DEEE : ordures sonnantes, déroutantes et trébuchantes

Le 20/05/2014 à 20:09  

DEEE : ordures sonnantes, déroutantes et trébuchantes

DEEE en Chine... Arte met le pied dans le plat et pose une question simple : pourquoi des tonnages aussi conséquents de DEEE échappent-ils au recyclage pour finir dans des décharges en toute illégalité ? Une enquête,"La tragédie électronique", écrite et réalisée par Cosima Dannoritzer, sera diffusée ce soir, 20 mai à 20h50 sur Arte (Rediffusion le 22 mai à 8h55, le 24 mai à 10h20 et le 4 juin à 8h55).

Le précédent documentaire de Cosima Dannoritzer, Prêt à jeter, diffusé par ARTE en 2011, se terminait près d'une décharge sauvage et tristement célèbre, à Agbogbloshie, dans la banlieue d’Accra, la capitale du Ghana. La nouvelle enquête de la réalisatrice allemande prend ce site pour point de départ, aiguillonnée par l'indignation de Mike Anane, journaliste ghanéen spécialisé dans l'environnement. Celui-ci veut savoir pourquoi son pays est devenu la poubelle des pays développés. Cette question va conduire la réalisatrice dans plusieurs pays d'Europe, en Asie et aux États-Unis, champions de la pollution électronique, et dévoiler une chaîne de responsabilités et de complicités complexes…

La convention de Bâle, ratifiée par tous les pays du monde à l'exception des États-Unis et d'Haïti, interdit depuis 1989 l'exportation des déchets électroniques. En Europe, le prix de chaque appareil neuf inclut même une éco-contribution sensée couvrir le coût de son recyclage. Pourtant, il sembleraot que le smailles du filet soient taillée en XXL puisque seulement 25 % des déchets électroniques de l'UE seraient effectivement recyclés. Une belle part de ces déchets serait exportée illégalement et finirait souvent dans des décharges clandestines en Afrique (Ghana, Nigeria…), en Asie ou en Amérique du Sud. Les "e-déchets" contiennent faut-il le rappeler, des métaux qui ne manquent pas de valeur (or, cuivre, etc.), ce qui attise la convoitise des petits trafiquants et à plus grande échelle, celle de la criminalité organisée. En Chine, ceux qui démontent les vieux ordinateurs récupèrent parfois aussi les puces électroniques pour les revendre. Certaines, réutilisées sans qu'on sache qu'elles sont usagées, pourraient mettre en danger le pilotage d'un TGV, d'un avion…

À travers une enquête menée tambour battant, Cosima Dannoritzer démonte l'écheveau complexe de complicités et de négligences qui font sortir les trois quarts des 50 millions de tonnes de déchets électroniques produits chaque année des circuits officiels. En 2012, l'Europe a décidé de renforcer les contrôles pour endiguer ce flot. Mais en quelques exemples édifiants, on voit qu'elle n'est pas au bout de ses peines. Il faut une demi-journée à un officier des douanes de Hambourg, consciencieux de surcroît, pour contrôler le contenu d'un conteneur, sachant qu'il en voit passer dix mille chaque jour… La réalisatrice traque aussi, en milieu hostile, parfois à l'aide d'une caméra cachée, la revente et le stockage des déchets électroniques en Europe et en Asie. Des infographies, des exemples concrets, étayés par de nombreux témoignages – militants, représentants des forces de l’ordre (gendarmerie, Interpol, douanes), acteurs de la filière du recyclage – permettent de découvrir les multiples failles du système...
C'est à voir ce soir à 20h50 sur Arte. La chaîne a prévu une rediffusion le 22 mai à 8h55, le 24 mai à 10h20 et le 4 juin à 8h55.