Energie : quelles perspectives d'évolution pour le biogaz ?
Dans le cadre de leur partenariat autour de la maîtrise de l’énergie et des énergies renouvelables (EnR), l’Ademe et GrDF viennent de publier les résultats d'une étude de marché portant sur la méthanisation et les valorisations du biogaz. Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, la méthanisation (encore appelée digestion anaérobie) est une technologie basée sur la dégradation par des micro-organismes de la matière organique, en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène ; elle aboutit notamment à la production de biogaz. Ce dernier est un mélange de gaz carbonique et de méthane qui peut être utilisé pour la production d’électricité et de chaleur ou de carburant...
Réalisée par le cabinet Ernst & Young, cette étude prend en compte les évolutions de contexte intervenues depuis 2004 tels que la revalorisation d’un tarif d’achat de l’électricité issue du biogaz (2006) et de l’avis favorable de l’Afsset (aujourd’hui Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire - voir notre article) sur l’injection de biogaz épuré dans les réseaux de gaz naturel (2008). Basée sur près de 40 entretiens qualitatifs avec des professionnels de la filière, elle dresse un état des lieux de la production et de la valorisation du biogaz ainsi que les perspectives d’évolution au regard de l’objectif de 23% d’énergie produite à partir de sources renouvelables fixé par le Paquet Climat Européen et le Grenelle Environnement d’ici 2020.
Premier constat : le développement de la méthanisation. En 2008, la France recense 481 sites de production de biogaz, dont 301 installations de stockage des déchets non dangereux (ISDND) et 180 installations de méthanisation. Ces dernières ont produit cette année-là près de 300 millions de m3 (soit près du quart de l’énergie primaire issue de biogaz, les trois quarts étant fournis par les ISDND). Notons qu'une grande partie de ce biogaz issu de la méthanisation est valorisée en électricité ou chaleur. Les installations de méthanisation appartiennent à 90% aux secteurs de l’industrie et de l’épuration urbaine où elles ont connu une forte croissance depuis les années 1950. Le secteur des déchets ménagers, qui concentre peu d’acteurs, et le secteur agricole, qui se caractérise par des installations de méthanisation de petite taille, viennent renforcer le développement de la méthanisation en France depuis le début des années 2000. L’étude constate également l’émergence de la mutualisation des investissements dans des projets centralisés regroupant des déchets de diverses origines (agricoles, agro-industriels, ménagers).
Sans modification majeure du contexte politique et économique, l’étude anticipe un équilibrage entre les installations de méthanisation et les installations de stockage pour la production de biogaz. Ainsi à l’horizon 2020, 6 TWh seraient captés par les installations de stockage et 5,5 TWh seraient produits par les installations de méthanisation, soit pour cette dernière une multiplication par trois en 10 ans. Pour atteindre cet objectif, l’étude Ademe - GrDF met en avant 3 facteurs qui conditionneront le développement de la méthanisation : la rentabilité des installations, qui pourra être augmentée notamment grâce à la revalorisation du tarif d’achat de l’électricité et à la création d’un tarif d’achat de biométhane, un retour d’expérience positif des secteurs qui investissent actuellement dans la méthanisation (celui des ordures ménagères en particulier), et une simplification des démarches administratives.
Si le développement global de la méthanisation dépend largement des politiques publiques, chaque secteur est spécifique et présente des perspectives différentes :
Dans le secteur des ordures ménagères, 15 installations supplémentaires devraient voir le jour d’ici 2015. Le marché devrait ensuite croître de 1 à 3 installations par an jusqu’en 2020. Il s’agira principalement d’OMR (Ordures Ménagères Résiduelles), et non de biodéchets collectés à la source, pratique moins développée.
Le secteur agricole, qui est encore au stade embryonnaire, devrait connaître une croissance de 5 à 20 unités par an en moyenne d’ici 2020. Toutefois, le dynamisme des acteurs de cette filière permettrait un développement beaucoup plus soutenu si les mesures financières incitatives mises en place étaient complétées ou renforcées.
Le secteur industriel étant soumis à de nombreux facteurs macroéconomiques, il est plus difficile d’évaluer son potentiel de développement. L’étude anticipe néanmoins une croissance de 1 à 5 installations par an d’ici 2020.
Le secteur des stations d’épuration devrait connaître une croissance de 2 à 5 installations par an d’ici 2020, principalement sur des unités de petite taille.
"Quant à la valorisation énergétique du biogaz, la tendance restera à la cogénération, technologie maîtrisée et connue des opérateurs de l’énergie, avec le développement probable de l’injection dans les réseaux de gaz naturel et l’émergence de la valorisation carburant, actuellement observé à l’échelle européenne", précise l'étude.
Pour plus d'informations, vous pouvez télécharger gratuitement l'intégralité de cette étude Ademe - GrDF en cliquant ici (format PDF - 2 Mo). Nous vous renvoyons également à la lecture de notre article : Méthanisation : un procédé en phase avec son temps.