Déchets nucléaires : la grande arnaque du recyclage ?
Hier matin, 3 activistes de Greenpeace se sont enchaînés au portail de l'usine Areva située à Tricastin, dans la Drôme (26). A quelques mètres de là, 4 autres militants se sont fixés à un cône en béton lui-même accroché à la voie ferrée. Leur objectif : empêcher le départ d'un train chargé de déchets nucléaires français, bloqué à quelques mètres de là, de l'autre coté de la grille. Ce convoi était censé traverser toute la France pour arriver au port de Cherbourg, dans la Manche (50). Là, le Kapitan Kuroptev, navire appartenant à une compagnie russe, devait charger ces déchets avant de prendre la direction de Saint-Pétersbourg...
"Là-bas, en Russie, Areva et EDF prétendent que ces déchets sont revalorisés, afin d'être ensuite rapatriés en France puis réintroduits dans les centrales. En réalité, il n'en est rien", dénonce l'association écologiste. Dans les faits, ce sont des milliers de tonnes d'uranium appauvri qui s'entassent en Russie et qui ne seront jamais enrichies. Dans un rapport publié en décembre dernier par Greenpeace les chiffres sont accablants : depuis 2006, 33 000 tonnes d'uranium ont été exportées vers la Russie alors que seules 3090 tonnes d'uranium font le chemin inverse...
"Après être intervenu plusieurs fois en fin de parcours à Cherbourg lors du dernier convoi, nous montrons cette fois notre détermination dès le départ du train", déclare Yannick Rousselet, en charge de la campagne Nucléaire de Greenpeace. "Il faut que ces exportations cessent. Nous demandons aux pouvoirs publics d'imposer un moratoire immédiat sur ces convois honteux !"
Areva affirme que les déchets nucléaires sont recyclables à 96%. Une fois coupé et dissout, le combustible irradié se divise en 3 catégories : environ 95% d'uranium, 1% de plutonium et 4% de déchets ultimes. Aujourd'hui seule une partie du plutonium est effectivement réutilisée pour produire un nouveau combustible, baptisé le Mox. Les 4% de déchets ultimes sont vitrifiés et stockés. Restent donc la majeure partie : l'uranium de retraitement, qui représente 95% du résultat du retraitement. C'est cette matière qu'Areva et EDF expédient en Russie.
Greenpeace est mobilisée depuis longtemps pour arrêter ces exportations qui ont démarrées dans les années 1970 ; la première interpellation date de 1984. Cette année, l'association écologiste est intervenue à 3 reprises à Cherbourg le 24 janvier dernier. Greenpeace mobilise l'ensemble des citoyens pour que Jean-Louis Borloo décrète un moratoire sur ces expéditions de déchets nucléaires en Russie (voir notre article) ; plus de 5 600 citoyens ont déjà envoyé un message au Ministre du Développement durable.