Déchets pyrotechniques : halte aux feux!
Incidents et accidents n'ont rien de virtuel
Si les équipements pyrotechniques (feux à mains, fumigènes et fusées parachutes) sont obligatoires dans les navires de plaisance, ils peuvent poser problème lorsqu’ils ne sont pas éliminés correctement : ils ont d'ailleurs été responsables de plusieurs départs de feux aux conséquences importantes tant sur le Centre d’Enfouissement d’Espira de l’Agly, qu'à l’usine d’incinération de Calce. Une fois arrivés sur ces centres de traitement, et sous l’effet d’un broyeur ou de la compression des engins de terrassement, ils se sont déclenchés et ont engendré des incendies. Ce fût le cas à plusieurs reprises dans le département des Pyrénées-Orientales, pouvant aller jusqu’au blocage complet de la chaîne globale de gestion des déchets.
Idem dans le Morbihan. Convaincue de la nécessité de capter ces équipements à part, de manière à éviter des incidents qui pourraient se révéler gravissimes, la Compagnie des Ports du Morbihan a organisé elle aussi, une campagne de collecte, enlèvement et traitement des engins pyrotechniques périmés, lors du week-end de l’Ascension 2015. Les plaisanciers pouvaient déposer leurs feux à main, fusées parachutes et fumigènes sur les ports collecteurs, dans la limite d’un coffret par plaisancier : 8 ports ont assuré cette collecte, afin d’offrir un service de qualité aux usagers...
De l'organisation locale, à un dispositif national...
Du fait de l’absence d'un système de récupération adapté, et compte tenu des enjeux importants que représente la sauvegarde des outils départementaux de transport et de traitement des ordures ménagères et assimilées, le Sydetom 66, a délibéré pour agir au plus près des plaisanciers et tenter de capter ce gisement...
Si les élus du Sydetom 66 (Syndicat départemental du traitement des ordures ménagères des Pyrénées-Orientales) n'ont pas vu "rouge", ils ont pris le taureau par les cornes et ont adopté dans le cadre d'une délibération organisée en 2013, la mise en oeuvre d'une collecte spécifique de ces équipements pyrotechniques périmés, en partenariat avec les capitaineries et des magasins d’accastillage, sur toute la façade maritime du département, afin d'évaluer le gisement.
Le bilan est sans appel : si le nombre d'incidents a drastiquement baissé à la suite de cette initiative, le problème restait entier, d'où la question qui a suivi. Que faire à plus grande échelle, pour éviter les risques évidents et la présence de ces déchets dangereux dans les gisements des ordures ménagères? Le Sydetom 66 n'a pas été le dernier à militer pour la création d'un éco-organisme dédié, puis a attendu la création effective d'une structure garantissant la reprise de ces engins.
L'attente n'a pas été trop longue, puisque sous l’impulsion de la Fédération des Industries Nautiques, le 6 décembre 2015, était constituée l’Association pour une Plaisance Eco-Responsable pour les produits Pyrotechniques (Aper-Pyro), qui a pour objet d'organiser et d'animer la filière à responsabilité élargie des producteurs de la pyrotechnie dans le secteur du Nautisme, laquelle a été agréée moins de trois semaines plus tard, le 22 décembre, en tant qu’Eco-Organisme par arrêté du Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie.
De manière très classique dans le cadre des REP, ses adhérents sont les metteurs sur le marché des produits pyrotechniques à destination des plaisanciers : ils financent l’ensemble du dispositif à travers une cotisation annuelle, basée sur un barème d’éco-participation, qui permet la prise en charge de la totalité des coûts de collecte et traitement, tandis que le principe du « un pour un » s’applique désormais aux feux de détresse périmés.
Le Sydetom 66 s'étant posé en acteur engagé dans ce combat, il sera le premier territoire pilote, à travailler sur l'ensemble de la bande littorale des Pyrennées Orientales, et de manière très officielle avec l'éco-organisme, ce qui permettra à ce dernier de tester son dispositif national de récupération des feux de détresse périmés sur un territoire acquis à sa cause et particulièrement impliqué dans cette problématique. Ce qui ravit les élus du syndicat : ils vont en effet pouvoir « passer le relais » à un organisme compétent et ainsi de ne plus avoir à financer directement la collecte et le traitement de ces déchets au statut particulier.
Les feux de détresse périmés repris dans le cadre du « un pour un » (cas du renouvellement des équipements de sécurité) et donc dans le cadre du fonctionnement normal d’Aper-Pyro.
Les feux de détresse périmés stockés par les plaisanciers qui attendaient une solution adaptée pour s’en débarrasser (et ce sans obligation d’achat dans le cadre du « un pour un »).
Après le 18 juin, chaque plaisancier devra déposer ses feux de détresse périmés dans les magasins d’accastillage dans le cadre du « un pour un » (un feu neuf acheté, un feu périmé récupéré gratuitement).