DEEE : si Zola était encore là...

Le 18/02/2011 à 16:49  
DEEE : si Zola était encore là...
J'accuse Il accuserait, encore! Car ils y ont cru et ils avaient raison d'y croire... En effet, les métiers de la Reverse Logistics sont en pleine croissance et l'implication stratégique de la maison mère Geodis clairement affichée depuis de nombreuses années. Et pourtant, après que l'éco-organisme ERP, dont la spécialité est la gestion des DEEE, ait annoncé sa décision d'arrêter sa collaboration avec la filiale Geodis Valenda, l'avenir pour les salariés de cette filiale apparaît sombre. C'est un sentiment de désillusion, voire de déception qu'expriment les représentants du personnel. Une fois de plus, la question de perception de simple variable ajustable par les employés et ceci en fonction des intérêts des actionnaires est posée...

La direction de Geodis Valenda est en train de négocier la période de transition jusqu'à la fin du contrat avec ERP en juin 2011 : dans ce contexte, il va de soi que les relations sont tendues. En effet, si cette filiale de Geodis réalise un chiffre d'affaires de 40 à 50 millions d'euros, 85% de cette activité provient du seul client ERP. Dans ces conditions, c'est l'avenir même de la structure et donc de ses employés qui est remis en cause. Interrogées sur ce sujet, les directions de la communication de Geodis et d'ERP n'ont pas encore répondu. Et, on peut les comprendre...

Première complication : géographiquement, ERP est basée à Paris, alors que Geodis Valenda est sur Bron ce qui rend difficile la passation opérationnelle. Deuxième écueil : ERP devrait changer son organisation de travail en mettant en place le même modèle de gestion que celui développé pour les pays de l'est de l'Europe, indique Romain Meynier, secrétaire du comité d'entreprise. Concrètement, cela signifie fonctionner en une petite équipe ( achat et administration ) par pays, alors qu'aujourd'hui tout était centralisé sur Bron. Du coup, les seuls salariés qui devraient être récupérés sont les coordinateurs régionaux en charge de la partie opérationnelle, soit 3 personnes sur la France.

Pourtant, il y a encore un an, ERP assurait sa volonté de continuer un partenariat fort avec Valenda. Alors? Que c'est-il donc passé en quelques mois pour que cet éco-organisme change d'avis sur son prestataire ? La réponse est des plus simples : cela serait une prise de conscience subite sur les possibilités de meilleures rentabilités. Tiens, tiens... Bizarre, lorsque l'on sait que ce choix d'ERP était une particularité de gestion par rapport aux autres éco-organismes... Dans ces conditions, la question du bienfondé de ce choix de gestion est antérieure et se pose à ERP.

Autre question, celle de la conformité réglementaire à venir d'ERP. " Valenda avait un service audit, avec de vrai spécialistes techniques. Nous avons vu ce que cela a donné, avec notamment, l'affaire Citron. ERP a traité en direct avec eux pour le traitement des piles car financièrement très interessant et ce malgré le fait que nos spécialistes avaient blacklistés la société. Ils ont fait la même chose sur le Portugal, avec, et ce malgré l'avis negatif de nos services audit et des faits flagrants de malhonneté ( un partenariat avec un groupe mis en cause dans des affaires de corruption )" déclare le représentant du CE. " ERP est géré par des acheteurs de multinationale ( Sony, HP, Electrolux, Procter et Gamble, Apple ), les problématiques environnementales ne sont qu'une vitrine " rappelle-t-il.

Mais, la déception des salariés ne vise pas que leur principal client. C'est aussi l'attitude et la stratégie de la maison mère Geodis qui est dénoncée. " Geodis SNCF a fait porter tout le risque sur sa filliale Valenda, un client qui represente 85 % du chiffre d'affaires comme ERP, constitue un grave danger en cas de départ de celui-ci, voire une faute de gestion.
Une des conséquences directes est qu' ERP était, de par cette position, plus qu'un simple client : c'était notre patron! Ils donnaient en direct des ordres aux équipes, sans passer par notre direction effective. Les employés ont donné sans compter. Ce mode de gestion volontaire ou non de la part de notre direction est très confortable pour ERP car nous étions une structure dédiée avec du personnel corvéable à merci. Sauf qu'en 2010 : 25 % de turnover et un stress chez le personnel considérable : 2 burn out, une cellule anti-stress en place..."

"Les salariés ont le sentiment d'avoir été " mangés " par des multinationales peu scrupuleuses qui vendent très bien une image verte dans leurs vitrines. Nous nous sommes aperçus, à nos dépends, que dans le green business il y a surtout du business." conclut le représentant du personnel.