Depuis le temps que cela dure et perdure, l’activité « déchets » de la mafia ne fait pas que des vagues… Depuis plus de vingt ans, des millions de tonnes ont été brûlées ou enfouies de manière parfaitement illégale, par la Camorra, avec à la clé de graves problèmes sanitaires pour les populations voisines de ces agissements et de pollution pour les territoires concernés. Dans une lettre ouverte, le cardinal Crescenzio Sepe et des évêques de la région de Naples dénoncent ce drame humanitaire…
La région dont on parle, tristement célèbre puisqu’elle a été rebaptisée « triangle de la mort » est située dans une zone rurale de la région de Naples. Là, le constat parle de lui-même : le nombre de tumeurs cancéreuses a progressé de 40% chez les femmes et 47% chez les hommes. C’est ce qu’indique l’Institut de cancérologie Pascale.
Là, un business orchestré par des personnages fort peu scrupuleux cause bien des dommages : on estime en effet qu’environ dix millions de tonnes de déchets sont venues contaminer la région depuis 1991. Jusqu’en 2013 inclus ! La Camorra aurait la main mise sur ces activités lucratives de traitement des déchets, normalement règlementées. Sauf qu’avec des complicités bien placées, il est évidemment plus facile de contourner le droit pour en mettre à gauche…
Selon l’association environnementale Legambiente, ce business des déchets aurait généré 43 milliards d’euros en dix ans. Tout aussi grave, dans un rapport d’enquête passé 15 ans sous silence, le commissaire de police Roberto Mancini dénonce « la corruption de nombreux fonctionnaires, magistrats, la participation de multinationales et établissements bancaires »…
Tout ça pour dire qu’en décembre, le gouvernement d’Enrico Letta a adopté un décret destiné à lutter contre ce fléau. Sauf qu’un décret visant des personnages qui contournent et détournent allègrement les lois pourrait ne pas servir à grand-chose. C’est ce qu’ont fait savoir les prélats ; aussi, l'Église fait savoir aujourd’hui au président de la République, Giorgio Napolitano, qu’il est grand temps de mettre fin à un véritable drame humanitaire. Les signataires de la lettre ouverte, envoyée vendredi 3 janvier et publiée sur les sites internet des médias italiens, demandent notamment aux autorités des opérations de dépollution, des contrôles médicaux et la mise sous séquestre des terrains pollués.