Derichebourg ne fait plus recette !
Décidément la communauté financière est sans pitié et condamne aussi vite qu'elle encense...Il y a encore quelques mois elle ne tarissait pas d'éloges pour Daniel Derichebourg qui avait su "réveillé la belle endormie qu'était la Compagnie Française des Ferrailles " et il recevait à cet égard le titre de manager de l'année. Mieux encore, de nombreux analystes applaudissaient au "superbe coup financier" qu'avait su saisir son équipe dirigeante en reprenant à bon compte les actifs de Penauille Polyservices et ceci en laissant bien entendu un souvenir au goût amer aux banquiers qui avaient financé le développement de ce groupe. Aujourd'hui, le réveil est brutal....
Il aura suffi de quelques mois de baisse des cours des matières premières et par voie de conséquence des ferrailles et métaux de récupération pour que les analystes financiers se tiennent à l'écart et recommandent de ne plus s'intéresser à l'action Derichebourg. Et ceci, alors que ce groupe vient d'annoncer un résultat annuel à fin septembre qui reste historiquement élevé et en léger repli de 5,4% à 77,4 millions d'euros. De plus, le résultat opérationnel a progressé de 38% à 152,4 millions d'euros. Le chiffre d'affaires a augmenté de 8% à 4,3 milliards d'euros. Pourtant, malgré ces bons chiffres, le cours de l'action ne cesse de plonger. Aujourd'hui elle perd 14%, finissant à 1,56 euros, plus bas historique, valorisant le groupe aux environs de 280 millions d'euros. Tout cela n'est guère rassurant car, dans le même temps, on constate que pour d'autres sociétés opérant dans l'environnement telles que Veolia, Suez, Séché des paliers de valorisation ont été atteints par leurs actions. Alors, que se passe-t-il et pourquoi autant de pessimisme après autant d'empressement ? La mariée ne serait-elle pas aussi belle ?
Tout d'abord, le groupe Derichebourg c'est avant tout un groupe de recyclage métallique puissant et bien implanté avec des autorisations d'exploiter et une formidable rentabilité ces dernières années portée par une conjoncture euphorique. En face, la concurrence au niveau national reste peu agressive et le principal concurrent qu'est Guy Dauphin Environnement n'a pas les capacités au niveau humain, un maillage territorial insuffisant pour être un dangereux rival. Sans parler du manque de déontologie professionnelle et des pratiques qu'il a menées en termes de gestion des RBA ( voir nos rédactionnels). Ensuite, du côté des grands groupes de l'environnement, ils ont choisi une autre stratégie mais à plus long terme, certainement très habile et prometteuse, de contournement en se positionnant sur l'amont de la filière de recyclage des vhu, les installations de recyclage des DEEE, et des sociétés de recyclage métallique ayant principalement des fonds de commerce auprès des industriels. Dans ces conditions, la branche recyclage métallique de Derichebourg a très probablement encore de beaux jours devant elle, exploitant un véritable fonds de commerce dont la valeur ne se dégrade pas aussi rapidement que les cours des matières. Néanmoins, il convient peut-être d'ajouter un bémol à ces propos. Le manque de développements et de capacités que cela soit en amont ou en aval du traitement des vhu, phu, mis en place par l"équipe dirigeante actuelle de Derichebourg. Or, cela pourrait s'avérer une erreur très couteuse au niveau des déchets produits par le groupe que cela soit en termes de pollution, ou au niveau économique tant la réduction des déchets est une priorité actuelle.
Ensuite, le groupe Derichebourg, ce sont principalement les activités de l'ex-Penauille Polyservices. Rien de commun avec le recyclage métallique. Une importante masse salariale, et donc un lourd passif social latent. Des prestations de services à faible valeur ajoutée, qui sont très dépendantes des hommes et des contrats commerciaux. Une présence internationale avec un nombre important de sociétés aux activités différentes. Et donc, une gestion plus exigeante en termes de suivi des coûts, au niveau social. Finalement, une fragilité au niveau commercial tant la situation du prestataire notamment dans les aéroports est dépendante de la conjoncture du tourisme qui est le premier budget amputé en temps de crise économique.
C'est donc bien là que se situe le hic...Lorsque le groupe déclare un endettement de 700 millions d'euros, ne confirme pas sa capacité à faire de l'ex-Penauille une branche durablement rentable et qu'elle indique par contre sa "capacité de faire face à ses engagements et à enclencher son désendettement à compter de décembre 2008, première échéance de remboursement du crédit syndiqué" , cela ne peut qu'inciter à la prudence.
Dès lors, il n'est pas si étonnant que les analystes ne soient pas aussi convaincus que la direction, lorsqu'elle affirme que " la reprise de la demande des matières premières secondaires, notamment ferreuses est attendue dès le deuxième semestre, compte tenu des besoins d'infrastructure existants dans le monde. Le pole Multiservices devrait confirmer son caractère de valeur défensive tandis que les services aéroportuaires bénéficieront, dans un contexte économique ralenti, de la réussite de leur redressement et de leur capacité d'adaptation".
Challenges : " Mais c'est aussi l'endettement de la société qui cause problème. Avec une dette de 700 millions d'Euros, Derichebourg pourrait avoir du mal à respecter ses engagements bancaires qui seront durcis lors du du prochain exercice" La Vie Financière : Gilbert Dupont maintient sa recommandation "Alléger" sur le titre Le Revenu Français : évitez Derichebourg. Faute de visibilité nous restons à l'écart |