Des déchets organiques à la transition énergétique : Locminé franchit le pas
L'unité de méthanisation est alimentée par des déchets issus d’activités locales : 48 000 tonnes de déchets de l’agro-industrie locale (graisses animales, connes et fanes de légumes…), 8 000 tonnes d’excédents agricoles (lisier des élevages porcins) et 4 000 tonnes des collectivités (boues et effluents des stations d’épuration). A la clé, 7,3 millions de kWh de biométhane, devraiente être produites, soit la consommation totale de plus de 600 foyers en chauffage et eau chaude par an.
Vendredi 19 mai, le centre d'énergies renouvelables Liger a inauguré la première injection de biométhane dans le réseau : grâce à l’injection, le biométhane peut être utilisé comme carburant à haute valeur environnementale (le BioGNV est 100 % d’origine renouvelable), soit 95 % en moins d’émissions de GES et 80 % en moins de NOx par rapport au diesel) permettant ainsi d’améliorer la qualité de l’air, essentielle pour la santé publique.
« Le pôle énergétique Liger a pour vocation première de préparer l’avenir, celui de notre territoire et celui de nos enfants. Qui aurait pu imaginer, il y a dix ans, que notre commune serait dans peu de temps autonome en énergie, en utilisant les déchets que nous produisons pour nous chauffer, nous éclairer, alimenter nos véhicules », interrogeait Grégoire Super.
Produisant déjà de l'électricité verte, on assiste à une double valorisation des déchets, unique en France, qui contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre ; Liger est la 1e unité dans le Morbihan, et la 3ème en Bretagne, à injecter du biométhane 100 % renouvelable dans le réseau de distribution exploité par GRDF, qui a accompagné la SEM pour la réalisation des études de faisabilité, le raccordement des installations, leur exploitation et maintenance, et garantit l’acheminement du gaz renouvelable vers les usagers finaux.
Le principal opérateur de la distribution de gaz en France, qui ne compte pas s'arrêter là, achemine de plus en plus de gaz renouvelable et constitue en cela un véritable vecteur de la transition énergétique. Cette volonté manifeste de s'impliquer davantage dans cette voie, illustre une dynamique qui s’accélère, puisque 100 nouveaux sites d’injection dans le réseau exploité par GRDF devraient voir le jour en 2018. Selon l’objectif fixé par la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte, 10 % du gaz distribué sera du gaz renouvelable d’ici 2030.
En effet, si l’unité de méthanisation est approvisionnée par les déchets de l’agro-industrie, les effluents d’élevage et les boues des stations d’épuration, il ne faudrait pas occulter les biodéchets, issus de la restauration publique et privée, ce qui impose d’avoir, en amont, l’expertise et la capacité technologique pour préparer les biodéchets à la valorisation et la capacité logistique pour les collecter et les transporter.
Créée en 2016, la start-up Axibio propose des solutions de traitement des biodéchets pour la restauration collective et commerciale, les marchés alimentaires et, à moyen terme, les collectivités locales qui doivent organiser la collecte des particuliers d’ici 2025. Elles permettent un abaissement des coûts de transport et de traitement, une connaissance précise des pertes alimentaires ainsi qu’une mise en conformité rigoureuse avec la réglementation.
Sur le terrain, la jeune entreprise implante chez ses clients un équipement de compactage et de séparation des erreurs de tri équipé d’une balance et connecté à un portail web, une solution qui leur permet de :
Réaliser des gains économiques substantiels, d'une part grâce à une optimisation logistique importante, via la réduction par 3 des volumes de biodéchets, le transport de caisses-palettes pleines et la diminution de la fréquence des collectes, et d'autre part, la suppression de l’opération coûteuse de déconditionnement / purification des biodéchets avant méthanisation.
Dématérialiser la gestion administrative et assurer la traçabilité des flux, grâce à une plateforme digitale et une application smartphone.
Structurer des politiques RSE tangibles (Responsabilités Sociétales et Environnementales des producteurs de biodéchets) : les pertes alimentaires sont suivies et mieux maîtrisées, et par ailleurs, un bilan énergétique issu de la valorisation des biodéchets est alimenté en continu.
Mener une action concrète contre le dérèglement climatique en baissant les émissions deCO2.
La société de transport de marchandises en véhicules légers GNV, La Tournée Verte, créée en 2012 en région parisienne, a choisi de s’installer en Bretagne trouvant auprès de Liger, un territoire attractif pour franchir le cap du « transport responsable » au « transport durable ». Alimenté en BioGNV Karrgreen®, l’entreprise peut désormais proposer à ses clients une solution de transport décarbonée : elle est donc en charge de la collecte des biodéchets auprès des producteurs puis de leur transport jusqu’à l’unité de méthanisation qui les transformera en énergie. Afin d'optimiser ses tournées, elle perfectionne ses flux logistiques en prévoyant de transporter, à l’aller, des fruits et légumes et au retour, les biodéchets...
Avec le projet Embryon, breveté en 2012, on a pour objectif d’avoir la capacité de réceptionner du « gaz porté » afin de limiter le transport de matières organiques sur les routes. L’unité de méthanisation deviendrait une unité de méthanisation « mère » prête à accueillir le gaz liquéfié par des unités satellites installées sur des exploitations agricoles et industrielles, dites unités « filles ».
Voilà un projet d'ensemble qui ne passe pas inaperçu : il suscite l'intérêt d'acteurs français, mais aussi en provenance de grandes villes étrangères (Mexique et Japon), qui viennent voir sur place, ce qui se passe dans ce « petit pays » nommé Locminé, qui ne compte que 4 000 habitants, mais produit des milliers de kilowatts d’énergie...