Derichebourg : le Bison s'interroge...
L'actionnaire principal de Derichebourg, Daniel Derichebourg, dont l'emblème est le bison, estime que "la capitalisation de son groupe est déconnectée de la réalité de l'entreprise." En même temps, dans le dernier communiqué du groupe, on apprend que plus de 1.800 M€ du chiffre d'affaires sur l'exercice 2007/2008 sur un total annuel de 4.378 M€ provient de l'activité ferrailles dont on sait que les cours ont chuté de plus de 60% depuis le mois d'août. Alors, effectivement, il y a de quoi à s'interroger, mais plutôt sur l'ampleur de la baisse du chiffre d'affaires et de la marge que le groupe vont enregistrer dans les mois qui viennent et sur sa capacité à devenir durablement un groupe multiservices...
Au mois de juillet dernier l'action du leader mondial de l'acier ArcelorMittal se négociait aux environs de 63 € et aujourd'hui elle s'échange à 16,70 € , celle du leader des services à l'environnement, Veolia, avait une valeur proche de 36 euros à la même période et ne vaut plus que 19 € actuellement. Dans ces conditions, rien d'étonnant à ce que le titre Derichebourg dont le prix était de 5,30 € cet été, soit tombé à 2,30€.
De plus, à l'annonce aujourd'hui du chiffre d'affaires sur l'exercice 2007/2008 qui s'est clôturé à fin septembre, on peut se dire que le groupe Derichebourg va non seulement devoir supporter pleinement la mauvaise conjoncture de l'acier et des métaux non ferreux, mais en plus aucun élément nouveau rassurant n'apparaît sur sa capacité à court terme de générer du profit de la branche des services aéroportuaires. A cet égard, il convient de noter que 77% de l'activité totale des services aéroportuaires proviennent du Royaume-Uni et du continent américain qui subissent de plein fouet le retournement économique. Et cela risque d'être pareil pour la branche Multiservices, où le groupe reconnaît " une forte concurrence" et explique que la Propreté qui représente la part la plus importante " est encore en phase de redéploiement".
Alors, dans une conjoncture très difficile, on s'étonne que ce communiqué ne soit pas accompagné d'annonces significatives de plan de restructuration, de réduction d'emplois et qu'il soit plutôt question d'interrogation sur la valeur de la capitalisation du groupe. Quant à savoir si la valeur du groupe est déconnectée de sa réalité, il faudrait pour cela qu'il ait réussi sa mutation en groupe de services. Or, à ce jour, il reste pleinement dépendant d'une activité cyclique en relation avec les marchés de l'acier et des métaux. Au demeurant, l'activité recyclage est belle et bien la force de ce groupe même si la stratégie de l'actionnaire principal a été ces dernières années de s'orienter vers la diversification. De là à s'interroger sur l'avenir, effectivement cela semble être légitime, mais très probalement pas au niveau de la valeur boursière.
En attendant, le groupe Derichebourg peut compter sur une saine capacité financière après un exercice 2007/2008 à nouveau exceptionnel pour l'activité de recyclage métallique ( +18% pour atteindre 3 milliards d'euros ) qui dégage structurellement un important cash-flow. Il faut aussi saluer la "politique constante du groupe de limiter ses expositions, plus des 2/3 de sa dette à taux fixe « historique », l’absence de tout stock spéculatif…", ce qui "lui permet de ne pas être brutalement affecté par les fortes variations défavorables actuelles". Et c'est grâce à sa capacité d'autofinancement, une gestion prudente que la première échéance du crédit syndiqué de 700 millions d'euros signé en 2007 sera " aisément honorée en décembre 2008" est-il précisé dans le communiqué.
- Chiffre d'affaires Derichebourg -