Emballages : recyclage et recyclabilité doivent faire bon ménage
La sophistication des emballages est de plus en plus évidente, tandis qu’elle ne facilite pas toujours le recyclage, avec lequel, pourtant, les industriels concepteurs et/ou utilisateurs des emballages doivent désormais compter, d’autant que les objectifs à atteindre ont été revus à la hausse…
D’où la nécessité de se pencher sur le sujet d’une autre manière, plus sophistiquée elle aussi. Ceci étant vrai, y compris pour un matériau on ne peut plus « classique », tel que le carton, recyclé depuis bien avant la naissance de l’éco-organisme Eco-Emballages… et qui pourtant pourrait afficher de plus belles performances.
« Le recyclage est roi dans notre métier ; ce n’est pas nouveau que la recyclabilité du carton est totale. Il reste que les colles, adhésifs, encres et autres composants qui ne manquent pas sur les emballages ménagers en carton, ne sont pas une mince affaire, surtout si l’on veut recycler davantage de types d’emballages et davantage de quantités d’emballages », indique Noël Mangin, Directeur général de Revipac : « l’éco-conception doit intégrer la mise au point des nouveaux emballages, de sorte à faciliter la réutilisation de la fibre » dans de nouvelles productions… La recyclabilité étant l’aptitude à la réutilisation de la/les matière(s) des emballages usagés par une chaîne d’opérations qu’on appelle le recyclage. Si l’on admet que le recyclage doit être promu, développé, renforcé pour des raisons de développement durable, de gestion optimale des ressources naturelles, il est en effet logique de se poser la question de rendre l’emballage le plus facilement collectable, triable, recyclable, lors de sa conception.
Mais les efforts d’amélioration ne seront pas seulement traités au niveau de la conception même de l’emballage ; ils pèseront aussi sur les collecteurs, les trieurs, donc le matériel Ad Hoc. « Nous sommes bien dans un raisonnement de système dans lequel chacun a un rôle à jouer en vue d’une efficacité globale. Par ailleurs, les matériels de tri ne devraient pas représenter une contrainte qui ne saurait être remise en cause : il est possible de faire évoluer les matériels de tri pour recycler plus et mieux », complète Carlos de Los Llanos, Directeur du département Recyclage chez Eco-Emballages.
L'objectif étant fixé, reste à aider. D’où la mise sur pied du CEREC, le Comité d’évaluation de la recyclabilité des emballages papiers carton, qui a désormais dix ans. « Il s’agit, pour faire court, de proposer des pistes d’amélioration de la recyclabilité au niveau de la conception des emballages », nous explique Maryon Pailleux, ingénieur matériaux emballages chez Eco-Emballages…Piloté par l'éco-organisme, le Comité utilise les compétences « de chimistes et ingénieurs, d'ores et déjà opérationnels au sein de l'éco-organisme, mais aussi celles du centre technique du papier (à Grenoble), afin de tout mettre en oeuvre pour que la commercialisation des nouveaux emballages soit la plus compatible possible avec la nécessité de recycler davantage de déchets d'emballages en carton», poursuit la jeune ingénieure.
Ne perdons pas de vue qu'une nouvelle philosophie s’est peu à peu imposée au cours de ces dernières années : le déchet n’est plus un rebut, mais une ressource. A partir de là, il faut mettre le paquet sur la recyclabilité de ce qui sera mis sur le marché, ce qui booste évidemment les activités du CEREC
Car recycler davantage est une nécessité, du fait des objectifs fixés par l’Europe, mais aussi parce que les progrès sont effectifs et dans la façon de travailler la matière recyclée, et dans l’inconscient collectif. Si auparavant, l’emballage incorporant du recyclé était considéré comme un produit plus bas de gamme, ce n’est plus vrai aujourd’hui… Cela étant dit, il est bon de rappeler que « notre métier est éminemment économique : il faut en maîtriser les coûts ». L'idée maîtresse, on l'aura compris consiste à tenir compte des contraintes des industriels promoteurs de tel ou tel produit, sans pour autant amputer la faculté de recycler des déchets, majoritairement composés de carton, c'est à dire de fibres cellulosiques, recyclables en tant que telles, sans difficulté majeure.
L’idée est donc d’identifier les principaux freins qui pèsent sur le recyclage, d’expliquer leurs incidences techniques et d’informer les parties prenantes afin qu’elles puissent mieux décider. Il s’agira à chaque fois que cela sera possible, d’optimiser l’association des matériaux, de mieux penser le choix des adjuvants et autres colles ou adhésifs…
« Le CEREC est au service des adhérents d’Eco-Emballages ; ces industriels peuvent être de belle taille, mais être aussi des PME ne disposant pas de structures pour faire des études ou analyses très poussées », rappelle pour sa part, Carlos de Los Llanos ; ce comité est en quelque sorte « notre numéro Vert ‘recyclabilité’, au service des industriels ; il donne des avis généraux quant au potentiel dont dispose l’industrie papetière pour incorporer de la matière recyclée , mais également des avis spécifiques pour une meilleure intégration d’un type d’emballage dans un process industriel dédié au recyclage »…
C’est ainsi que l’on a déjà travaillé sur le gobelet en carton, qui n’engendre aucune perturbation sur un process classique de recyclage, alors même que la surface intérieure du gobelet est souvent recouverte d'une couche plastifiée ou cirée permettant de le rendre étanche. C'est désormais prouvé, ce qui facilite le tri de ces gobelets. Ceci ne constituant qu'un exemple... On travaille aussi sur les papiers hydrophobes, sur les papiers produits à partir de bambou ou de canne à sucre, sur les adhésifs, les colles et autres encres. Dès 2016, les travaux 2015 donneront lieu à de nouvelles publications ; elles seront largement consacrées aux encres…
Très concrètement, le Comité prend en charge (y compris financièrement, puisqu’Eco-Emballages dispose d’un budget pour ce faire), l’évaluation de la recyclabilité d’un emballage ou de l’un de ses composants ; il travaille chaque sujet traité, à la demande d’un industriel. A la suite de ses travaux, il émet des recommandations, après avoir donné un avis technique, ce qui favorise une mutualisation des connaissances et donc la construction progressive et évolutive d’une base de données fiables, une sorte de « livre de recettes », visant à optimiser le recyclage des cartons dans notre pays, ce qui constitue « une très belle avancée », conclut Noël Mangin.