Déchets vs. tortues : la décharge de la discorde
La Commission européenne a décidé d'assigner la Grèce devant la Cour de Justice à propos d'une décharge implantée dans une zone de protection de l'île de Zakynthos. Celle-ci est exploitée en violation de la législation de l'UE en matière de déchets et constitue une menace grave pour la santé humaine, l'environnement et, en particulier, la nidification des tortues. La Grèce doit, soit fermer la décharge, soit la mettre en conformité avec la législation de l'Union sur les déchets...
"A mesure que nous nous dirigeons vers une société du recyclage, la mise en décharge ne devrait intervenir qu'en dernier recours, et lorsque la mise en décharge est utilisée, elle ne peut pas se faire au détriment de la santé humaine ou de l'environnement. Pourquoi devrions-nous figurer dans les annales comme une génération qui a détruit l’environnement plutôt qu'une génération qui l'a préservé pour ses enfants ?", s'interroge Janez Potočnik, membre de la Commission chargé de l'environnement.
Le site de mise en décharge est situé dans un parc marin national sur l'île de Zakynthos. Ce parc a été créé pour protéger la tortue marine caouanne ("Caretta caretta"), classée parmi les espèces prioritaires menacées d'extinction. Les préoccupations de la Commission européenne remontent à 2009. En janvier dernier, un avis motivé a été adressé aux autorités grecques, les invitant à prendre des mesures urgentes concernant la décharge (voir notre article), mais les inspections effectuées par les autorités grecques ont confirmé qu'elle était toujours en activité, en violation de la législation de l'UE. Non seulement elle constitue une menace pour la santé publique et l'environnement, mais elle cause également des dommages du fait de la pollution provoquée par des fuites dans l'environnement local et de la prolifération des sacs en plastique ; elle attire en outre les mouettes qui sont des prédateurs pour la progéniture des tortues.
Les autorités grecques ont d’ailleurs reconnu le problème et des mesures ont été prises pour créer une installation de remplacement. Des retards importants ont toutefois été enregistrés et aucun site de remplacement n'a encore été désigné pour les installations. De plus, l’autorisation pour les décharges existantes a récemment été renouvelée, en violation de la législation de l'UE en matière d'environnement, et l'idée d'instaurer une période transitoire, pendant laquelle les déchets seraient expédiés vers des unités mobiles plutôt que vers la décharge existante, a été abandonnée. Pour toutes ces raisons, la Commission a donc décidé de traduire la Grèce devant la Cour de justice de l'UE.
"La directive 99/31/CE concernant la mise en décharge des déchets est un instrument clé pour prévenir ou réduire autant que possible les effets négatifs de la mise en décharge des déchets sur l'environnement pendant toute la durée du cycle de vie de la décharge. Conformément à cette directive, les décharges 'existantes' doivent répondre à certaines conditions pour pouvoir continuer de fonctionner. La législation vise à protéger la santé humaine et l'environnement des effets préjudiciables causés par la collecte, le transport, le stockage, le traitement et l'élimination des déchets", rappelle la Commission dans un communiqué.
En rapport avec les autres soucis de la Grèce avec la Commission européenne, nous vous renvoyons à notre article : Les pollutions vont se faire (a)voir chez les Grecs....