Déchets toxiques ivoiriens : Ma Chère Dépollution,...
Le 21 juin dernier, le porte-parole de la présidence de la Côte d'Ivoire, Gervais Coulibaly Delinpelna, expliquait au cours du JT de 20 heures, que l'Etat ivoirien demande simplement à Trafigura le respect de la convention qu'elle a signé avec l'Etat de Côte d'Ivoire. Celle-ci prévoit que l'on doit procéder, sous la responsabilité et aux frais de Trafigura , à la "dépollution complémentaire des différents sites ". Pour sa part, Trafigura a réagi en récusant totalement le rapport d'audit effectué par le Bureau National d'Etudes Techniques et de Développement (BNETD), et le Centre Antipollution (Ciapol) ainsi que l'estimation des coûts de traitement (300 millions d'euros). En attendant, Gervais Coulibaly rappelle que des plaintes en justice peuvent toujours être déposées...
Pour l'instant Trafigura aurait versé 95% des 198 millions de dollars, somme convenue lors de l'accord avec l'Etat ivoiren pour permettre la libération de Claude Dauphin et Jean-Pierre Valentini. Les 5% restants seraient payés à l'ouverture officielle d'une usine de traitement des déchets ménagers prévue au moment de la transaction. Mais, à n'en pas douter, cela va lui coûter bien plus cher...
L'accord indiquait que " la fin des travaux de dépollution sera prise en charge financièrement par Trafigura". Et, Séché Environnement n'ayant pas les autorisations administratives n'a pas pu les achever . Mais bien plus importante est la question qui se pose sur l'étendue de la pollution des déchets toxiques du Probo Koala ?. Et si la nappe phréatique d'Abidjan était polluée ?. D'ailleurs, dans un de ces récents articles, Fraternité Matin rappelle que c'est le début de la saison des pluies.... "Ces derniers jours, des riverains de certains sites pollués et non encore traités, ont commencé à se plaindre de la réapparition d’odeurs liées à ces pluies. S’achemine-t- on encore vers une autre catastrophe sanitaire à Abidjan ? " se demande notre confrère.
Allons, allons, n'allons pas trop vite en besogne. On n'en est pas encore là... Pour le moment, Gervais Coulibaly Delinpelna lors de son entretien au JT de 20 heures explique que Trafigura avait la responsabilité d'assumer "la dépollution complémentaire des différents sites" et qu' elle a " confié cette tâche à la République de Côte d'Ivoire parce que cette société estime qu'elle n'aura pas le temps de rester en Côte d'Ivoire pour faire cela". Il complète par la suite en indiquant que l'Etat a commis le Bnetd et le Siapol pour faire l'étude "Projet de dépollution du district d'Abidjan", précisant que Trafigura a même payé de l'argent à ces organismes pour "mission accomplie". Et, "ce sont les propositions issues de cette étude commanditée par Trafigura qui lui ont été transmises en lui faisant état du montant que le travail de dépollution complémentaire coûterait s'il était accompli en cinq ans. Mais au-delà de cinq ans, ce que cela va coûter de manière forfaitaire ".
Dans ces conditions, Gervais Coulibaly n'a plus qu'a affirmer : " Voilà donc de quoi il s'agit. L'Etat de Côte d'Ivoire n'a rien exigé de Trafigura, mais c'est une partie de la convention et il fallait qu'elle soit appliquée ". Tout cela n'empêche pas le porte-parole de confirmer que "les négociations se poursuivent actuellement avec les représentants du Président de la République et ceux de la société Trafigura tout en rappelant que des actions juridiques peuvent être " entreprises dans un pays autre que la Côte d'Ivoire. En revanche, les victimes ou toute personne intéressée, pourrait actionner la justice contre toute autre société qu'elle estime être responsable dans cette affaire en Côte d'Ivoire ". Les dirigeants de Trafigura sont prévenus : la liberté peut-être..mais pas à n'importe quel prix !
L'indemnisation des victimes a commencé le mercredi 27 juin. Mais des manifestations ont eu lieu pour désapprouver les critères de répartition de l'argent. De plus, des protestations se sont fait entendre pour demander que l'on revoit la liste des bénéficiaires. Ainsi, le 26 juin dernier, les habitants d'Akouédo Extension, à Abidjan, ont barricadé les voies d'accès à la décharge du quartier d'Akouédo (où a été déversée une partie des déchets toxiques) et d'autres quartiers d'Abidjan. Elles ont été dispersées par la police à l'aide de grenades lacrymogènes et de cailloux jusque dans leurs domiciles. Bilan : plus de cinq bébés conduits d'urgence à l'hôpital et deux manifestants copieusement tabassés et embarqués par les policiers. |