Eco-Emballages : et si on portait plainte ?
C’est Amorce qui pose la question, tant il est vrai que l’association représentant les intérêts des collectivités locales se sent flouée dans cette histoire pathétique et qui met à mal les pépettes normalement collectées pour les collectivités.
« Le rapport d’audit sur la gestion financière d’Eco Emballages a démontré que la trésorerie mirobolante de l’éco-organisme (plus de 300 millions d’Euros) avait fait l’objet pour partie de placements hasardeux dans des paradis fiscaux. Cette gestion désastreuse se soldera au final par une perte sèche comprise entre 23 et 75 millions d’euros ».
Tels sont les faits et ils sont graves. C’est si vrai que l’ensemble des acteurs de la filière au sein de la Commission Consultative d’Agrément Emballages a condamné ces agissements.
La question qui reste est : doit-on en rester là ou non ?
Il faut, en effet, garder à l’esprit que ce sont les cochons de payant (alias les consommateurs) qui au nom de la REP cotisent au Point Vert par l’intermédiaire des industriels qui ne manquent pas de répercuter ce surcoût aux prix à la conso. 233 millions de perte au minimum, ce n’est pas rien.
Cette manne étant destinée, faut-il le rappeler au financement de la gestion des déchets d’emballages par un soutien versé aux collectivités en charge du traitement des déchets et ainsi diminuer le coût croissant du traitement en question, payé par les contribuables.
Si l’on ajoute à cela que les placements en question, que personne n’a apparemment relevé dans les bilans, dont personne non plus n’a soulevé le côté folklorique, ne se révèlent pas même pas juteux : 4,3 %... en moyenne sur la période 1993-2007, y’a pas de quoi s’extasier en effet.
On est proche des scores relevant des placements classiques, avec les risques en plus.
« C’est la raison pour laquelle nous posons la question de savoir s’il existe un lien entre cette crise financière et les réticences répétées d’Eco-Emballages à respecter depuis quelques mois le barème de soutien aux collectivités par exemple sur la collecte sélective des cartons bruns ou sur les ambassadeurs du tri », explique la délégué général Nicolas Garnier.
Pour toutes ces raisons, Amorce souhaite ardemment voir très prochainement la création « d’une véritable agence de régulation des filières, qui serait un établissement indépendant et complémentaire de l’instance de médiation envisagée dans la loi Grenelle». Cet organe serait financé par un prélèvement de 1% sur les contributions aux différents éco-organismes ; il serait en charge du contrôle des filières tant sur l’amont que sur l’aval des dispositifs de responsabilité élargie des producteurs.
En tout état de cause, Gilles Vincent, Président d’Amorce prend l’initiative aujourd’hui, au nom du Conseil d’administration de l’association, d’inviter les associations de consommateurs, de protection de l’environnement ainsi que les autres associations représentatives des collectivités territoriales, à envisager ensemble une action en justice pour que soit faite toute la vérité sur cette crise et que soit établie la responsabilité de chacun…en attendant (en vain ?) qu’Eco Emballages qui se dit victime plus que responsable ne lance lui-même cette procédure…
Cette décision est à placer au nom de la transparence sur la gestion de cet argent public, étant entendu que plus globalement, cette crise stigmatise la perte de contrôle progressive des dispositifs de responsabilité élargie des producteurs et donc des consommateurs.
Pour en savoir plus : Rapport d'audit de Deloitte sur la gestion d'Eco-Emballages