DEEE : un mieux évident, en 2015
Si la quasi stagnation observée sur ces trois dernières années est cohérente avec le contexte de reprise économique faible en 2014 (et donc peu propice aux investissements massifs au sein des entreprises, comme au renouvellement des matériels pour les ménages), la progression de 2015 est à mettre en relation étroite avec le développement de nouveaux canaux de collecte annoncé en 2014 (signature entre l'éco-organisme et Federec d'un accord), via les entreprises de recyclage et les opérateurs de broyage, avec lesquelles l'éco-organisme contractualise depuis un peu plus d'un an, mais aussi au développement des canaux dits « historiques » (collecte via la distribution, les collectivités locales -près de 60% des volumes collectés, avec depuis peu le développement des collectes de proximité en zones urbaines denses-, une collaboration optimisée avec le secteur de l'économie sociale et solidaire, sans compter des investissements importants en terme de communication).
Au demeurant, la hausse des tonnages se répartit à hauteur de 33 000 tonnes en provenance de collectivités nouvellement desservies par Eco-systèmes et 57 000 tonnes issues des actions annoncées en 2014.
De fait, les collectes de proximité en zone urbaine dense (près de 300 opérations menées en 2015 et 25 000 personnes rencontrées), initiées en 2013 dans le 11ème arrondissement de Paris avec Emmaüs France, ont connu un bel essor en 2015. Etendues à 13 nouveaux arrondissements de Paris et à 2 départements d'Ile de France, elles ont également démarré dans les 9 arrondissements de Lyon et à Bron, ainsi qu'en centre-ville de Toulouse. Ces opérations (4 heures, un samedi matin) ont permis de collecter entre 7 et 22 kg par apporteur d'appareils en bon état ou hors d'usage, mis à disposition de l'Economie sociale et solidaire, soit en moyenne 9 kg par apporteur. Ce résultat est à comparer à la performance nationale en zone urbaine de 2,4 Kg/hab en 2014.
« Nous ciblons des zones où les déchetteries sont peu nombreuses », complète Christian Brabant et les collectivités sélectionnées sont généralement satisfaites du résultat d'autant que « nous ne facturons pas l'opération : c'est gratuit pour la collectivité ; il lui suffit de délivrer les autorisations nécessaires pour que nous puissions occuper 40 mètres carrés de voirie le jour J », poursuit Guillaume Duparay, directeur collecte et relations institutionnelles chez Eco-systèmes.
« Il va falloir redoubler d'efforts pour atteindre le niveau attendu », a souligné Chritian Brabant. L'an dernier, les gros appareils électroménagers (intégrant notamment des produits de chauffage par exemple installés par les artisans) , sauf ceux du "froid" ont enregistré la plus forte croissance, avec + 30 %. Le volume de collecte du "froid" a augmenté de 9 %, celle des petits appareils électroménagers de 8 %. Celle des écrans de télévision a, en revanche, connu une baisse de 4 %.
Si les progrès réalisés sont avérés, il reste à faire, en effet : 65 % des D3E devront être collectés en 2020, pour être en conformité avec la réglementation européenne (14 kg/an/hab.).
L'objectif à atteindre ne manque pas d'ambition ; il est cependant à mettre en parallèle avec le nombre croissant de gadgets et autres objets (parfois futiles et ayant une courte durée de vie) ce qui augmente évidemment le gisement à capter (en 2014, 633 millions d'équipements (493 millions en 2006) ont été mis sur le marché français). Ceci alors que l'objectif national est de réduire de 7 % la production de déchets ménagers et assimilés produits par habitants à l'horizon 2020 par rapport à 2010...
L'éco-organisme a confirmé par ailleurs, avoir lancé ces dernières années des projets de recherche sur le recyclage des plastiques en vue de susciter une dynamique d'économie circulaire ; c'est ainsi qu'il s'est engagé aux côtés des groupes Seb et Veolia, le spécialiste des équipements en petits électroménager a initié la fabrication de produits conçus avec du plastique recyclé par Veolia, à partir de DEEE collectés via Eco-systèmes (voir Recyclage plastique : un partenariat visant le débouché). Ceci « devrait nous mener progressivement vers une filière industrielle nouvelle en France qui sera forte en emplois, probablement, et vers cette économie de plus en plus circulaire que nous souhaitons tous », a conclu le président d'Eco-systèmes, Alain Grimm-Hecker.