Eco-activités : le traitement des déchets en pole position
Le Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) a publié il y a quelques jours les chiffres 2010 de l’emploi dans les éco-activités (consultable ici). On notera que le secteur de la collecte et du traitement des déchets (97 500 emplois) et celui du traitement des eaux usées (95 500 emplois) restent les 2 principaux employeurs, devant les énergies renouvelables (62 500 emplois). Ce dernier secteur connaît la plus forte progression avec une croissance de +19% par rapport à 2009. Autre enseignement : la croissance "verte" française peut compter sur les exportations...
Les éco-activités regroupent les entreprises et services publics produisant des biens ou services liés à la protection de l’environnement, ou encore la gestion des ressources naturelles : recyclage et tri des déchets, assainissement et distribution d’eau, isolation thermique et acoustique, agriculture biologique, gestion des parcs nationaux, fabrication et installation de panneaux solaires... Elles ont représenté 452 600 emplois en 2010, soit une hausse de +4,5% par rapport à 2009, alors que dans le même temps la moyenne nationale de l’emploi était quasi-stable (+0,1%). Face à une situation économique mondiale défavorable, les éco-activités semblent donc mieux résister à la crise ; une tendance qui devrait se confirmer avec les chiffres 2011.
Le marché mondial des biens et services pour la protection de l'environnement, évalué par le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) en 2007 à 1 400 milliards d’euros, devrait doubler à l'horizon 2020 pour atteindre 3 100 milliards. Les entreprises françaises bénéficient de cette croissance et la France se hisse à la quatrième place des exportateurs mondiaux derrière les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne. Les éco-entreprises ont réalisé en moyenne 15% de leur activité à l'exportation pour un chiffre d’affaires de 6,1 milliards d’euros en 2010, en net rebond par rapport à 2009 et retrouvant ainsi pratiquement le niveau de 2008 : 6,6 milliards d’euros. A noter : les exportations dans les éco-activités représentent 1,2% de l’ensemble des exportations françaises. L’excédent commercial est de 1,1 milliard d’euros, en hausse de +38% alors que la balance commerciale française toutes branches confondues enregistre un solde négatif évalué à -49,4 milliards, avec une aggravation de déficit de 8,6 milliards entre 2009 et 2010.
En matière de déchets et de recyclage, la France affiche un excédent ancien et solide. En recul en 2009, dans un contexte de récession mondiale et d'affaiblissement des échanges, l'excédent commercial issu de la récupération se redresse en 2010. Il atteint un niveau record de 2,8 milliards d’euros, en particulier grâce aux ventes de métaux ferreux et non ferreux, de plastiques, et (dans une moindre mesure) de papiers-cartons. La France est avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas l'un des 3 pays européens dégageant un excédent dans les déchets. Dans le domaine de la gestion des déchets municipaux et industriels, les leaders du secteur (Veolia Propreté et Sita) continuent à développer leurs parts de marché à l'international, notamment dans les pays émergents où la demande est très forte.
Les exportations dans le secteur des équipements pour le traitement de l'eau se sont quant à elles élevées à 750 millions d'euros en 2010. La part la plus importante revient aux équipements de réseaux (canalisations, vannes et appareils de filtration et de mesure), qui représentent 91% des exportations et la totalité de l’excédent commercial. A côté de grands Groupes comme Saint-Gobain, un ensemble de PME-PMI spécialisées particulièrement performantes sont bien positionnées sur les marchés français et à l'export. Au-delà des équipements, les services représentent une part considérable de l'activité. Le chiffre d'affaires réalisé à l'international par les entreprises de distribution d'eau et d'assainissement, notamment les Groupes Veolia, Suez Environnement et Saur, par l'intermédiaire des activités de leurs filiales basées à l'étranger, était en 2010 de 12,8 milliards d'euros, soit 1,6 fois le chiffre d'affaires réalisé en France.
Enfin, toujours en 2010, la balance commerciale des énergies renouvelables reste déficitaire. Elle s’est néanmoins améliorée dans toutes les filières, à l’exception du solaire photovoltaïque. La France est exportatrice excédentaire dans l’hydraulique, le solaire thermique et les équipements de chauffage au bois domestique. Avec l’appui du Fonds chaleur lancé en 2009 (voir notre article), l'Hexagone a acquis un savoir-faire reconnu dans le solaire thermique. Dans le chauffage au bois domestique (poêles, inserts), les fabricants français sont très présents à l'export (20% de leur chiffre d'affaires), en particulier à destination de l'UE. Dans l’éolien, notre pays a nettement réduit son déficit commercial, en baisse de -36%. Les acteurs français du secteur poursuivent un rythme de croissance fort à l’export, notamment chez les fournisseurs et sous-traitants, avec une progression des ventes de +34% en 2010 par rapport à 2009. Le dynamisme à l’export est soutenu par des sociétés leaders au niveau mondial : Rollix Defontaine dans les couronnes d'orientation d'éoliennes, SKF France sur les roulements, EADS Astrium sur les pâles d'éoliennes... Le déficit commercial s’est en revanche creusé en 2010 dans le solaire photovoltaïque (+96%). A moyen terme, le développement de la géothermie, des énergies marines renouvelables et de l'hydraulique devrait contribuer à un rééquilibrage.