Déchets : quid des nouveaux outils de collecte et de tri ?
C'est un fait : l’évolution du métier de la collecte des déchets est marquée par l’évolution technique des matériels. Les nouveaux outils de collecte et les derniers progrès en la matière étaient justement au coeur d'un atelier lors des 11èmes Assises nationales de la Prévention et Gestion territoriale des déchets, qui se sont déroulées à Paris il y a une quinzaine de jours. En vedette : la déchèterie mobile Moving'Tri de Sepra Environnement, l'expérience nantaise Tri'Sac, et le Groupe Pellenc ST (spécialiste du tri optique)...
Pour les collectivités comme pour les habitants et les commerçants, la gestion des objets encombrants est un véritable casse-tête. Afin de limiter les investissements et d'évacuer tout problème lié au lieu d'implantation d'une déchèterie fixe, la société Sepra Environnement (basée dans le 42) a eu l'idée d'un équipement totalement nouveau dans le domaine de l'environnement : la déchèterie mobile Moving'Tri. Au contraire de la déchèterie fixe vers laquelle l'utilisateur doit se déplacer, celle-ci va au devant de la population : le grand public bénéficie ainsi d'un service de collecte à quelques centaines de mètres de chez lui.
Moving'Tri se compose d’une remorque dotée de 5 bennes de 6 m3 et d'une autre de 30 m3 compartimentée ; ces 6 bennes permettent d'accueillir de façon sélective 6 familles de déchets et matériaux : métaux, végétaux, bois-palettes, électroménager, tissus-matelas et papier-carton. "Installée sur la place d'un village ou d'un quartier, au bas d'un ensemble immobilier ou près d'une surface de vente (espace nécessaire : 200 m²), cette déchèterie mobile peut rester en place de quelques heures à une journée complète, en fonction des souhaits du client", explique Aymar de Seroux, PDG de Sepra Environnement. Une fois remplies, les bennes sont livrées à l'organisme collecteur partenaire du client. D'un point de vue technique, la remorque se déplie comme un portefeuille afin de mettre en place une plateforme. Un grutier dépose les fameuses bennes de chaque coté d’une rampe d’accès pouvant accueillir des véhicules légers (jusqu’à 3,5 tonnes). Toutes ces opérations sont réalisées grâce à des technologies hydrauliques et radiocommandées. La largeur de la plateforme permet l'ouverture des portières sans aucune gêne dès l'immobilisation du véhicule ; l'utilisateur peut alors commencer à trier ses déchets dans les bennes appropriées.
"Grâce à sa souplesse d’utilisation, sa mobilité et ses multiples capacités d’adaptation aux contraintes actuelles, Moving'Tri est l’outil de collecte de proximité idéal", se félicite M. de Seroux. Ceci explique pourquoi Moving-Tri a suscité un vif intérêt de la part de différentes catégories d'utilisateurs, à savoir : les communes, les structures intercommunales, les entreprises privées de collecte des déchets, ou encore les surfaces commerciales spécialisées. Le client utilise sa déchèterie mobile suivant ses besoins ; il lui suffit de communiquer à la population les jours, heures et lieux de stationnement de l'équipement et l'inciter à l'utiliser. Pour plus d'informations, nous vous renvoyons à la lecture de notre exposé : Tri, recyclage et compostage : avec Sepra, c'est pratique !.
Autre exemple de nouvel outil de collecte et de tri qui a fait ses preuves : le système Tri'Sac de Nantes Métropole (mis en place depuis novembre 2006), dont nous vous avons déjà parlé à maintes reprises sur ce site (voir notre article : Nantes Métropole : Tri'Sac casse la baraque !). Comme l'explique Camille Durand, Président d'honneur d'Amorce et ancien premier Vide-président de Nantes Métropole, le principe est simple : des sacs de 30 et 50 litres de 2 couleurs sont délivrés aux habitants ; le bleu est pour les déchets non recyclables (sacs et pots en plastique, barquettes alimentaires, déchets alimentaires, couches et autres textiles sanitaires...), et le jaune pour les déchets recyclables (papiers, cartons, briques alimentaires, bouteilles et flacons en plastique, emballages en métal).
Tous les sacs sont collectés et livrés par camion au centre de séparation situé dans l'unité Valoréna (le centre de traitement et de valorisation des déchets urbains de l’agglomération nantaise - voir notre article) ; ils déposés dans la fosse de réception. Celle-ci est équipée d’un fond mouvant alternatif pour alimenter le convoyeur. Les sacs montent ensuite de cette fosse pour aller sur le poste de pré-tri quelques 10 mètres plus haut via le convoyeur principal ; les encombrants ne pouvant être traités par le process Tri'Sac y sont extraits. Etape suivante : un lecteur optique permet de repérer les sacs jaunes circulant sur le tapis et de les séparer des autres sacs. Les sacs bleus sont convoyés vers la fosse de l’usine d’incinération de Valoréna ; ils rejoignent les fours pour être valorisés en énergie qui sera distribuée sur le réseau de chauffage urbain. Les sacs jaunes sont quant à eux stockés dans des bennes qui seront emmenées par camion au centre de tri. Pour information, 3 lignes de tri sont dédiées à cette séparation optique des déchets faisant transiter jusqu’à 15 tonnes de déchets par heure sur l’installation.
Ce concept (inspiré d'un système suédois) permet ainsi de ne pas multiplier les bacs, ni les collectes. En effet, à Nantes, la ville centre a un habitat dense, avec des trottoirs parfois étroits et les parties communes des immeubles réduites : la mise en place de nouveaux conteneurs n'est donc pas aisée. Autre avantage : le geste de tri de l'usager est simplifié (pas de jour spécifique de collecte, un seul bac). Les résultats obtenus montrent que le système est aujourd'hui bien utilisé par les usagers : les tonnages livrés au centre de tri sont en constante augmentation (aprèsn avoir doublé entre novembre 2007 et novembre 2008 : 850 tonnes - 1 900 tonnes) et le geste de tri est bien intégré par les habitants (les résultats obtenus sont conformes aux objectifs fixés qui sont de 45 kg de déchets recyclables collectés par an et par habitant).
Terminons enfin avec une entreprise dédiée au développement de solutions de tri optique : Pellenc Selective Technologies, représentée lors de l'atelier par Frédéric Demarez, Directeur Stratégies et Filières au sein du Groupe. Pionnier dans le tri automatique des déchets ménagers et industriels, Pellenc ST s’est imposé comme leader sur le marché de la régénération après seulement 7 années d’existence. Ses machines de tri sont présentes dans plus de 40 pays à travers le monde et participent à l’accomplissement des directives écologiques en matière de traitements des déchets. A l’aube du tout recyclé, les déchets sont pour le Groupe les matières premières de demain, c'est pourquoi il mise sur la valorisation matière (extraire les valorisables des flux ménagers et industriels, valoriser les plastiques et les papiers en leur donnant une seconde vie, épurer un flux de métaux en retirant les contaminants, la valorisation énergétique (préparer des fractions combustibles pour l'incinération) et la valorisation biologique (épurer un flux organique pour obtenir un compost de qualité). Les technologies utilisées pour trier les déchets sont principalement issues de l’optique et de l’analyse spectrométrique des objets, à savoir : le proche infra-rouge pour différencier les matières entre elles ; le moyen infra-rouge pour séparer les qualités de papiers ; la vision pour distinguer les plastiques par couleur ; l’induction pour récupérer les métaux ferreux et non ferreux. M. Demarez souligne que le tri optique est notamment une solution innovante pour récupérer les valorisables d'un flux de déchets industriels et de démolition.
Les déchets industriels constituent depuis longtemps une des premières sources de matière recyclable (métaux, puis papiers cartons, bois et plastiques). Ils sont en effet largement constitués de matières hautement recyclables. Le taux de recyclage de ces déchets dépasse dans certains pays les 50%. Tout d’abord, ce sont les gisements propres bien identifiés et en quantités suffisantes qui ont été ciblés pour le recyclage. Compte tenu de la trop grande valeur énergétique des autres déchets industriels, la solution d’incinération des déchets municipaux est limitée. Le tri automatique appliqué aux déchets industriels est plus récent. Les conditions économiques et techniques n’étaient pas encore réunies. En effet, aujourd'hui, les contraintes de la mise en décharge en Europe encouragent le développement de solutions alternatives comme le tri et l’utilisation de combustibles de substitution. Les solutions de tri automatique Pellenc ST permettent de trier économiquement des matériaux pour le recyclage (papiers cartons, plastiques) et deviennent indispensables pour l'élaboration d'un combustible de substitution (CDD) répondant aux besoins des utilisateurs tels que les cimentiers. Quant aux déchets de construction et de démolition, ils sont principalement constitués de matériaux inertes, mais ils contiennent aussi d’autres matériaux tels que bois, plastiques, papiers cartons, métaux ferreux et non ferreux. Le tri automatique Pellenc ST permet de trier les plastiques, les métaux pour une valorisation matière, étape également incontournable à l'élaboration d'un CDD répondant aux besoins des utilisateurs finaux.
Plus précisément, la gamme du Groupe se compose des machines suivantes : Mistral (une machine de tri pour tous les plastiques), Zephyr (une machine de tri papiers, journaux, cartons, cartonettes...), Sirocco (une machine de tri des plastiques par couleur), Bi-Techno (une machine de tri des plastiques par couleur et par matière), et Boreas (une machine pour la séparation des différentes qualités de papiers). A noter : de nouvelles technologies sont en cours de développement au sein de la société. Pellenc ST dispose en effet de son propre département R&D : une équipe de 15 personnes dédiée au développement de nouvelles technologies et d'applications sur le tri de toutes sortes de matériaux. La société se développe également sur des applications différentes de celle du tri des déchets. Pour le développement des nouveaux modèles, les équipes d'ingénieurs sont amenées à travailler en étroite collaboration avec les clients et sur leur site dans des conditions réelles d'utilisation.
En rapport avec l'actualité des 11èmes Assises nationales de la Prévention et Gestion territoriale des déchets, nous vous renvoyons à la lecture de notre article : Le réemploi, ce n'est pas du n'importe quoi !.