Déchets plastiques : l'océan trinque, encore et toujours...
Depuis des décennies, l’océan est devenu le grand dépotoir de l’activité humaine. L’augmentation exponentielle du nombre de déchets aquatiques est directement liée à nos habitudes de consommation. Principalement issus de l'intérieur des terres, les déchets poursuivent leur route dans les cours d'eau ou sont transportés par le vent, pour finir sur les littoraux et dans la mer. D'après le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), 206 kg de déchets plastiques sont déversés chaque seconde dans les océans (!!!), et tous sont d’origine humaine (voir notre article)...
Le groupe d’expert des Nations Unies sur les pollutions marines estime que 80% des déchets aquatiques viennent de l’intérieur des terres. Ils sont jetés en amont, dans les villes ou villages, ou s’échappent des filières de collecte et arrivent dans les océans par les cours d’eau. Les 20% restants sont abandonnés sur les rivages ou sont rejetés directement en mer par les activités maritimes (transport maritime, plaisance, pêche, ostréiculture, activités nautiques...).
Les déchets visibles ne sont que la partie émergée de l'iceberg, la plupart d'entre eux terminant leur course au fond des océans ou en formant un "continent" de déchets. Depuis plus de 10 ans, l'Algalita Marine Research Foundation observe et réalise un suivi régulier de l'un de ces plus gros "continents" : le Great Pacific Garbage Patch. Sous l'effet des courants marins giratoires (appelés 'gyres'), les déchets provenant des littoraux et des navires flottent pendant des années avant de s'accumuler en un même lieu. La taille de cette grande plaque du Pacifique aurait triplé depuis les années 90 et s'étendrait maintenant sur 3,43 millions de km², soit le tiers de l’Europe ! On estime que cette accumulation de déchets totalise un poids de 3,5 millions de tonnes et compte jusqu'à 750 000 débris par km². Un phénomène similaire a été découvert dans l’Atlantique (voir notre article) et les scientifiques révèlent qu’il existerait 5 zones d’accumulations (voir ci-dessous). "70% de ces déchets finiront par couler participant ainsi à l’asphyxie des fonds marins, en empêchant les échanges entre les fonds et la colonne d’eau. Ils sont alors à l’origine de leur érosion", dénonce l'association Surfrider.
60 à 90% des déchets que l’on retrouve dans l'océan sont composés de plastique. Selon Greenpeace, sur les 100 millions de tonnes de plastique produit chaque année, près de 10% finissent dans les mers du globe... C'est un fait avéré, les déchets aquatiques en général et le plastique en particulier causent de nombreux dommages à l'environnement marin. Certaines espèces comme les mammifères marins, les tortues ou encore les oiseaux, peuvent mourir par étranglement ou immobilisation liés à ces déchets. La particularité des composés plastiques est qu’ils ne sont pas biodégradables. Sous l'action des vagues, des courants et du soleil, ils se fragmentent en des minuscules morceaux, appelés 'micros plastiques' ; il est alors impossible de les retirer du milieu marin. Ces micros plastiques ou "plancton plastique" peuvent bloquer les systèmes digestifs respiratoires de certains organismes marins.
Rappelons au passage que le plastique n’est pas inerte. En se décomposant, il peut libérer les substances toxiques qui rentrent dans sa composition (tels les phtalates, les biphényls comme le bisphénol A qui sont des perturbateurs endocriniens). Le micro plastique sert de support pour l'accumulation de produits chimiques hydrophobes comme les PCB et d’autres polluants qui peuvent se révéler à terme dangereux pour la santé humaine. Il peut également servir de moyen de transport pour les espèces invasives qui voyagent ainsi sur de très longues distances. Il est à craindre qu’à long terme, les micros plastiques rentrent dans la chaîne alimentaire s’invitant ainsi dans nos assiettes par l’intermédiaire des poissons, crustacés, etc.
En rapport direct avec le sujet, nous vous renvoyons à la lecture de notre exposé : Pollution : les déchets plastiques inquiètent de plus en plus.