Eco-Emballages révoque son directeur général
Bernard Hérodin, directeur général d’Eco-Emballages a démissionné hier soir de ses fonctions après que le Conseil d’administration ait tenu une séance extraordinaire dimanche soir, afin d’analyser la situation de crise vécue par l’éco-organisme depuis plusieurs jours, et prendre les dispositions qui lui ont semblé les plus opportunes. Dès demain, 16 décembre, les administrateurs d’Eco-Emballages présenteront de nouveaux principes de gouvernance, à l’occasion de la Commission d’agrément…
Jean-Louis Borloo qui a convoqué Bernard Hérodin, directeur général d'Eco-Emballages, la semaine dernière, avait demandé que l'ensemble de la trésorerie soit replacée sur des fonds sécurisés dans les meilleurs délais et que le conseil d'administration tire rapidement « en terme de gouvernance de l'entreprise, toutes les conséquences pour que ce risque ne se reproduise pas ». La consigne a été entendue et un Conseil d’Administration extraordinaire d’Eco-Emballages s’est réuni hier, dimanche 14 décembre 2008, à 20h30, pour analyser la situation financière de la société et prendre les dispositions nécessaires au renforcement de sa gouvernance.
Dans ce contexte, le Conseil d’Administration, qui réunit les représentants des entreprises, industriels et distributeurs, ainsi que l’Interfilière de matériaux, a réaffirmé son attachement au dispositif de la responsabilité élargie du producteur et à son principe de responsabilité partagée entre les acteurs ; il a également tenu à rappeler, à l’issue de cette séance, que « la situation financière d’Eco-Emballages est saine, malgré la problématique liée au blocage d’une partie de sa trésorerie, et que l’ensemble des engagements envers ses parties prenantes, et en particulier envers les collectivités locales, seront tenus à court, moyen et long terme ». Il a également renouvelé sa confiance aux 170 collaborateurs d'Eco-Emballages.
A l’issue de l’examen des éléments qui lui ont été présentés, le Conseil d’Administration a pris, à l’unanimité, les décisions suivantes :
la révocation du Directeur Général
la désignation du Président d’Eco-Emballages, Eric Guillon, à la fonction de Directeur Général, dans l’attente de la nomination d’un nouveau Directeur Général
la création d’un Comité Exécutif composé de 5 administrateurs (Olivier Desforges, administrateur, Président de l’ILEC et représentant du Comité Exécutif, Michel Gardes, représentant de l’interfilière de matériaux, Philippe-Loïc Jacob, administrateur représentant de la société Danone, Bertrand de Senneville, administrateur représentant L’Oréal, Georges Ortola, administrateur et Président d’Adelphe) chargé d’assurer la supervision des opérations d’Eco-Emballages et notamment de gérer la sortie des fonds concernés par la crise
la commande d’un audit externe sur la gestion de trésorerie.
Les administrateurs d’Eco-Emballages ont, sur cette base, confirmé leur décision du 21 avril 2008 de placer l’intégralité de la trésorerie de la société en placements sécurisés et rapidement liquides. Des négociations sont en cours afin d’obtenir le déblocage rapide des fonds concernés.
Il est clair que ces décisions de première importante seront présentées à l’ensemble des parties prenantes impliquées dans le dispositif (Pouvoirs Publics, collectivités, entreprises, filières de matériaux, associations, opérateurs) rassemblées lors de la Commission d’agrément qui aura lieu demain à 13h30.
Dans des affaires de cette sorte, il en faut toujours un au moins, pour payer l’addition. Et aujourd’hui, il est clair que c’est Bernard Hérodin qui paie le prix fort.
Pour autant, des questions restent en suspens.
Il nous est difficile de croire en effet, que le directeur général d’Eco-Emballages ait agi seul dans son coin, envers et contre tous, en pratiquant les placements reprochés. Si aval il y avait, pourquoi donc est-il seul à régler la note ?
De la même manière qu’on peut s’étonner qu’après que des ordres aient été donnés en avril dernier, l’organisme financier n’ait pas obtempéré comme il se doit et dans les délais impartis…
On peut se poser la question, aussi, de ce qui a été fait de l'argent ainsi gagné pendant plusieurs années, si celui-ci n'a pas réintégré, en totalité, la cagnotte destinée aux collectivités locales, point crucial dans cette triste affaire...
Il y aurait bien d'autres questions à poser, dont on ne fera pas ici l'inventaire.
Dans ce contexte, on peut donc se demander si Bernard Hérodin fait office de lampiste ou si on assiste là à un début de règlement de compte, avec pour tirer les ficelles, quelques hautes sphères qui ont « lâché » l’info (ou les fauves, comme on voudra).