On connaissait le recyclable, on s’affiche maintenant en version renouvelable. S’il est vrai que la brique alimentaire est faite de carton (et donc de bois), de plastique et d’aluminium, il nous semble avoir lu quelque part que les matières premières sont en voie d’extinction (c’est notamment dit pour le pétrole). A moins que le recyclage des briques fasse des progrès et que la conception de la brique change prochainement... Serait-elle têtue comme un mur, la brique?…
Le recyclage des briques alimentaires part dans la course au recyclage des emballages avec un handicap de taille : la brique appartient à la famille des emballages complexes. La complexité ne facilitant pas les choses, on s’en serait douté. L'emballage en question est en effet composé à 75 % de carton pour la rigidité, à 20 % de plastique (polyéthylène) pour l'étanchéité et à 5 % d'aluminium, qui sert de barrière à la lumière pour la conservation du produit.
Son taux de recyclage aurait nettement progressé ces dernières années, ce dont on ne peut que se réjouir. Cela étant, on attraperait presque le hoquet lorsqu’on apprend « qu’entre 2001 et 2009, il est passé de 8 % à 41 % en France ». Tel est le scoop livré par Anna Thrap-Olsen, directrice du business développement de Tetra Pak France qui affirme par ailleurs que « contrairement à une idée reçue, une brique de ce type se recycle techniquement à 100 % ». Bigre !
Il faudrait peut-être organisé un débat car ce n’est toujours pas l’avis de bien des recycleurs…
Nous on ne demande qu’à comprendre…
Comment s'opère le recyclage ? Une fois récupérées, « les briques sont plongées dans une grande cuve remplie d'eau froide qu'on appelle un pulpeur. Sous l'effet d'un agitateur placé au fond de la cuve, le carton se sépare du polyéthylène et de l'aluminium au bout d'une trentaine de minutes », explique de son côté Patrick de Noray, directeur environnement de Tetra Pak France.
Cette opération est assurée par la société Georgia Pacific à Louviers (Eure) depuis près de 3 ans. Le carton ainsi récupéré est recyclé. Quant au mélange composite de polyéthylène et d'aluminium, il trouve depuis peu une seconde vie sous forme de poteaux de clôture ou de bancs publics. A quel prix ? C’est la question.
Pendant des années, en effet, des boîtes à oeufs en carton ou en plastique ont longtemps été interdites de bac jaunes, tandis qu’on imposait à la brique ce même bac jaune au grand damne des recycleurs (voir nos précédents articles).
N’aurait-il pas été plus simple et plus sain d’opter pour une autre voie ?
Pour l’heure Tétra Pak affiche ses efforts : le groupe commence à remplacer le plastique, par exemple avec des bouchons fabriqués à partir de bioéthanol issu de la canne à sucre. Et se bagarre contre les émissions de CO2 : l'aluminium, qui pèse 5 % du poids total d'une brique (26 grammes), génère 40 % des émissions de CO2 (83 g pour une contenance d'un litre),ce qui pose quelques problèmes. « Nous avons réduit l'épaisseur à 6,35 microns, mais il est difficile de faire plus fin! A défaut, le film casse lors du laminage », confirme Patrick de Noray. Cela étant, il faut saluer la volonté d'acier du groupe suédois qui, pour réussir à supprimer l'alu de son emballage, a mis 11 laboratoires sur le coup : leur mission, parce qu'ils l'ont acceptée, est de se concentrer activement sur la mise au point d'un substitut à l'aluminium...