Elimination déchets: les Réunionnais s'expriment
Le 22 septembre, le grand oral du plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés (PDEDMA) a été grandement débattu en assemblée plénière du conseil général. S'il y a un point positif, c'est bien l'adoption à la majorité du document révisé, qui doit se substituer à celui de 2002, et dont les objectifs n'ont jamais abouti. Donc, on avance. Mais la question n'est pas tranchée. La réduction à la source (7% d'ici 2015, puis encore 7% en 2020) et l'augmentation des tonnages recyclés de 50% pour 2020 (22% en 2008) font (heureusement) l'unanimité. Se pose maintenant la question épineuse du traitement des déchets ultimes (194 000 tonnes/an entre 2015 et 2020)...
Deux solutions sont évoquées: l'enfouissement, mais les habitants ne veulent pas d'un centre près de chez eux, et l'incinération, qui n'est pas encore approuvée, malgré l'accord favorable du préfet. Le conseiller de Saint-Louis et membre d'Objectif Réunion, Cyrille Hamilcaro, résume très bien la situation en ces termes "ce plan révisé est marqué par le manque de courage. Il ne se prononce pas sur une solution définitive. Tout le monde sait qu'on ne pourra pas passer à côté de l'incinération. Le plan ne définit d'ailleurs pas les sites précis d'enfouissement. Des installations dont personne ne veut sur sa commune". Des politiciens de tous bords ont largement critiqué ce plan, tout en refusant catégoriquement de prendre la responsabilité d'une quelconque construction d'un centre d'enfouissement sur leur terres électorales. Ce n'est pas difficile à comprendre pourquoi, mais en attendant les besoins estimés devront être pris en charge par l'équivalent de trois centres d'enfouissement...Il va falloir trancher, et vite.
Finalement les socialistes ont bien approuvé le plan révisé mais en proposant un référendum: "pour mettre les Réunionnais face à leur responsabilité, on ne peut pas trancher sans débat". L'opposition à applaudi des deux mains, tout en votant contre le plan. Pourtant, on avait atteint un point de non-retour. Sans le vote, c'est l'ancien plan (celui de 2002) qui serait resté en vigueur. Le référendum d'initiative locale permet aux conseillers généraux de se décharger en partie de leurs responsabilités en demandant l'avis à la population. Une réponse définitive est attendue en janvier 2011, et il va falloir vite trouver une solution pour le traitement, car les deux centres d'enfouissement actuels arriveront à saturation en 2014.
La date du référendum n'est pas encore tranchée, ce qui accentue l'idée que les politiques souhaitent gagner du temps sur ce dossier plus que délicat. L'initiateur Gilbert Annette s'en défend pourtant: "il s'agit de responsabiliser les Réunionnais et de mettre un terme aux peurs et psychoses suscitées par les différents choix. Il n'est pas trop tard pour lancer la consultation". Dans le contexte un peu compliqué, la question elle-même risque d'être...compliquée. M. Annette propose "Êtes-vous pour l'incinération, l'enfouissement ou un mix des deux". Question un peu osée, qui semble surtout bien caricaturale si aucune information n'est donnée au préalable à la population. Au final, ce sont bien les élus qui trancheront...donc ce référendum a tout l'air d'une mesure de précaution, ayant des fins électorales mais sans que cela n'affecte vraiment le cours des choses...A suivre.