Démolition des navires : Lutte Ouvrière sceptique !
Depuis la désastreuse affaire de la démolition du Clémenceau (voir anciens articles), c'est au niveau international que l'on se mobilise pour la mise en place d'une nouvelle réglementation visant à éviter le transfert de pollution et à assurer un recyclage des cargos en fin de vie respectueux des ouvriers. Mais, alors qu'une nouvelle réunion vient de se tenir au sein de l'Organisation Maritime Internationale sur ce sujet, certaines voix s'élevent, comme celles de Lutte Ouvrière, pour faire part du doute quant aux changements de pratiques de travail au sein des chantiers indiens, bengalis, de démolition navale...
Si l'on en croît Lutte Ouvrière, ce n'est pas dans un avenir proche que les navires commerciaux en fin de vie y compris ceux qui ont de l'amiante cesseront d'être démolis avec des conditions de travail déplorables au sein des chantiers indiens et bengalis. Et la raison fondamentale est simple : il s'agit du faible coût de la main d'œuvre si nécessaire pour ces opérations de démantèlement.
Même si la Convention de Bâle interdit l'exportation de déchets toxiques, cela n'empêche pas " les armateurs et leurs avocats de prouver depuis longtemps que leurs bateaux pourris ne sont pas des déchets puisqu'ils se rendent au cimetière des bateaux par leurs propres moyens." dénonce LO. Et concernant les conditions de travail dans les chantiers indiens, le mouvement ouvrier d'enfoncer le clou : " le travail est fait à la main par des ouvriers qui risquent leur vie en découpant des réservoirs de carburant au chalumeau, en travaillant à la voltige sur des parois de tôle, pieds nus, sans gants ni casque, en respirant amiante et gaz toxiques dans les soutes à longueur d'année. Il n'y a aucun registre des accidents du travail dans ces chantiers. Mais un rapport établi en lisant la presse locale, peu suspecte de critiquer les patrons des chantiers, en a totalisé des milliers en quelques années."
Autre constat d'importance formulé par LO : l'augmentation des cargos à démolir dans les prochaines années. " Actuellement peu de bateaux sont mis à la démolition ; la croissance du trafic maritime est telle que les armateurs font des profits y compris en faisant naviguer des bateaux hors d'âge. Des pétroliers à simple coque, qui seront définitivement interdits en 2010, sont transformés en navires aptes à charger des marchandises solides. Actuellement la moyenne d'âge des navires de commerce augmente et atteint presque les 35 ans. Mais tout a une fin, même la croissance du trafic, et à ce moment-là les armateurs voudront les vendre à la casse à des chantiers des pays pauvres..."
Alors, quand bien même la signature d'un accord international avec les armateurs pour fixer les conditions de sécurité pour les hommes et l'environnement de la démolition de leurs navires est annoncée avant 2010, LO doute des changements qu'il apportera pour les ouvriers de ces chantiers.