Derichebourg : tout un programme !
La gestion du groupe Derichebourg fait la une de l'actualité de notre confrère du Parisien. On apprend que son PDG, Daniel Derichebourg, est la cible de nombreuses critiques et attaques. Indignation des syndicats qui crient à l'escroquerie après la cession précipitée de la filiale Sûreté à Vigimark, la mise en redressement judiciaire de Servisair Cargo sans aucune mise en place de plan de sauvegarde de l'emploi ( 450 salariés concernés ), plainte d'un ancien salarié pour suspicion de délit d'initiés, présentation de faux bilans et majoration de résultats.Sans oublier, la mise en examen de Pascale Jeannin, directrice de la filiale Polyurbaine, dans une affaire de corruption présumée dans l'attribution de marchés publics de la ville de Paris...
A la lecture du dossier du Parisien, il y a de quoi à s'interroger sur les pratiques de Daniel Derichebourg, principal actionnaire et dirigeant du groupe qui porte son nom avec 54 000 salariés et un chiffre d'affaires annuel de 4,3 milliards d'euros. Sans revenir dans le détail sur son ascension fulgurante dans le paysage capitalistique français, on peut le résumer par trois formidables coups financiers : cession de la société familiale au groupe américain Waste Manangement, prise de contrôle du groupe CFF, et rachat de Penauille Polyservices. A chaque fois, l'homme a agit en véritable prédateur.C'est dire s'il a un certain talent pour les affaires et qu'avec lui ça déménage. Mais aujourd'hui, dans le contexte de crise économique, Derichebourg doit faire face à une importante baisse d'activités et de profits ( baisse des cours des matières premières) dans la branche environnement qui est la "vache à lait" du groupe. La situation n'est guère meilleure pour les sociétés de services aux entreprises et Servisair qui ne peut que constater la diminution du trafic aérien. En même temps, son endettement est élevé ( 700 millions d'euros) et certains analystes prévoient qu'il ne respectera pas ses engagements de ratio bancaire si la conjoncture actuelle persiste.
Mais, surtout, c'est la dimension sociale de ce groupe qui retient l'attention. Or, alors que la plupart des grandes sociétés ont mis en place des mesures de sauvegarde de l'emploi et de protection de leurs salariés, rien de tel chez Derichebourg. Pire encore, puisque l'on vient d'assister ces dernières semaines à la cession pour l'euro symbolique de la filiale Sûreté, et la mise en redressement judiciare de Servisair Cargo, sans aucun égard, pour les centaines de personnes y travaillant. Cet acte de gestion qu'il conviendra au liquidateur du tribunal de Bobigny de qualifier pour juger s'il y a ou non faute de gestion, ne peut que heurter dans le contexte actuel. Il pose aussi la question de la sauvegarde de l'intérêt social par rapport à celui des actionnaires. Finalement, on ignore toujours quelle est la masse salariale totale du groupe qu'il conviendrait de réduire pour s'adapter aux conditions de marché actuelles. Cela se chiffre-t-il en centaines, en milliers de personnes ? Pourquoi n'en rien dire ? Dès lors, on peut s'interroger sur la gestion de cet ensemble. Il est vrai que passer en quelques années de 1 800 employés à 54 000 salariés dans des métiers différents n'est pas une tâche simple. Cela exige une véritable richesse et diversité humaine au sein de l'entreprise. Dit autrement, il ne suffit pas d'empiler les sociétés, les bonnes affaires, et d'afficher tout cela sous le grand chapeau de la marque Derichebourg; faut-il savoir ensuite les gérer correctement...