Durabilité : les assureurs attendus au tournant !
Dans un récent communiqué, les Amis de la Terre saluent l’adoption de la charte de développement durable par l’Association Française de l’Assurance (AFA), regroupant l’ensemble des sociétés d’assurance françaises. Si cette dernière répond en partie aux enjeux du secteur en la matière et intègre les produits d’assurance et la gestion d’actifs, elle occulte des éléments fondamentaux comme la réduction des émissions de GES induites par les investissements, ou l’activisme actionnarial. Cette charte témoigne néanmoins d’une prise de conscience de la profession sur le rôle qu’elle a à jouer en la matière, mais le plus important reste à venir : traduire ces bonnes intentions en mesures concrètes...
L’AFA regroupe les membres des deux fédérations d’assurances françaises, la Fédération Française des Sociétés d’Assurances (FFSA) et le Groupement des Entreprises Mutuelles d’Assurances (GEMA) ; elle vient d’adopter une charte de développement durable. Celle-ci reprend des éléments intéressants que recense Yann Louvel, chargé de campagne Finance privée aux Amis de la Terre : "La charte de l’AFA s’attaque bien au coeur de métier des assurances : l’offre de produits d’assurance mais aussi la gestion d’actifs, et non uniquement les impacts directs des assureurs qui restent minimes comparés aux impacts induits par leurs activités. La charte promeut ainsi le développement de produits d’assurance à valeur ajoutée environnementale et elle favorise une politique d’investissements responsables".
Cette charte présente cependant des points faibles évidents, en occultant certains leviers d’action majeurs en matière d'environnement. Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la Terre, explique : "Si la lutte contre les changements climatiques fait bien l’objet d’un des 5 axes de la charte, celle-ci ne fait aucune mention du besoin de calculer les émissions induites par les investissements des assureurs, que nous avons pourtant évaluées à 490 millions de tonnes équivalent CO2 en 2006, soit 90% des émissions françaises totales ! Des bonnes pratiques existent pourtant déjà dans ce domaine, comme l’étiquetage des produits d’épargne de la Caisse d’Epargne, une initiative innovante à laquelle les Amis de la Terre appellent les assureurs à participer dans le cadre d’une association dédiée. De même, si l’investissement responsable constitue un autre axe de la charte, celle-ci en reste au développement de l’offre de produits 'ISR' [Investissement Socialement Responsable] et n’évoque pas la nécessité de prendre en compte les critères ESG [Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance] dans la gestion de tous les actifs. Enfin, aucune mention de l’activisme actionnarial n’est faite alors que les assureurs comptent parmi les plus importants investisseurs et qu’ils ont un rôle majeur à jouer en la matière".
Et Yann Louvel de conclure : "Si cette charte témoigne d’une prise de conscience des enjeux de développement durable de la profession, qui se distingue ainsi de la profession bancaire, presque tout reste à faire dans la gestion d’actifs, comme en témoignent les piètres résultats obtenus par les assureurs français en la matière dans notre dernière étude. Il est donc grand temps de passer à l’action !".