Déchets ménagers : du rififi à Napoli !
Naples croule sous les déchets ; pour résoudre la crise, le gouvernement a pris des mesures étant entendu que dans un premier temps, il faut transférer ces immondices. Et c’est là que le bât blesse : personne n’en veut… et pour les courageux qui ont osé dire oui, les menaces pleuvent...
Apparemment, les Napolitains ne peuvent guère compter sur la solidarité nationale pour résorber les 120 000 tonnes d'ordures qui jonchent les rues de Naples et l'arrière-pays depuis Noël. Six régions ont d’ores et déjà refusé de recevoir des déchets en provenance de Campanie, laquelle est saturée : les modes de traitement sotn au bout du rouleau. Et les présidents de celles qui ont donné leur accord au gouvernement doivent faire face à de fortes oppositions locales, voire à des menaces de mort.
L'arrivée par la mer d'un premier chargement de 1 500 tonnes en Sardaigne a provoqué de violentes échauffourées à Cagliari dans la nuit du 11 au 12 janvier. Un millier de manifestants s'en sont pris aux camions de déchets et à la résidence du président de la région, Renato Soru (centre-gauche). Les heurts avec la police ont fait une vingtaine de blessés. Neuf "casseurs" ont été interpellés au cours du week-end. La protestation s'est déplacée, dimanche, en Sicile, où un bateau de déchets a été déchargé près d'Agrigente, malgré un barrage mis en place par des habitants. Dans les Pouilles et les Abruzzes, des manifestations hostiles ont devancé l'arrivée des convois et des cordons se sont organisés à l'entrée des décharges prévues. En Emilie-Romagne, le maire d'Imola, commune qui doit accueillir une partie des 5 000 tonnes acceptées par la région, a reçu des menaces de mort.
Dans le nord, la Ligue du Nord refuse toute forme de collaboration : "Au nom de la solidarité, nous devrions prendre la situation en charge en attendant la prochaine crise ? Non merci", affirme l'ancien ministre Roberto Maroni. Dirigée par le centre-droit, la Lombardie subordonne son aide à des "conditions économiques et environnementales" draconiennes. Dans le Piémont, des dirigeants locaux s'opposent à la décision de la présidente de la région, pourtant du même bord politique : "Nous touchons le fond, il faut retrouver le sens de l'Etat, s'est indignée Mercedes Bresso dans le quotidien La Stampa. Au nom de peurs presque toujours infondées et de la défense d'intérêts personnels ou locaux, les groupes politiques, les diverses associations et même l'Eglise ont toujours cherché à renvoyer ou transférer le problème - en Allemagne, en Suisse, n'importe où mais loin de chez soi - pour ne pas avoir à s'en occuper."
Le chef du gouvernement, Romano Prodi, s'est insurgé contre ce manque de coopération : "Nous sommes tous Italiens, a-t-il déclaré. Nous sommes un pays civilisé, s'il existe des points de faiblesse, nous devons chercher à soulager la souffrance de ceux qui en sont victimes." Il semble avoir été entendu par son prédécesseur, Silvio Berlusconi : le chef de Forza Italia s'est déclaré, dimanche, en faveur d'une "collaboration", non sans avoir regretté que la crise des ordures de Campanie ait "relégué l'Italie au niveau d'un pays du tiers-monde".
En fin de semaine dernière, une manifestation organisée par les partis de droite a réuni près de 10 000 personnes, à Naples, devant le siège de la région, pour demander la démission de son président de centre-gauche.