Des déchets organiques à la transition énergétique : Locminé franchit le pas

Le 23/05/2017 à 20:50  

Des déchets organiques à la transition énergétique : Locminé franchit le pas 

Inauguration du site de Locminé Basé à Locminé en Bretagne, la SEM Liger a installé depuis 2012, une chaufferie à bois et une unité de méthanisation, qui utilisent les ressources du territoire et les transforment en énergies renouvelables, l'objectif étant de garantir l’indépendance énergétique du territoire et de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Avec une production à venir 5 millions de m3 de biogaz équivalent à 2 850 000 Nm3 de gaz naturel par an, la réalisation de ce projet, qui a nécessité un investissement 14,5M€, ne manque pas d'atouts... Le 19 mai dernier, était inauguré ce premier site morbihannais d'injection de biométhane dans le réseau de distribution de gaz naturel, une occasion de présenter le nouveau service dédié aux biodéchets. De nombreuses personnalités, dont Dominique Ramard, Conseiller régional délégué à la transition énergétique, avaient répondu favorablement à l'invitation de Grégoire Super, Président de Liger et Christelle Rougebief, Directrice Clients Territoires de GRDF Ouest ...

En concrétisant ce projet, de construire un méthaniseur producteur de biométhane (obtenu après épuration du biogaz, lui-même produit par la fermentation des déchets organiques), qui subit les mêmes opérations de contrôle, de régulation et de traitement, dont l’odorisation, pour les mêmes usages (chauffage, eau chaude, cuisson…), ce qui lui permet d'être injecté dans le réseau de distribution, le territoire de Locminé contribue à l’augmentation de la part d’énergie renouvelable dans le mix énergétique breton, et plus largement, aux objectifs nationaux de la loi de transition énergétique pour la croissance verte (d'ici 2030, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique français devra être de 32 %, et celle du gaz renouvelable dans le réseau de distribution de gaz naturel, est fixée à 10 %. D’ici 2050, il faudrait avoir divisé par 4, les émissions de GES). Le territoire de Locminé affche aussi, son choix d'opter pour un modèle d’économie circulaire en transformant les déchets en ressource énergétique, au bénéfice de ses habitants et de ses acteurs économiques.
L'unité de méthanisation est alimentée par des déchets issus d’activités locales : 48 000 tonnes de déchets de l’agro-industrie locale (graisses animales, connes et fanes de légumes…), 8 000 tonnes d’excédents agricoles (lisier des élevages porcins) et 4 000 tonnes des collectivités (boues et effluents des stations d’épuration). A la clé, 7,3 millions de kWh de biométhane, devraiente être produites, soit la consommation totale de plus de 600 foyers en chauffage et eau chaude par an.

Vendredi 19 mai, le centre d'énergies renouvelables Liger a inauguré la première injection de biométhane dans le réseau : grâce à l’injection, le biométhane peut être utilisé comme carburant à haute valeur environnementale (le BioGNV est 100 % d’origine renouvelable), soit 95 % en moins d’émissions de GES et 80 % en moins de NOx par rapport au diesel) permettant ainsi d’améliorer la qualité de l’air, essentielle pour la santé publique.
« Le pôle énergétique Liger a pour vocation première de préparer l’avenir, celui de notre territoire et celui de nos enfants. Qui aurait pu imaginer, il y a dix ans, que notre commune serait dans peu de temps autonome en énergie, en utilisant les déchets que nous produisons pour nous chauffer, nous éclairer, alimenter nos véhicules », interrogeait Grégoire Super.
Produisant déjà de l'électricité verte, on assiste à une double valorisation des déchets, unique en France, qui contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre ;  Liger est la 1e unité dans le Morbihan, et la 3ème en Bretagne, à injecter du biométhane 100 % renouvelable dans le réseau de distribution exploité par GRDF, qui a accompagné la SEM pour la réalisation des études de faisabilité, le raccordement des installations, leur exploitation et maintenance, et garantit l’acheminement du gaz renouvelable vers les usagers finaux.
Le principal opérateur de la distribution de gaz en France, qui ne compte pas s'arrêter là, achemine de plus en plus de gaz renouvelable et constitue en cela un véritable vecteur de la transition énergétique. Cette volonté manifeste de s'impliquer davantage dans cette voie, illustre une dynamique qui s’accélère, puisque 100 nouveaux sites d’injection dans le réseau exploité par GRDF devraient voir le jour en 2018. Selon l’objectif fixé par la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte, 10 % du gaz distribué sera du gaz renouvelable d’ici 2030.

Cette inauguration a également été l'occasion de présenter un projet qui s'inscrit dans la boucle énergétique locale : il s'agit du lancement d'un service d'un nouveau genre, destiné aux entreprises de la restauration collective et commerciale proposé par Axibio, la Tournée Verte et Liger : Axibio a conçu un équipement et une plateforme informatique permettant le pré-traitement des biodéchets, le pilotage du transport (assuré par la Tournée Verte) et de la valorisation (assuré par Liger). En février 2017, elle était d'ailleurs lauréate du concours French Tech Emergence organisé par la BPI (cet équipement, fabriqué en France fait l’objet de plusieurs brevets).

 En effet, si l’unité de méthanisation est approvisionnée par les déchets de l’agro-industrie, les effluents d’élevage et les boues des stations d’épuration, il ne faudrait pas occulter les biodéchets, issus de la restauration publique et privée, ce qui impose d’avoir, en amont, l’expertise et la capacité technologique pour préparer les biodéchets à la valorisation et la capacité logistique pour les collecter et les transporter.
Créée en 2016, la start-up Axibio propose des solutions de traitement des biodéchets pour la  restauration collective et commerciale, les marchés alimentaires et, à moyen terme, les collectivités  locales qui doivent organiser la collecte des particuliers d’ici 2025. Elles permettent un abaissement  des coûts de transport et de traitement, une connaissance précise des pertes alimentaires  ainsi qu’une mise en conformité rigoureuse avec la réglementation.
Sur le terrain, la jeune entreprise implante chez ses clients un équipement de compactage et de séparation des erreurs de tri équipé d’une balance et connecté à un portail web, une solution qui leur permet de :
Réaliser des gains économiques substantiels, d'une part  grâce à une optimisation logistique importante, via la réduction par 3 des volumes de biodéchets, le transport de caisses-palettes pleines et la diminution de la fréquence des collectes, et d'autre part, la suppression de l’opération coûteuse de déconditionnement / purification des biodéchets avant méthanisation.
Dématérialiser la gestion administrative et assurer la traçabilité des flux, grâce à une plateforme digitale et une application smartphone.
 Structurer des politiques RSE tangibles (Responsabilités Sociétales et Environnementales des producteurs de biodéchets) : les  pertes alimentaires sont suivies et mieux maîtrisées, et par ailleurs, un bilan énergétique issu de la valorisation des biodéchets est alimenté en continu.
 Mener une action concrète contre le dérèglement climatique en baissant les émissions deCO2.

 La société de transport de marchandises en véhicules légers GNV, La Tournée Verte, créée en 2012 en région parisienne, a choisi de s’installer en Bretagne trouvant auprès de Liger, un territoire attractif pour franchir le cap  du « transport responsable » au « transport durable ». Alimenté en BioGNV Karrgreen®, l’entreprise  peut désormais proposer à ses clients une solution de transport décarbonée : elle est donc en charge de la collecte des biodéchets auprès des producteurs puis de leur transport jusqu’à l’unité de méthanisation qui les transformera en énergie. Afin d'optimiser ses tournées, elle perfectionne ses flux logistiques en prévoyant de transporter, à l’aller, des fruits et légumes et au retour, les biodéchets...

 Quant à Liger, elle repose sur 4 fondamentaux qu'elle ne manque jamais de rappeler : valoriser les ressources locales, fédérer les acteurs du territoire,  innover dans l’ingénierie environnementale, et partager son savoir-faire. C’est pourquoi ses responsables n’hésitent pas à ouvrir les frontières pour passer des partenariats régionaux et encourager le  développement de la méthanisation pour la production de biométhane.
Avec le projet Embryon, breveté en 2012, on a pour objectif d’avoir la capacité de réceptionner du « gaz  porté » afin de limiter le transport de matières organiques sur les routes. L’unité de méthanisation deviendrait une unité de méthanisation « mère » prête à accueillir le gaz liquéfié par des unités  satellites installées sur des exploitations agricoles et industrielles, dites unités « filles ».
Voilà un projet d'ensemble qui ne passe pas inaperçu : il suscite l'intérêt d'acteurs français, mais aussi en provenance de grandes villes étrangères (Mexique et Japon), qui viennent voir sur place, ce qui se passe dans ce « petit pays » nommé Locminé, qui ne compte que 4 000 habitants, mais produit des milliers  de kilowatts d’énergie...

 

- Unité de méthanisation Liger, de Locminé -
Unité de méthanisation Liger à Locminé