Déchets mercuriels : un traité international voit le jour
Ce 18 janvier, à Genève, plus de 130 nations ont adopté le premier accord mondial sur le mercure, une substance que l’OMS classe parmi les "10 produits chimiques ou groupes de produits chimiques extrêmement préoccupants pour la santé publique". Une grande victoire est l’interdiction de l’extraction de mercure, même si elle ne sera effective qu’en 2025. La majorité des produits en contenant sont appelés à disparaître : piles, batteries, lampes basse consommation, interrupteurs, appareils de mesures, savons ou crèmes. De même, l’utilisation du mercure sera prochainement exclue des procédés de production de divers produits (chlore-soude, pesticides et biocides, acétaldéhyde, vinyles monomères, etc.)...
La nouvelle convention a pour objectif de réduire la production et les utilisations du mercure lors de la fabrication de produits et lors de processus industriels, en particulier. Elle règle également la question du stockage et du traitement des déchets. La cérémonie diplomatique de signature officielle du traité aura lieu en octobre prochain dans la ville japonaise de Minamata, où l’un des pires cas de pollution par le mercure a eu lieu il y a plus de 50 ans, entraînant de graves effets sur la santé de la population locale.
Dans un communiqué, la Commission européenne salue "la conclusion fructueuse des négociations multilatérales pour faire face à la menace planétaire que représente le mercure pour la santé humaine et l'environnement". Ce processus fait suite à la décision du Conseil d'administration du PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement), en février 2009, d'élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur le mercure et à la création ultérieure d’un comité international de négociation en vue de mettre au point le texte d'un traité sur le mercure, qui a tenu sa dernière réunion mi-janvier (voir notre article : Déchets de mercure : une convention bientôt finalisée)...
"Nous sommes parvenus à un accord environnemental solide, équilibré et dynamique. Je souhaite féliciter tous les partenaires de cette négociation qui ont rendu ce succès possible. Bien que l'Union Européenne ait une stratégie globale pour le contrôle du mercure, à tous les stades de son cycle de vie, de tels contrôles font malheureusement défaut dans de nombreuses parties du monde. Ce nouveau traité sera bénéfique à toutes les populations du monde, y compris les citoyens de l’UE, compte tenu de la longueur des distances que le mercure peut parcourir dans les airs. Les femmes enceintes, les nourrissons et les enfants sont particulièrement vulnérables au mercure dans la chaîne alimentaire et ce traité entraînera une baisse significative de leur exposition à cette substance toxique", a déclaré Janez Potočnik, Commissaire européen chargé de l'environnement
Le traité couvre tous les aspects du cycle de vie du mercure, de l'extraction minière à l'élimination des déchets. Il contient également des dispositions commerciales, des règles concernant l'orpaillage artisanal et à petite échelle ainsi que les produits contenant du mercure et les émissions de mercure dans l'atmosphère. Il contient également des dispositions permettant l'évolution future du traité sur le mercure afin de prévoir d'autres actions ciblées. "Il serait irréaliste de s'attendre à ce que plus de 100 pays dans le monde, avec des économies et des conditions de vie très différents de celles que connaissent les citoyens européens, soient simplement à la hauteur de nos normes environnementales ici et maintenant. Toutefois, le nouveau traité constitue un incitateur puissant à l'abandon complet du mercure et nous sommes fiers de voir que de nombreux concepts et idées défendus par l'Union Européenne ont été repris dans le texte. L'UE s'est battue pendant près de 7 ans pour qu'un traité international sur le mercure voie le jour, et nous y sommes désormais parvenus", a ajouté le Commissaire Potočnik.