souvent plus aléatoires.
Or, pour les ordures ménagères, même un tri drastique ne lève pas l’impératif d’élimination d’une fraction résiduelle. "La logique de valorisation doit donc être privilégiée, mais elle ne doit pas conduire à réaliser, au seul motif qu’elles seront plus acceptables, des installations qui ne répondent pas à la totalité des enjeux du traitement des déchets", conclut la Fédération.