Economie circulaire : y’aurait-il quelque chose à voir ?

Le 07/02/2013 à 16:04  

Economie circulaire : y’aurait-il quelque chose à voir ?

 C’est en présence de nombreuses personnalités de l’univers du recyclage, qu’a été officiellement mis en lumière ce matin, à l’Assemblée nationale, l’Institut de l’Economie Circulaire que préside Jean Michel Lambert, député des Bouches du Rhône. Le concept d’économie circulaire n’est pas véritablement nouveau. C’est un réflexe économique primaire qui fut oublié dans les premières phases d’industrialisation de la société, période où l’on pensait que les ressources étaient inépuisables. Puis c’est le même développement industriel qui, sur des ressorts économiques, a remis ce concept au goût du jour....

 Quand dans les années 70, on a pu se rendre compte de « l’épuisabilité » des ressources, on a commencé à intellectualiser le concept. Aujourd’hui, il fait un nouveau pas en avant en s’installant dans le monde de la politique…

Avec la fondation de l’Institut, c’est bien de politique dont il question
Face à un monde dont le modèle semble être arrivé à bout de souffle, il est sans doute opportun de réfléchir à la mise en place d’un nouveau schéma de développement (si ce n’est de survie) économique, écologique et social. Pour François Michel Lambert, l’économie circulaire est une des voies à suivre. Mettre sur le devant de la scène, le concept qui consiste à transformer les déchets en matières premières qui seront réutilisées pour concevoir de nouveaux produits est une démarche sans doute ingénieuse.
En même temps, il ne faudrait pas croire que l’on vient d’inventer l’eau chaude!
L’utilisation de matières premières recyclées est une pratique déjà courante dans les sociétés industrielles développées : un certain nombre de grands secteurs industriels consomment déjà à la surface du globe plus de matières recyclées qu’ils n’utilisent de matières vierges. Il est certains domaines (segments de la sidérurgie, de la métallurgie, de l’industrie papetière) où les nouveaux produits mis sur le marché sont produits à partir de 100 % de matières premières recyclées.

En France, le recyclage n’a pas été inventé dans les années 90 et les éco-organismes, qui fleurissent comme crocus au printemps, ne sont que des arbrisseaux qui cachent la forêt de la réalité du recyclage. Ces industries du recyclage sont mal connues, mal aimées, affublées malgré des efforts relativement récents d’une imagerie encore souvent négative. Pendant longtemps, les industriels qui consommaient des matières premières recyclées le faisaient dans la plus grande discrétion. Alors pour que tout cela évolue « dans le bon sens », il est sans doute nécessaire que l’économie circulaire et une de ses composantes essentielles, à savoir le recyclage, se retrouve au milieu de l’arène politique pour faire valoir ce que de droit. François Michel Lambert estime que « l’économie circulaire est une réponse aux défis du développement durable mais peut également participer de façon significative à la ré-industrialisation de la France avec à la clé de nombreux emplois délocalisables ». C’est sans doute là que se trouve le grand défi : la ré-industrialisation de la France.

Mais il faut de ce point de vue faire attention de ne pas mettre la charrue avant les bœufs. Le seul véritable moyen de développer le recyclage, c’est-à-dire la production de matières premières recyclées, c’est de leur offrir des débouchés. Il faut savoir qu’aujourd’hui, grâce à l’amélioration des techniques de recyclage et grâce à l’ouverture d’un vaste marché international, la France est excédentaire en matières premières recyclées et qu’elle est contrainte de les exporter pour continuer à collecter les déchets qui sont transformés en matières premières recyclées. François Michel Lambert souligne que l’Institut de l’économie circulaire aura pour mission d’identifier les freins et de mettre en place les leviers nécessaires à sa mise en œuvre : il devra pour se faire identifier toutes les résistances des milieux industriels à développer et à mettre en œuvre des outils nouveaux qui favorisent la consommation des matières premières recyclées.
Il est trop tard pour éviter la fermeture de Gandrange qui au-delà de ses conséquences sociales a, du point de vue de l’économie circulaire, eu pour conséquence de faire perdre aux ferrailles un débouché de 1 million de tonnes par an sur le territoire français.
Il est trop tard pour s’interroger sur les raisons qui ont poussé « le génie industriel » à fermer l’usine du Palais privant ainsi de débouchés sur le territoire français les matières premières recyclées à basse teneur en cuivre et ce juste un peu avant l’envolée des cours du métal rouge.

Et puis, sans doute la voie de l’Institut devra-t-elle porter aussi dans les fabuleux laboratoires de recherche sur les matériaux que recèle notre université pour inciter les chercheurs, tout en continuant à mettre au point les matériaux du futur, à chercher également ce que l’on pourrait bien faire des matériaux dont on dispose déjà en leur inventant de nouveaux débouchés.

Un institut qui ne manque pas d’ambition
L’institut entend fédérer et impliquer tous les acteurs et les experts concernés par l’économie circulaire afin de mutualiser les compétences et les ressources en facilitant les échanges de connaissances promouvoir et dynamiser la recherche, l’expérimentation et les réalisations. La communication sera également au centre des préoccupations de l’institut et c’est tant mieux pourvu que l’on nous fasse grâce du gros nounours et des petits oiseaux.
Mais l’ambition de l’institut est également clairement politique quand il entend faire évoluer législation et réglementation : il y a dans ce domaine, au prétexte de principes précautionneux, de plus en plus d’obstacles qui se sont dressés sur le chemin du développement du recyclage. Politique aussi, quand l’institut entend avant la fin de la mandature actuelle, c’est-à-dire en 2017 présenter et faire voter un projet de loi en faveur de l’économie circulaire.

Pratiquement opérationnel
Le travail de l’institut s’effectuera en ateliers qui se réuniront tous les deux mois à Paris et qui seront ouverts aux adhérents. 6 ateliers sont déjà prêts à fonctionner et sont déjà « équipés » d’un animateur désigné. Chaque atelier produira une fiche de synthèse et des « fiches actions » qui serviront de base à la rédaction d’un livre blanc porté par l’institut.