DEEE : recycler avec les recycleurs… à la bonne heure !
Eco-systèmes conviait la presse aujourd’hui, pour faire le point sur les acquis et ce qu’il reste à faire. Eco-systèmes a collecté et recyclé en 2013, plus de 341 000 tonnes de déchets d'équipements électriques et électroniques ménagers, soit une hausse de 2,1% par rapport à 2012. Cela étant dit, il faut garder en mémoire que les objectifs européens de doublement de la collecte d'ici à 5 ans, ne reposent pas uniquement sur les consommateurs (Voir DEEE : il faudra doubler la mise...). En 2014, tout en continuant nos actions auprès des collectivités locales, distributeurs et acteurs de l'économie sociale et solidaire, l’éco-organisme va franchir une nouvelle étape avec de nouveaux canaux de collecte… On l'aura déduit, du boulot, on n’en manquera pas. Et chacun aura son rôle à jouer, au détriment de personne… A politique ambitieuse, mesures d'envergure...
Une réglementation nouvelle qui impose de faire plus
Chaque habitant achète en moyenne 23 kg/an et en rejette 17 à 23 kg, soit une moyenne de 20 kg par an. Pour se faire une meilleure idée du panorama, 65 appareils par ménage, en moyenne, seraient installés au foyer. La nouvelle directive, entrée en vigueur le 15 février 2014, permet aux Etats membres de l’Union européenne, de choisir le système qui leur convient le mieux : un taux de retour de 65% (calculé par rapport à ce qui a été mis sur le marché) ou bien, 85% du gisement.
A cela s’ajoutent d’autres chiffres. Sur les 20 kg de déchets collectés cités ci-dessus, 7 kg seraient traités par les éco-organismes, 4,9 kg de D3E seraient captés en mélange avec les ferrailles chez les recycleurs (les tôles blanches mélangées à la ferraille sont revendues sous l’appellation platinage), 6,1 kg seraient happés via des flux non clairement identifiés et 2 kg seraient captés par le pillage organisé…
Compte tenu de ces constats et des nouvelles contraintes réglementaires, « la collecte via les déchetteries, le 1 pour 1 en magasin et le travail de l’économie sociale et solidaire seront insuffisants pour aboutir aux résultats attendus. Il faudra donc aller chercher le gisement autrement », indique Christian Brabant, directeur général d’Eco-Systèmes. Pour ce faire, différentes méthodes complémentaires devront être mise en oeuvre, tous azimuts.
C’est la raison pour laquelle, en 2014, l’éco-organisme mènera :
Des actions auprès des collectivités locales. Avec des mises en place plus systématiques de conteneurs verrouillés dans les déchetteries et d’autres moyens visant à intensifier la lutte contre les vols. On envisage une multiplication des opérations de collectes de proximité…
Mais aussi des actions auprès des distributeurs : 2 500 opérations de marquages des appareils, de sorte qu’une fois volés, ces DEEE soient plus difficilement revendables.
Interpol serait de la partie, car les pillages de DEEE sont régulièrement à mettre en relation avec des trafics internationaux.
Recycler avec les recycleurs...
Dans un registre complémentaire, on estime que 5,5 kg de DEEE échappent à la filière « éco-organisée », parce que transférés chez les recycleurs classiques ou équipés d’installations de broyage, via les artisans, les installateurs électriciens, chauffagistes et autres cuisinistes, qui se voient le plus souvent, du fait du leur statut de professionnels, interdire l’accès aux déchetteries. Mais il n’y a pas que les professionnels qui amènent les DEEE sur ces sites.
L’idée est donc de se rapprocher de ces entreprises de recyclage (2000 sites environ en France, selon Eco-Systèmes) pour en faire des points d'apport agréés, parce que tout mis bout à bout, on considère le tonnage récupérable par site à 20 tonnes de produits hors froid par mois, ce qui n’est pas mineur. L’idée mise en avant consistera à signer des conventions (350 sites ciblés à l’horizon 2016). Et de nous indiquer, vidéo à l’appui, que Brangé Environnement et Nadal Recyclage testent ce partenariat avec l’éco-organisme.
L'éco-organisme insiste sur les avantages de cette façon de faire qui « garantit en effet la traçabilité, via le livre de police, lequel permet de parfaitement identifier les apports en DEEE sur le chantier», tandis que « le système d'alerte mis en place par Federec pour les produits volés favorise évidemment une vigilance renforcée à la bascule », indique pour sa part, le dirigeant de Brangé Environnement ...
Des propos que ne contredit pas le patron de Nadal Recyclage qui confirme que la récupération dans des bennes parfaitement identifiées, des DEEE, est une nouvelle activité pour l'entreprise, ravi de constater qu'il y a désormais « une compréhension mutuelle entre sa société et l'éco-organisme, avec à la clé un protocole satisfaisant ». Et d'ajouter « qu'on ne pourra pas revenir en arrière, tant les DEEE sont partis intégrante de son métier »...
« L'idée est très clairement d'éviter le recel (via la revente sur les sites de recyclage de matériels volés en déchetteries, par exemple, ndlr), de respecter la réglementation en vigueur, la traçabilité des déchets apportés, de garantir la qualité du traitement de bout en bout, et bien évidemment d'optimiser les collectes », souligne Guillaume Duperray, responsable des collectes chez Eco-Systèmes...
De plus, et c'est non négligeable, « la reprise auprès des recycleurs permet d'optimiser le recyclage des plastiques (sans ce protocole, on avait tendance, avant, à prélever ferrailles et métaux, puis à traiter les plastique via l'élimination, ndlr), mais également à optimiser la dépollution (sans exportation des polluants), tout en respectant les standards européens », complète Christian Brabant...
Qu'on ne se méprenne pas : le taux de recyclage 2013 est satisfaisant puisque les objectifs sont atteints. Maaaiiisss... dans trois ans, ces mêmes taux devront augmenter de 5 points, ce qui est loin d'être négligeable. Alors, il est éminemment judicieux de se préparer...
Ne pas omettre de ratisser les trottoirs...
Troisième axe majeur de la politique menée par l'éco-organisme, le trottoir. Pour la bonne cause s'entend...
Dès lors que l'on prévient les services municipaux, le service passe et enlève ces déchets assimilés à des encombrants (avec un regrettable taux de casse lorsqu'ils sont chargés à bord d'une benne tasseuse), mais si tel n'est pas le cas, on passe à une collecte informelle, pratiquée par des récupérateurs à la petite semaine qui désossent le DEEE, prennent la crème et laissent la carcasse... Non seulement la traçabilité telle que souhaitée par l'éco-organisme, disparait avec le chineur et son butin, mais en outre, les carcasses sont le plus souvent transférées vers un centre d'incinération ou d'enfouissement... Ce qui n'est pas top, au regard du recyclage possible des plastiques laissés sur le carreau...
A Paris, dans le XIème arrondissement (150 000 habitants environ), on a donc tenté une expérience qui s'apparente à l'instauration de déchetteries mobiles "spéciales D3E", via la mise en œuvre de collectes de proximité, programmées sous forme de sortes de rendez-vous à date, heure et lieux fixés à l'avance, avec les riverains : 10 collectes, 1 500 apporteurs et 11,6 kg en moyenne par apport, avec une récupération de DEEE non fracassés, dont un certain nombre sont encore en état de marche (les apporteurs le précisant aux collecteurs). Ce qui favorise bigrement l'activité de l'économie sociale et solidaire spécialisée dans la réparation d'appareils électriques et ou électroménagers (Emmaüs et Envie, notamment) : on ne peut là encore, que se féliciter de cette initiative dont on espère qu'elle aura un bel avenir à force d'être dupliquée.
« Notre objectif est de déployer cette nouvelle façon de faire dans les grandes villes afin de compléter les services apportés par les mairies. Ces collectes solidaires permettent en effet de récupérer des DEEE entiers, de limiter leur temps de stationnement sur les trottoirs, de favoriser le recyclage des plastiques, d'apporter un service supplémentaire aux personnes ne pouvant se rendre en déchetteries, et d'optimiser nos liens historiques avec l'économie sociale et solidaire en favorisant davantage encore, l'efficacité du travail fourni par ces associations », réaffirme Christian Brabant.
Dans un premier temps, la cible consisterait à mettre en place un point d'apport de ce type pour 25 000 habitants. A la suite de quoi, on pourra réajuster le tir, le cas échéant...
Reste le dernier kilo, à récupérer...
C'est celui qui atterrit sur une voie de garage : dans la poubelle dédiée aux ordures ménagères, ou dans un tiroir, à la cave, au grenier ou dans un placard. Il concerne les petits appareils... que l'on jette avec les OM sans trop réfléchir ou que l'on conserve au cas où...
Des meubles spécifiquement conçus pour récupérer les PAM ont été créés, installés dans plusieurs milliers de magasins, à grand renfort de publicité à la TV... Pour ce petit kilo, on met le paquet et ce n'est pas cadeau : mais l'éco-organisme dispose des fonds, qu'on se rassure ; 3 millions d'euros par an, provisionnés via les contributions payées par les metteurs sur le marché, répercutées sir les consommateurs, et non dépensées par l'éco-organisme serviront en tout ou partie, à ce pan de la politique menée par Eco-Systèmes, « l'enjeu de la communication consistant à sensibiliser un maximum de détenteurs de DEEE »...
« Passer du gros au petit électroménager, de la dépose sur les trottoirs, à une vraie collecte de proximité, fournir de véritables solutions à nos partenaires récupérateurs et recycleurs avec une professionnalisation de ce nouveau métier qui consiste à recycler les DEEE, tout en assurant la traçabilité de cette activité, tels sont les points forts de la politique que nous devons mettre en œuvre afin de collecvter 150 000 tonnes de plus, à l'horizon 2016 », synthétise Christian Brabant.
« Tous ces tests ont été lancés au vu de la stagnation de la collecte. Les fondements de notre politique sont clairs : faire du qualitatif, professionnaliser davantage encore l'économie sociale et solidaire, mieux intégrer les recyleurs dans le schéma global du recyclage des DEEE, autant de paramètres à coordonner et de défis à relever qui nous ont, aussi, conduit à nous lancer à grande échelle dans la R&D », conclut Alain, Grimm-Hecker, président d'Eco-Systèmes (voir Le recyclage monte en chaire). L'idée est que chacun des maillons de la chaîne soit gagnant, tandis que la volonté de chacun des partenaires de cette vaste entreprise est clairement d'aller de l'avant...