Déchets toxiques ivoiriens : Ma chère dépollution, ...suite
On avance semble-t-il dans le deuxième volet de l'accord entre Trafigura et l'Etat ivoirien concernant la dépollution des sites suite au déversement des déchets toxiques du Probo Koala avec la présence à Abidjan depuis le 20 août des représentants de la société Biogénie, et des experts de Burgeap et d'Environ. Mais, sur le terrain la situation est loin d'être résolue. La pollution est toujours présente, l'indemnisation des victimes n'est pas achevée et prend du retard...
Trafigura n'avait pas apprécié et même réfuté l'estimation réalisée par les instances ivoiriennes concernant la dépollution des sites suite au déversement des déchets toxiques du Probo Koala qui s'élevait jusqu'à 300 millions d'euros ( voir ancien rédactionnel). De son côté l'Etat ivoirien rappelait que des actions juridiques peuvent toujours être " entreprises dans un pays autre que la Côte d'Ivoire. C'est le cas en Angleterre ou la Haute Cour de Londres a accepté une plainte d'un collectif de victimes ivoiriennes. En France, une plainte a aussi été déposé en juillet dernier. Le doyen des juges d'instruction suivant les réquisitions du parquet de Paris a estimé que ces constitutions "ne remplissaient pas les conditions du code de procédure pénal sur les délits commis à l'étranger et dont les auteurs ou les victimes sont français".
Au centre des négociations entre Trafigura et l'Etat ivoirien se situe l'évaluation économique de la dépollution et des risques liés au déversement des déchets toxiques.
D'un côté les experts de Burgéap, se référant à un rapport de 2002 réalisé à la demande de la Sodeci, estiment que la pollution chimique de la lagune est antérieure et provient des rejets industriels, de l'activité portuaire. L'auditeur va même jusqu'à envisager que l'emploi de produits phytosanitaires pour une campagne de démoustication pourraient être à l'origine de cas d'intoxications et de pertes en vie humaine : “Rappelons que les produits phytosanitaires utilisés pour le traitement des insecticides contiennent des composés organochlorés dégageant une forte odeur désagréable, voire toxique et que ces mêmes composés auraient été détectés dans certaines analyses des déchets”, ecrit-il dans son rapport. Pourtant, les produits utilisés sont approuvés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et financés par l’Agence française de développement (AFD).
Pour la partie ivoirienne, le rapport d’audit de Burgeap est contestable pour sa "partialité" et son “insuffisance dans ses conclusions”. Alors, même si l'on avance en faveur d'un accord, les négociations sont loin d'être achevées. Selon les ivoiriens, il faut prendre en compte le coût de la gestion des risques liés au déversemnt des déchets toxiques. Cela comprend l'obligation de trouver une source alternative d'alimentation en eau potable d'Abidjan, l'éventualité d'abattage d'animaux et le déménagement de fermes d'élevage, la dépollution des baies lagunaires, des travaux de curage. Sans parler du suivi environnemental à réaliser sur une période de dix ans: contôle de l'impact sur la lagune, la qualité de l'air, la qualité des eaux...
à suivre.