Coût de l’enlèvement du tas, 9 millions d’euros. A défaut de mettre les pieds dans la fourmilière, le maire de Limeil-Brévannes, Joseph Rossignol, met les pieds dans le plat : 20 ans de négligences, un monticule de 25 mètres de haut, de l’ordre de 150 000 tonnes de déchets, plusieurs départs de feu, des responsables qui ne prennent pas leurs responsabilités, c’est trop ! Aussi, il a saisi Nathalie Kosiusko-Morizet, la ministre de l’Environnement, Nathalie afin d’obtenir de l’Etat l’évacuation du dépotoir installé sur le site de la société LGD Développement…
20 ans de négligences, 10 ans de combat, et le tas est toujours là… Quant au maire, il est las, et plus que ça ! Plastiques, pneus, appareils ménagers et autres détritus constituent le dépotoir et défigurent l’horizon de la commune de Limeil-Brévannes dans le Val-de-Marne. Une société est directement visée, LGD Développement. L’entreprise spécialisée dans le retraitement des déchets a investi le site dès l’an 2000. Mais depuis 2010 et sa dissolution, plus personne ne s'occupe de la décharge. Le monticule atteint 25 mètres de hauteur, l'équivalent d'un immeuble de six étages, et s'étale sur une centaine de mètres. La mairie estime qu'il y a 150 000 tonnes de déchets, soit 10.000 m3. Mais selon Jean-Claude Peter, directeur de l’Association de Défense des Riverains pour l’Environnement de la Rue Albert Garry (ADRERG), on approche des 200 000 tonnes. Une route nationale, la RN10, a même été construite en bordure de la décharge. Le risque d'éboulement a empêché son ouverture, et l'empêche toujours. Et ce n'est pas tout. La détérioration des ordures produit du méthane en grande quantité. Conséquences: le Volcan s'enflamme régulièrement et rejette une épaisse fumée, provoquant maux de tête et maux de gorge, selon les riverains qui ont surnommé ce bazar « le Volcan », parce qu’en plus, il prend feu… Pour le découvrir, il paraît qu’il faut suivre la fumée noirâtre qui flotte au loin…
L’histoire ne date pas d’hier. Elle remonte à la création de l’ADRERG, dans les années 90. « A l’époque déjà, une société incinérait des déchets illégalement sur ce même site » précise Jean-Claude Peter. Deux procès pour autant d’entreprises plus tard, une nouvelle entité fait son apparition. De 2000 à 2003, le site est exploité sans autorisation par la société LGD. Contre l’avis de la population, le préfet de l’époque lui délivre une autorisation d’exploitation jusqu’en 2005. Les véritables ennuis commencent cette année-là.
Depuis trois ans l’ADRERG envoie des courriers aux différents préfets qui se sont succédés, ainsi qu’à la mairie. Mais les réponses sont aussi différentes qu’évasives ; certains, même, n’hésitent pas à clamer l’intégrité de la société LGD… Ce qui ne manque pas de faire grincer des dents ici et grogner, par là… En 2010 c’est l’apothéose. La société est en liquidation judiciaire. Plus personne ne s’occupe du site, et les incendies s'enchaînent. LGD n’a fait qu’entasser les déchets depuis plusieurs années sans rien traiter en retour. Ce que les riverains dénoncent. La société aurait donc engrangé de l’argent, sans en dépenser. Jusqu’à ce que LGD mette la clé sous la porte, la société était régulièrement mise en demeure par la préfecture, en vain.
Le 18 janvier 2010 l’association de riverains dépose officiellement plainte auprès du préfet. La date du procès, initialement fixée au 2 février 2011, est reportée au 28 juin, c'est-à-dire demain, devant le tribunal correctionnel de Créteil…
Les habitants affichent leur ras le bol : « on a envoyé un courrier à tous les partis politique, sans exception » assure Jean-Claude Peter. « Même au président de la République ». Le contenu? Une pétition de 3000 signatures réclamant l’enlèvement du Volcan, des photos de l’incendie de juin 2011 ainsi qu’une lettre décrivant la situation actuelle. Seul le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) a daigné envoyer des représentants à la réunion publique du 9 juin dernier.
« Le tas ne peut pas rester là », exprime Joseph Rossignol avec véhémence. L’Etat dispose d’un fonds pour aider les collectivités ». L’élu n’accepte pas d’attendre les résultats des mesures prises par le préfet. Les clients de LGD, responsables de leurs déchets, sont recherchés. Du fait de la forte chaleur, le tas doit être copieusement arrosé pour éviter les incendies à répétition.
La procédure annoncée par NKM le lendemain, se borne à reprendre les propositions du préfet Pierre Dartout: sécurisation du site, mise en place de barrières, arrosage continu et récupération des eaux usées. Des solutions provisoires… Rappelons que le préfet a refusé que l’Etat se charge de l’enlèvement des déchets, arguant que l’exploitant était « le responsable de la situation ». Comme la société a été dissoute, il est à craindre que la montagne continuer à agacer avant d’être arasée…