Cop 21 oblige, il semble que les acteurs aient décidé de changer de discours, et de marteler un message qui était passé en second plan, pour ne pas dire à la trappe : pendant plusieurs années, en effet, on a plus volontiers choisi de parler de « sauvetage de la planète », que d’économie(s), quand bien même tout le monde n’était pas dupe. Eco-systèmes, qui vient de finaliser son bilan Développement Durable 2014, publie des résultats qui confirment tous les enjeux de la dépollution et du traitement des déchets d’équipements électriques et électroniques : 419 140 barils de pétrole brut économisés et 1 928 291 tonnes de CO2 évitées.
Près de 2 millions de tonnes de CO2 évitées en 2014, grâce au recyclage (mené dans les règles de l’art) des DEEE : tel est le bilan émis par Eco-systèmes et dont Christian Brabant, Directeur Général de l’éco-organisme, se félicite. « En France nous développons un modèle exemplaire qui vise à prévenir la prévention des déchets et à garantir le cas échéant un recyclage de qualité. Ce système a permis en 2014 d’éviter l’émission de près de 1,9 million de tonnes de CO2 et de produire 285 456 tonnes de matières premières recyclées ».
Nul doute qu’il ne faut surtout pas s’endormir sous les lauriers : il reste beaucoup à faire, ne serait-ce qu’en mettant le paquet pour capter tous les flux de DEEE et éviter d’exporter des pollutions, de manière parfaitement illégale, vers les pays émergents. « Mais nous sommes sur la bonne voie. Sur les trois premiers mois de 2015, nous avons enregistré une augmentation de 18% du volume de collecte par rapport à l’an dernier. Nous devrions atteindre l’objectif de taux de collecte de 40% fixé par le ministère de l’Environnement. Un bon signal à quelques mois de la COP 21»
La dépollution de ces déchets est l’un des défis à relever : ainsi, l’an dernier, la dépollution des gaz CFC a permis d’éviter l’émission de l’équivalent de 1 695 278 tonnes de CO2, soit 88% du total des gains d’émission. « D’importants progrès ont été faits sur la dépollution des gros appareils électroménagers froids, énorme enjeu au vu des substances qu’ils peuvent contenir. Comme ces gaz CFC (Chlorofluorocarbure), gaz à effet de serre particulièrement dangereux pour la couche d’ozone et qui possèdent un pouvoir de réchauffement climatique très important, jusqu'à 11 000 fois plus important que le CO2 pour certains gaz », ajoute Christian Brabant..
Aujourd’hui interdits, ils ont longtemps été utilisés dans les réfrigérateurs ou climatiseurs ; on peut trouver jusqu’à 500g de CFC dans les systèmes de réfrigération et d’isolation de vieux réfrigérateurs : leur recyclage permettrait de capturer l'équivalent de 3 tonnes de CO2.
La collecte des appareils usagés est un véritable gisement pour produire des matières premières recyclées (voire de l'énergie), du moins lorsqu'ils ne sont pas réemployés
L'an dernier, les 362 778 tonnes d’appareils qui ont été confiés aux 69 centres de traitement d’Eco-systèmes, ont été valorisés à 78,7% sous forme de nouvelles matières premières et à 9,4% sous forme d’énergie. A la clé, on a pu récupérer 166 845 tonnes de ferrailles (utilisées par la sidérurgie pour produire des armatures métalliques destinées au secteur de la construction) ; 30 214 tonnes de métaux non ferreux (dont de l’aluminium réutilisé dans la fabrication de pièces automobiles et du cuivre qui après avoir été affiné sert à la fabrication de nouveaux câbles) ; 29 534 tonnes de verre issu de tubes cathodiques (utilisées dans la fabrication de matériaux de construction) ; et 66 643 tonnes de plastiques (réutilisées par l'industrie sous forme de pièces cachées pour l’automobile).
C'est sans compter le réemploi et la réutilisation, qui ont toujours compté dans la façon d'envisager la collecte de ces déchets spécifique et la suite à leur donner, notamment pour Eco-systèmes (mais pas seulement) qui soutient les modèles économiques solidaires privilégiant la prévention des déchets en aval. On n'est pas sans ignorer que de longue date, le réseau Emmaüs France réemploie des équipements électriques et électroniques issus des dons des habitants, tandis que le réseau Envie répare et réutilise le gros électroménager collecté par la distribution. En 2014, près de 429 113 appareils ont ainsi pu être réemployés ou réutilisés après réparation soit une hausse de 14% par rapport à 2013, nous confirme Eco-Systèmes. Cette activité repose sur un soutien financier volontaire (entre 2010 et 2014 Eco-systèmes a versé 27 millions d’euros à ses partenaires de l’économie sociale et solidaire), mais aussi sur la quantité et la qualité des appareils confiés. Environnement économique en berne oblige, on assiste à une érosion des dons provenant des particuliers : pour y remédier au moins en partie, l'éco-organisme indique « multiplier les initiatives pour alimenter ses partenaires en appareils» ; il nous rappelle à cet égard, la mise en oeuvre de collectes de quartiers, organisées dans Paris depuis 2013 (230 prévues en 2015 dans 15 arrondissements) et qui vont être étendues dans les grandes villes de 5 nouveaux départements dès septembre 2015...
Le rapport développement durable de l'éco-organisme est disponible via ce lien