Déchets plastiques : la Thaïlande se met en ordre de bataille
« Le programme de Gestion des Déchets Plastiques 2018-2030 intègre en effet un plan ambitieux qui prévoit l’utilisation de 100% du plastique recyclé d’ici à 2027 et ce sous de nombreuses formes, dont la transformation des déchets en énergie ». Plus question d'assister au gâchis de matière, et encore moins à la dispersion de celle-ci sous forme de déchets plastiques qui polluent allègrement terres et mers. C'est en substance ce qu'a indiqué l’assistant du porte parole du gouvernement, le Colonel Athisit Chainuwat.
Quatre familles d'objets en plastique à usage unique seront bannis d’ici 2022. Les sacs légers (moins de 36 microns d’épaisseur), et la vaisselle jetable à emporter en styromousse vivraient leurs dernières années. Les gobelets et pailles en plastique sont compris dans le lot des interdictions à venir, avec néanmoins des exemptions notamment pour les personnes âgées, les patients et les enfants.
Cette politique montre un changement de trajectoire assez radical, tout comme la volonté du gouvernement d'enrayer un phénomène dommageable : la prolifération des objets et emballages en plastique qui ne sont pas nécessairement valorisés ; ces mesures viennent en tout cas compléter la récente trajectoire visant l'interdiction de l’importation des déchets plastiques. Le ministère thaïlandais des Ressources naturelles et de l’Environnement, dirigé par le Général Surasak Karnjanarat qui considère que « les questions d’environnement et de santé publique doivent passer avant le profit et le développement industriel », compte en effet proposer au gouvernement d’en interdire totalement l’importation à compter de 2020, ce qui aurait pour effet d'augmenter le taux de recyclage des déchets plastiques produits dans le pays (environ 2 Mt de déchets plastiques sont produites chaque année, quand le recyclage ne concernerait que 500 000 t) et par conséquent de limiter considérablement les tonnages qui ne connaissent aucune forme de valorisation.
Si les plastiques sont clairement dans le collimateur, il n'en est rien des aciers, cuivres et autre aluminiums qui pourront être introduits sur le territoire national à des fins industrielles, à condition toutefois qu'ils n'y parviennent pas en mélange avec d'autres matières....
Dès 2018, alors que ces mesures à venir se profilaient, les industriels du recyclage avaient manifesté leur inquiétude auprès des pouvoirs publics, notamment au regard de la courte période de transition prévue pour prendre le virage imposé, faisant valoir par ailleurs que les déchets plastiques importés sont meilleurs marchés et de meilleure qualité que les déchets plastiques domestiques. « Je n’ai aucun doute quant à la rentabilité du recyclage des matières plastiques et des pièces électroniques usagées, certains chefs d'entreprise pouvant même tirer beaucoup de profits de cette activité. Mais... Qu’est-ce que le pays gagnera de leur prospérité lorsque notre environnement sera pollué et que la population en souffrira ? », avait interrogé le Général et Ministre, qui avait invité les opérateurs « de s’adapter aux changements réglementaires nécessaires », étant entendu qu'ils seront autorisés à demander des amendements « s’ils disposent de méthodes efficaces pour contrôler la pollution et les impacts environnementaux de leurs activités »...