Eco-conception : même la Défense s'y met...
La protection de l'environnement est devenue un paramètre incontournable en matière de conception des matériels de défense, comme dans tous les autres secteurs industriels. Dans ce domaine, il s'agit d'intégrer les considérations environnementales dans la conduite des opérations d'armement en considérant l'ensemble du cycle de vie de l'équipement, jusqu'à son démantèlement...
Des préoccupations de cet ordre étaient déjà explicitement inscrites dans les instructions de conduite des opérations d'armement, mais l'éco-conception repose largement sur des actions qui vont au-delà du respect de la réglementation. En effet, devant l'évolution des contraintes, il s'agit de maîtriser les risques qui pèsent sur les futurs matériels de défense, en terme de coût (remplacement de substances interdites, maintenance, démantèlement, matières premières...) ou de restriction d'emploi.
Pour coordonner les différentes actions et aller plus loin dans ce domaine, la DGA (Délégation Générale pour l'Armement) a créé en 2004 un département éco-conception ; elle y investit plusieurs millions d'euros chaque année. Cette approche commence à porter ses fruits avec notamment :
la définition d'un référentiel des substances dangereuses à minimiser ou substituer ;
des programmes pilotes : système de protection Spectre, porteur polyvalent terrestre, radar M3R ;
l'adoption, dès à présent, de cette approche prospective par d'autres programmes (future torpille lourde, radar Rapsodie, missile de croisière naval), avec la gestion des substances dangereuses et leur substitution au-delà des impératifs réglementaires ;
l'application par anticipation du "passeport vert" (directives de l'organisation maritime internationale sur le démantèlement des navires) dans les programmes navals en cours est également envisagée.
Quant aux études de recherche et de technologie à caractère environnemental actuellement en cours, on peut citer :
la définition de systèmes de gestion intégrée des déchets pour les bâtiments de la marine ;
l'influence des sonars sur la faune marine (dans le cadre de l'OTAN) ;
la substitution de substances dangereuses avec l'exemple des peintures antisalissures à longue durée d'efficacité qui doit aboutir à une coopération européenne ;
un dispositif fumigène à risque environnemental atténué ;
la recherche de matériaux énergétiques moins polluants à fabriquer, utiliser et éliminer ;
l'anticipation des futures exigences de démantèlement.
Comme quoi tout arrive : qui aurait pu penser qu'un jour respect de l'environnement et armement ne seraient nullement incompatibles ?