Emballages : la vérité ( !?) si j'mens
Les inconditionnels du verre et/ou du plastique en sont pour leur frais : Tetra Pak, leader de la fabrication des briques alimentaires (composées comme chacun sait de plastique, aluminium et carton) a invité la presse hier matin pour lui exposer que la brique, c’est vachement mieux que la bouteille… Serait-ce une guerre au verre ???
« Chaque jour, les Français réalisent le geste anodin d’acheter du lait et des jus de fruits, des soupes et autres boissons mais cela n’est pas sans conséquence, puisque cet acte implique la production annuelle de plus de 5 milliards d’emballages, ayant un impact certain sur l’environnement ». Dans la foulée, une question s'impose : y a-t-il un bon choix en matière d’emballage pour lutter contre le réchauffement climatique ?
Telle est la substance du message délivré par l’industriel
A la suite de quoi, il est bon de savoir de quoi il retourne et dans le détail… C’est donc à cette question essentielle, que Tetra Pak, fort de son engagement aux côtés du WWF, a voulu répondre afin de fournir aux consommateurs « les informations nécessaires pour faire le bon choix » en matière d’emballage.
Financée par l’industriel et mise en œuvre par le cabinet d’expertise Bio Intelligence Service, sur les recommandations de l’Ademe, une Analyse de Cycle de Vie – ACV- réalisée début 2008 sur le marché français (selon la norme internationale ISO 14 044) comparant brique alimentaire, bouteille plastique et bouteille en verre, afin de connaître leur véritable impact environnemental a vu ses résultats délivrés hier.
L’analyse de cycle de vie prend en compte la fabrication des matériaux de l’emballage, le remplissage et le conditionnement des emballages, la distribution des produits emballés aux différents points de vente et la fin de vie. Elle exclut la distribution des points de vente aux lieux de consommation et le stockage. 5 indicateurs ont été pris en compte: le réchauffement climatique, la consommation d’énergie non renouvelable, la consommation de ressources non renouvelables, l’acidification de l’air et l’eutrophisation. Les chiffres ont été calculés selon les caractéristiques françaises, notamment le taux de recyclage de chaque emballage et le mix énergétique spécifique.
L’analyse compare trois produits (bouteilles de lait d’un litre, bouteilles de jus de fruits d’un litre et de 250 millilitres), selon qu’ils sont en plastique (PET ou PEHD), en brique (composée de couches de carton, aluminium et de polyéthylène), voire en verre pour les jus de fruit d’un litre.
Les résultats seraient sans appel… « La brique alimentaire a de loin l’empreinte écologique la plus faible, tant en termes d’émissions de gaz à effet de serre, que de consommation des ressources naturelles et d’énergies non renouvelables ».
- Tableau comparatif des émissions de Gaz à Effet de Serre des emballages pour liquides alimentaires tout au long de leur cycle de vie (pour les marchés du lait UHT et du jus de fruits ambiant)-
Tetra Brik Aseptic 1L |
Bouteille PEHD 1L |
Tetra Brik Aseptic 1L |
Bouteille PET1L |
Bouteille verre 1L |
Tetra Prisma Aseptic 250 ml |
Bouteille PET |
83 g CO2 |
143 g CO2 |
87 g CO2 |
129 g CO2 |
345 g CO2 |
26 g CO2 |
97 g CO2 |
Réchauffement climatique : le mythe du verre se brise
Déclaré vertueux pour l’environnement grâce à son recyclage à l’infini (sans perdre ses valeurs intrinsèques) et historiquement apprécié des Français, le verre serait pourtant le matériau présentant le plus lourd bilan environnemental.
« En effet, durant tout son cycle de vie, cet emballage génère une quantité de Co2 quatre fois supérieure à celle de la brique alimentaire. Cet écart s’explique notamment par la fabrication du verre extrêmement énergivore, ainsi que par son transport qui nécessite 25 fois plus de camions, comparé aux briques alimentaires (pour un million d’emballages vides) ».
Enfin, le cycle de vie d’une bouteille de verre « entraîne une acidification de l’air plus de cinq fois plus élevée que celle de la brique (l’acidification de l’air est à l’origine des pluies acides et du dépérissement de certaines forêts) ».
Pour ma part, permettez-moi d'écrire que je suis un peu étonnée tout de même : comment un emballage difficilement recyclable et de toute façon coûteux à recycler comme la brique alimentaire, peut-il être plus écologiquement correct qu’un emballage dont le recyclage n’est plus à démontrer et ce, à moindre coût puisque beaucoup moins consommateur d’énergie ??? Comment expliquer qu’un emballage en verre, recyclable à l’infini, soit plus nocif pour l’environnement qu’un emballage qui ne l’est pas ?
Il faudrait qu'on m'explique parce que je crains de n'avoir pas bien compris.
Le plastique n’est pas mieux loti !
Dans la rubrique inventaire de la consommation de ressources naturelles, avantage très net à la brique face à la bouteille plastique. Et rebelote!
Alors que la population mondiale vit « au dessus de ses moyens écologiques», cette étude démontre que « la brique est aujourd’hui le seul emballage pour liquides alimentaires qui permet de contribuer au ralentissement de l’épuisement des ressources de la planète ».
Sur l’ensemble des indicateurs de l’ACV, l’éco-profil de la brique carton serait nettement meilleur que celui de la bouteille plastique et ce du fait que la bouteille plastique de lait (1L) nécessite plus du double de ressources naturelles non renouvelables que la brique carton.
Cet écart s’explique par la conception de l’emballage complexe qu'est la brique alimentaire, composée à 75% de carton (autrement dit du bois), 20% de polyéthylène et 5% d’aluminium (tous deux nécessaires à la bonne conservation des aliments). Or le bois, à l'origine du carton, ressource renouvelable par excellence, car issu de forêts gérées durablement (labellisées en partie FSC et PEFC), possède une très faible empreinte carbone, contrairement au pétrole, ressource fossile épuisable, utilisé pour la bouteille plastique.
CQFD : on vous invite à devenir éco consommateur
Comme cette étude met en évidence le fait qu’un emballage fortement recyclé n’est pas pour autant celui qui possède la plus faible empreinte écologique (suivez mon regard…), on aura compris qu’il est nécessaire d’acheter en brique pour bien faire. En clair, il s'agit de devenir éco-consommateur et donc, de consommer de la brique à gogo. Et comme nous sommes apparemment assimilables à des nigauds qui respectons quand même les objectifs environnementaux, on nous explique pourquoi la brique c'est vachement mieux.
Ainsi, si chaque année, « tous les consommateurs achetaient leur jus de fruit en brique, cela permettrait d’économiser 94 600 tonnes de Co2, soit l’équivalent de 15 400 tours de la Terre en voiture ». On croit rêver !
Si on pousse un peu plus loin le raisonnement (pour ne pas dire le bouchon), il resterait à TetraPak le soin d'étiqueter en conséquence les produits emballés en brique et le tour serait joué : ce serait la ruée pour ces produits dans les hypermarchés et la concurrence entre matériaux sur les marchés serait, du même coup, balayée.